Quoi de mieux qu'un banking en pavés, sous la flotte et dans le froid, pour juger de la réponse d'un ride by wire? Fesses (très) serrées, je sors du couvert sur le premier rapport et suis quasi-catapulté, roue avant à quelques centimètres du sol, vers le virage relevé ! Le passage de la 125 à la 390 y est pour beaucoup, mais le monocylindre marche fort. Oubliés les 50 km/h minimum, la pluie et les pavés : le grip est bon et j'avale le banking gaz en grand, secoué comme un prunier, la bave aux lèvres.
Qu'est-ce que ça marche ! Dès 6'500 tours, le petit mono s'énerve et le fait savoir par une sonorité de gros cube qui enchante les oreilles. Les passages suivants se feront dans la même ambiance, sans aucune critique à faire sur l'accélérateur, très précis et sans course morte. On a bossé dur, à Mattighofen, et ça se ressent. Nous reprenons possession de la rampe d'accès pour assurer des photos dynamiques, sourire aux lèvres au guidon de la Mini-Beast.
Après la pause déjeuner en ville, Ô Miracle, la pluie cesse et on se dirige vers les montagnes et le soleil. Pour une grosse marrade. Adrian, notre guide, veut nous emmener voir la neige et emprunte des routes de plus en plus tortueuses et de moins en moins bien revêtues, à bon rythme. Le terrain de jeu est idéal et la 390 se régale : freinages dantesques, pif-paf négociés en un claquement de doigts, belles prises d'angle, la KTM encaisse tout ! Sans se désunir, s'il vous plaît : on est bien remué mais l'Autrichienne garde le cap et rassure, ne semblant jamais dépassée par les événements.
La motricité est excellente et chacun des 44 chevaux est exploité au mieux, grâce au très bon grip des Metzeler Sportec M5 Interact, impériaux sur le sec et très agréables sur route mouilée. Le froid aura rendu certaines entrées de courbes, sur les freins (non, non, on n'attaquait pas...), un peu floues, mais sans dérobade. La Duke 390 roule comme les grandes et pourrait surprendre plus d'une grosse cylindrée dans le sinueux !
Si le frein arrière aurait mérité un peu plus de puissance, l'avant peut étaler son excellence grâce au très bon travail de la fourche. Des réglages plus sportifs que sur la 125 bonifient le train avant, qui offre un ressenti constant, alors que l'amortissement arrière ne souffre d'aucune critique.
Le comportement très joueur de ses grandes soeurs se retrouve chez la 390, avec la confiance accrue dûe à ses "faibles" performances. Comme avec une certaine Yamaha R3, on tire la quintessensce de toute la machine pour rouler vite et on apprécie d'exploiter plus de la moitié de son potentiel sur route. Les vitesses atteintes font moins scruter les bas-côtés, les accélérations moins transpirer : le plaisir est moins teinté de crainte et on se lâche comme de grands enfants.
Dérapages, wheelings au démarrage ou en jouant sur le relief : on est bien sur une Duke et aucune bêtise ne semble impossible. Pour le staff KTM non plus, d'ailleurs, puisqu'on s'éclipsera 5 minutes, une fois rendus à l'hôtel, pour une micro-séance de wheelings (forcément, on est mercredi) sous le soleil couchant, où la Duke a sorti le grand jeu malgré ma fatigue et mon faible niveau.
Plus on y pense, plus ces 300 sont des machines adaptées à notre époque et aux législations très répressives concernant le trafic routier. Mais les machines du segment n'en oublient pas d'offrir du plaisir et de bonnes sensations. La Duke 390 en est un parfait exemple et hausse encore d'un cran le niveau de la catégorie, avec des équipements de haut-vol et des performances qui n'ont rien à envier aux "grandes". Décidément, ce n'est vraiment pas la taille qui compte...