Essai Honda SH125i - Trente ans et pas une ride [page 2]

Testé en conditions très réelles

A peine un copieux petit déjeuner avalé, notre petite file de SH s'apprête au départ. J'hérite d'un modèle équipé d'un grand topcase et d'un pare-brise. La ligne en souffre un peu, le sommet de la bulle tombe parfois au milieu du champ de vision, mais la fraîcheur de l'air me pousse à apprécier l'appendice. Je découvre une soute accueillant un intégral sous la selle, mais l'ajout du topcase apporte un espace de rangement bienvenu pour d'éventuels effets (deuxième casque, vêtements étanches...).

Le traditionnel plancher plat, qui arbore un logo Honda stylisé, accueille mon mètre septante-six facilement et ne semble plus attendre qu'un sac de courses. Le crochet d'arrimage est toujours présent et le vide-poche, à gauche sur le tablier et fermé au verrouillage de la direction, accueille la fameuse prise 12V.

Le monocylindre eSP, homologué Euro4, s'ébroue dans un quasi-silence apaisant. L'assise est confortable, quoi qu'un peu dure pour les plus douillets. Le SH se destinant aux trajets courts à moyens, aucun souci à se faire de ce côté là. L'affichage du tableau de bord est exhaustif et lisible. On retrouve les classiques trips partiels et totaux, ainsi que la consommation moyenne et instantanée.

Lancés dans la circulation florentine, notre groupe est confronté aux règles de conduite locales, qui s'avèrent beaucoup plus relatives et adaptables suivant les usagers. Ca réveille mieux que le café et garantit de tester la réactivité du nouveau SH125i. Heureusement, de ce côté là, notre monture est au top ! Les commandes sont douces mais précises et induisent une réaction instantanée. Le moteur à l'admission d'air inversée s'avère plus coupleux et plus souple à l'usage. Si les sensations sont très aseptisées, on profite d'une très bonne réactivité du moteur jusqu'à 60km/h. De quoi se tirer d'un mauvais pas et rester dans le bon paquet au feu vert.

Les larges avenues embouteillées, où l'on croise effectivement beaucoup de SH, sont avalées rapidement pour laisser la place au centre historique de Florence. Aux abords du Ponte Vecchio, on s'aventure sur de larges pavés qui mettent deux éléments en évidence. D'abord, la stabilité du Honda est bluffante : l'ABS veille au grain sur les freinages délicats et on ne craint aucune dérobade, même en remettant du gaz sur l'angle. Les nouveaux Michelin City Grip font ici un travail remarquable et garantissent un très bon contrôle. Petit bémol, le combiné de suspensions arrière, un peu rigide, mais heureusement réglable en précharge. C'est votre dos qui sera heureux d'ouvrir les ressorts de quelques clics.

Après quelques allers-retours pour le shooting dans ce cadre vénérable, on repart dans les ruelles, toujours à bon train, pour gagner les hauteurs de la ville et notre pause café. Léger et maniable, le SH s'est joué du trafic et des pièges du centre pour nous mener sur la Piazzale Michelangelo, nommée d'après le fameux peintre de la Renaissance, qui domine Florence. Panorama séduisant, cappuccino délicieux et scooter au comportement très satisfaisant : un vrai moment de dolce vita.

Les choses (plus ou moins) sérieuses

Nous quittons ensuite le centre de Florence pour nous aventurer en campagne, à la recherche de notre point de chute du midi. Conquis par l'ambiance de la ville toscane, nous entamons quelques conversations gestuelles entre confrères, pour signifier la perte d'un stylo à l'un ou mettre en avant le comportement navrant d'un autre, décidé à faire le pitre au guidon (mea culpa). La joyeuse troupe, menée par nos guides anglais, hausse le rythme et part à l'assaut de petits virages pas dommages, la poignée dans le coin.

Il faut dire que pour atteindre les trois chiffres au compteur, il faut un peu d'élan, et que le dépassement de certains véhicules plus lents est un peu plus laborieux sur le SH125i que sur des scooters de plus forte cylindrée. Mais on n'a rien sans rien est la consommation moyenne de 2,3 litres / 100km maintenue tout au long de l'essai compense ce léger manque de peps à haute vitesse. Si le pare-brise induit un peu de mouvement dans les grandes courbes, cela ne nuit en rien à l'impression de stabilité du SH et le phénomène disparaît totalement sur les modèles non-équipés. 

Si l'on n'use pas beaucoup des freins, on se satisfait de la puissance de freinage et du bon comportement des suspensions. Reste qu'à armes égales, on se prend très vite au jeu de l'arsouille et on tente de faire les freins à certains confrères ou de prendre l'avantage à la sortie des virages. On ne se refait pas ! Heureusement, le petit scooter Honda supporte bien quelques excès. Virant d'un bloc, il suit la trajectoire avec entrain et accepte tout. Il montrera son agacement sur les transferts de masse trop rapides induits par des gestes trop brusques.

Si le potentiel fun du SH n'est pas la qualité première recherchée, on aura tout essayé. Sachez par exemple qu'il s'accomode de passages sur des chemins non-bitumés et pas trop accidentés et qu'il permet, grâce au plancher plat, de défiler debout tel un empereur romain sur son char, saluant la foule. Foule composée de quelques autochtones et de confrères un rien navrés. Qu'importe, le SH remplit sa mission et nous amène tous à bon port, et à l'heure, pour un repas typique.

Notre monture s'acquitte donc sans trop sourciller des trajets hors-centre-ville et des petites escapades à la campagne. Son autonomie permettra même de longs trajets, même s'il s'épanouit beaucoup plus dans les petites rues des centres urbains.

A un cheveu de la perfection

Diffile de trouver un réel défaut au SH125i, taillé comme un joyau pour sa mission : emmener son pilote de A à B avec efficacité, sobriété, style et facilité. Ses aspects pratiques mis à jour (prise 12 Volt, système smartkey) et son design peaufiné en font un produit très abouti. 

Proposé au tarif contenu de CHF 4'810.-, sans compter un bonus de CHF 350.- actuellement valable, il propose un rapport qualité/prix très favorable. Doté d'une finition très valorisante et de performances satisfaisantes, il se montre digne de ses prédécesseurs et ne manque qu'un tout petit peu de confort pour s'avérer parfait.

Le SH a plus de 30 ans, n'a pas une ride et le vit très, très bien.

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