Essai publié le 06 mars 2017

Essai Yamaha MT-10 Tourer Edition et SP - Pack grand tourisme et roadster high-tech

Texte de Patrick Schneuwly / Photo(s) de Alessio Barbanti et Jonathan Godin

La gamme Hyper Naked est essentielle à Yamaha, la moitié des motos vendues sont des MT. Avec la version 2017 de son gros roadster, Yamaha a donné un meilleur caractère au moteur mais a aussi comblé les derniers trous de la gamme avec une version tourisme et surtout la version sport qui reprend le nom SP.

Tourer Edition

Déjà en 2016 lors de la commercialisation de la MT-10, une série d’accessoires touring était proposée. En Suisse et ailleurs en Europe la demande qui a suivi l’offre a poussé Yamaha à en faire un modèle dédié pour son catalogue. La stratégie est un peu particulière. Le modèle Tourer Edition est un pack d’accessoires à ajouter à la commande d’une MT-10 (même SP…). Vendu CHF 995.- (hors montage), c’est un avantage client de CHF 604.- sur le prix au détail. Et rassurez-vous, si vous avez acheté votre roadster en 2016, une séance de rattrapage est possible car votre revendeur pourra aussi commander le pack.

Les premiers accessoires fournis sont une paire de valise souples SW-Motech contenant chacune 20l. Celles-ci sont sécurisées par des serrures, mais il faudra ajouter un cadenas aux fermetures éclair. La marque allemande aurait pu faire un tout petit peu mieux. Passons aux accessoires de confort, et notemment de l’absence de poignées chauffantes. Même si elles ne sont pas essentielles, elles sont souvent attendues sur une finition “touring”. Elles existent au catalogue, mais Yamaha a choisi de ne pas les mettre sans trop donner de raison.

Qui voyage loin ménage son séant avec la selle confort. Légèrement plus haute que l'élément d’origine mais beaucoup plus moelleuse, la forme reste cependant particulière. Pas convaincu au départ, ce n’est qu’après avoir fini la journée sur la selle de série que j’ai estimé la chance d’avoir cette selle confort. Elle est aussi plus agréable pour le passager, avec un décalage plus important par rapport au pilote.

Pour réduire l’exposition au vent sur leur roadster, Yamaha vous propose les pare-mains avec un bon déflecteur de chaque côté ainsi qu'un grand saute vent. Tout juste trop court pour mon gabarit, je ressens le vent sur mes épaules. Je suis peut-être trop critique à ce sujet, une MT-10 n’est pas une FJR après tout.

En optant pour le pack Tourer Edition, un support pour GPS sera aussi installé sur votre moto. Celui-ci va aussi bien pour Garmin que pour Tomtom, et si vous n’en avez pas encore, Yamaha vous propose d’acquérir le Tomtom Rider 410 pour un prix avantageux (199€ contre 399€ dans les pays limitrophes, le prix suisse suivra). J’ai eu l’occasion de rouler avec un GPS mais sa position ne m’a pas convaincu. Je l'ai trouvé pas mal éloigné du champ de vision.

SP: Ohlins revient avec le nom

Pour retrouver la première utilisation du nom SP chez Yamaha, il faut remonter à la R1 de 2006 qui avait reçu un ensemble de suspensions Ohlins et une peinture noir mat contrastant avec les jantes dorées. En 2009 le nom revient avec la MT-01 SP (ou "arrache-moi les bras", ça résume bien le modèle). En 2017, c’est une autre MT qui en hérite, la R1M héritant déjà de l'équipement suédois.

La R1M et la MT-10 SP partagent les suspensions, les commodo et le tableau de bord couleur, mais l’unité de calcul IMU et la centrale GPS n’ont pas été transposés. Du coup, le roadster est dépourvu de l’anti-wheeling perfectionné, du contrôle de glissement de la roue arrière en courbe, du launch control mais aussi du cornering ABS, que j’affectionne tant. Comprenez par là que la SP n’est pas une R1M déshabillée.

Difficile de manquer une MT-10 quand on la croise, l’énorme parti pris sur son look ne laisse pas indifférent non plus. Je n’aime pas cette tête de fourche, mais la SP avec les jantes bleues et la peinture racing grise, bleue et quelques rappel en or est superbe. J’aime bien aussi l’échappement d'origine qui est de taille raisonnable et de forme convenable.

Avant de me lancer dans l’essai en tant que tel, dites-vous que la Tourer Edition est identique à la MT-10 2016 à l’exception des cartographies d’injection qui ont été revues pour plus de douceur et l’arrivée en série du up-shifter. Vous savez déjà ce qu’apportent ces accessoires, je n’y reviendrai donc pas.

Ingénieur Ohlins en bord de route

Les grandes forces de la MT-10 SP sont ses très nombreux réglages possibles, du moteur aux suspensions actives. Avant de s’élancer, il faut choisir parmi 4 configurations “rapides” A, B, C ou D. A étant la plus extrême et utilisable pratiquement que sur piste. La configuration D conviendra pour les conditions les plus précaires. Dans mon cas, je n’ai pas eu le temps de l’essayer. Une fois en route on ne peut plus changer entre ces 4 options, on peut seulement changer individuellement les 3 paramètres de courbe de puissance, de contrôle de traction et de réglage suspension.

En roulant, tout se fait avec les boutons du commodo gauche. A l’arrêt pour accéder à l’ensemble des réglages on utilise la roue de défilement et de sélection “menu” à portée du pouce droit. C’est avec ça que vous pourrez apporter votre touche aux 4 modes de conduite, utiliser le chronomètre ou ce qui nous intéresse dans ce cas, ajuster finement la suspension de la MT-10 SP.

Elle fonctionne avec 2 modes automatiques: A-1 pour la piste ou une route irréprochable et A-2 pour un usage quotidien. 3 mémoires pour réglages fixes personnalisés sont à votre disposition pour faire votre suspension au nombre de clics comme avec une suspension normale. À l’avant comme à l’arrière, vous aurez 32 paliers pour régler la précontrainte et l’amortissement. L’électronique est capable de passer de 1 à 32 clics en moins d’une seconde, de poutre en acier à guimauve, et ce, même en roulant. Dernier point intéressant, vous pouvez ajouter vos valeurs aux modes automatiques! C'est à dire, par exemple, ajouter un clic en précontrainte de l’amortisseur par rapport à ce que l’ordinateur a calculé! Redoutable pour un conducteur exigeant sur route comme sur piste, ou pour donner des excuses quand on arrive pas à suivre…

Ce jour là, on a abusé

C’est le souvenir que notre groupe gardera du roadbook en MT-10 SP. Sans entrer dans les détails, nous avons eu la liberté de rouler comme ce n’est plus permis dans nos contrées. Un terrain de jeu très vaste nous attendait et le plaisir pris aux commandes du gros roadster se devinait à nos grands sourires en travers du visage.

La journée avait commencé sur la Tourer Edition pour découvrir ce qu’apportent les accessoires mais surtout les nouvelles cartographies devenues moins pointues. En mode 1, le moteur reste incroyablement nerveux et difficilement appréciable sur route. La courbe linéaire 2 sera plus recommandable en général. Reste le 3, pour doucement s’habituer à la moto ou dans de mauvaises conditions. C'est également un mode qui s’appréciera en suisse pour garder son permis… Après 180km, les motos ont soif, les pilotes ont faim. Heureusement il est 13h et la suite de la journée aura lieu sur la SP.

On ouvre le bal avec une voie rapide qui se tortille dans le relief. Pas le temps pour s’échauffer on attaque poignée dans l’angle dans ces grandes courbes et on profite de la stabilité de la moto encore configurée en mode C et suspensions A-2. J’avais d’abord de la peine à garder la moto sur la trajectoire, elle n’est pas la plus agile et il faut lui rentrer dedans, la travailler au corps et au guidon pour lui faire prendre la bonne ligne.

Sur ces axes, la différence de prise au vent est flagrante. D’où l’importance de la Tourer Edition. Même remarque pour la selle d’origine qui m’aura fait souffrir la dernière heure de l’essai. On continue notre route en enchaînant les S pris à grande vitesse, pratiquement sans freiner. En sortie de courbe, la reprise du moteur et la motricité sont un régal.

Alors que rattrape doucement le groupe de tête, je dépasse un camion qui se traîne avec un bon écart de vitesse. Mais notre guide s’est rabattu pour prendre la bretelle! Je me jette sur les freins pour en faire autant. Sans le moindre mouvement parasite, je descend à une vitesse convenable pour un pif paf devant le camion et je parviens à rester avec le groupe.

On passe ensuite à des routes plus amusantes, à flanc de montagne, bien plus propices à exploiter le châssis de cette bête. Je passe au mode B, le guide a décidé qu’on ne ferait pas de tourisme aujourd'hui. Concentré sur la trajectoire, la SP est exigeante à ce rythme mais montre tout son potentiel. Je me catapulte d’une corde à l’autre d’un simple coup de gaz. A ce rythme, je trouve que le freinage gagnerait à être plus efficace. Une moto de ce calibre mériterait un maître cylindre radial pour gommer l’aspect spongieux de son levier de frein.

Train roulant sur mesure

Cette suspension Ohlins est géniale. Une suspension conventionnelle impose des compromis, l’automatique permet à la fourche d’être ferme au freinage pour éviter la plongée puis devient plus souple pour suivre le relief. L’amortisseur se raidit à l’accélération pour ne pas perdre de puissance en mouvement inutile de bras oscillant, puis s’assouplit et travaille à la meilleure stabilité possible. C’est directement l’ECU de la MT-10 qui analyse 100 fois par seconde les informations, et opère les changements nécessaires.

Malheureusement je ne m’y connais pas assez pour profiter du réglage au clic près et, malgré la présence d’un technicien Ohlins, on n'apprend pas en un jour à régler une suspension convenablement. Pour le reste, contrôle de traction et courbe d’injection, c’est à ma portée bien que je trouve les boutons de réglage compliqués à manipuler en roulant. Dommage que la molette soit à droite en fait!

Après de l’autoroute fatigante, on a terminé la journée dans un trafic dense où la SP s’est montrée docile et coopérative. Grâce à son embrayage assisté qui demande moins d’effort, et à ses cartographies revues pour plus de progressivité, l’exercice ville n’est pas un supplice. En revanche c’est vraiment dans les virages que l’on apprécie le plus le roadster. Malgré son léger manque d’agilité, elle dévore les virages un par un et j’y regouterais très volontiers.

Patrick

Au final...

On a aimé :
+
Suspensions haute-performance
+
Caractère du moteur
+
Look R1M…
On a moins aimé :
-
mais cette tête de fourche toujours pas à mon goût
-
Manipulation des boutons peu ergonomique
-
Son de l’échappement trop étouffé
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Au final...

On a aimé :
+
Suspensions haute-performance
+
Caractère du moteur
+
Look R1M…
On a moins aimé :
-
mais cette tête de fourche toujours pas à mon goût
-
Manipulation des boutons peu ergonomique
-
Son de l’échappement trop étouffé

Fiche technique

Véhicule
Marque :
Yamaha
Modèle :
MT-10 SP
Année :
2017
Catégorie :
Roadster
Kit 25 kW :
Non disponible
Moteur
Type :
CP4, 4 cylindres en ligne Crossplane, 4 temps, DACT, 4 soupapes
Cylindrée :
998 cm3
Refroidissement :
Liquide
Alimentation :
Système à injection avec Driving Mode
Performances
Puissance max. :
160.4 ch à 11'500 tr/min
Couple max. :
111 Nm à 9'000 tr/min
Transmission
Finale :
Par chaine
Boîte :
6 rapports avec apshifter
Embrayage :
Multi disques à bain d'huile, assisté et anti-dribble
Partie cycle
Châssis :
Deltabox en aluminium
Suspension AV :
Fource télescopique Ohlins, réglage électronique automatique, Ø 43 mm
Course AV :
120 mm
Suspension AR :
Monoamortisseur Ohlins TTX36ec, réglage électronique automatique
Débattement AR :
120 mm
Pneu AV :
120/70 ZR17 M/C (58W)
Pneu AR :
190/55 ZR17 M/C (75W)
Freinage
ABS :
Oui
Freinage combiné :
Non
Frein AV :
Double disque à commande hydraulique, Ø 320 mm
Frein AR :
Simple disque à commande hydraulique, Ø 220 mm
Dimensions
Longueur :
2'095 mm
Empattement :
1'400 mm
Largeur :
800 mm
Hauteur de selle :
825 mm
Poids total :
210 kg
Réservoir :
17 litres
Coloris disponibles
Coloris :
Silver Blu Carbon
Catalogue
Prix de vente :
CHF 17'790.-
En ligne :

Fiche technique

Véhicule
Marque :
Yamaha
Modèle :
MT-10
Année :
2016
Catégorie :
Roadster
Kit 25 kW :
Non disponible
Moteur
Type :
4 cylindres en ligne, crossplane, 4 temps, double ACT, 16 soupapes
Cylindrée :
998 cm3
Refroidissement :
Liquide
Alimentation :
Injection électronique
Performances
Puissance max. :
160.4 ch à 11'500 tr/min
Couple max. :
111 Nm à 9'000 tr/min
Transmission
Finale :
Par chaine
Boîte :
6 rapports
Embrayage :
Multidisque en bain d'huile
Partie cycle
Châssis :
Deltabox en aluminium
Suspension AV :
Fourche inversée 43mm
Course AV :
120 mm
Suspension AR :
Monocross
Débattement AR :
120 mm
Pneu AV :
120/70 ZR17M/C (58W)
Pneu AR :
190/55 ZR17M/C (75W)
Freinage
ABS :
Oui
Freinage combiné :
Oui
Frein AV :
Double disque à commande hydraulique, Ø 320 mm, étriers à 4 pistons, montage radial
Frein AR :
Simple disque à commande hydraulique, Ø 220 mm
Dimensions
Longueur :
2'095 mm mm
Empattement :
1'400 mm
Largeur :
800 mm
Hauteur de selle :
825 mm
Poids total :
210 kg
Réservoir :
17 litres
Coloris disponibles
Coloris :
Night Fluo
 
Tech Black
 
Race Blu
Catalogue
Prix de vente :
CHF 14'680.-
En ligne :

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