Essai publié le 15 décembre 2016

Essai Triumph Bonneville Bobber – Elégance brutale pour le Hot Rod anglais

Texte de Patrick / Photo(s) de A. Barbanti, M. Cavadini, P. Barshon and F. Kirns

Pour la Bonneville, le passage au bi-cylindre de 1200 cm3 était nécessaire, et quelle réussite. De plus, depuis le salon de Milan 2016, la gamme Modern Classic et ses 2 moteurs se décline en pas moins de 8 modèles différents. De ceux-là, celle que j’essaie ici mérite la palme du bestial et de l’inattendu. J’ai nommé la Bonneville Bobber.

La magie opère

Tomber nez à nez avec ce nouveau modèle était un moment particulier. Alors que j’étais sceptique à contempler les photos volées, je n’arrivais pas à m’enjailler pour une moto qui ne me correspond pas. Cette conclusion n’aura tenu que 32 minutes chrono, soit le temps nécessaire à disperser la foule autour de cet engin.

Alors que la moto est longue, on a l’impression de n’avoir qu’un moteur qui semble énormément grand. Tout cet alu brossé en surface en impose et fait facilement oublier le reste de la moto.  Les deux gros tuyaux d’échappement, en position basse de part et d’autre du bloc, annoncent la couleur.

Puis on s’attarde un petit peu plus sur cet arrière dépouillé au possible. Le bras oscillant tubulaire très fin cache sa suspension déportée au cœur du cadre. Pour satisfaire aux standards d'homologation, un inévitable pare-boue et son support de plaque sont la seule chose qui retient le regard.

La selle est tellement vintage qu'elle a droit à un paragraphe rien que pour elle. Très fine, elle semble en lévitation sur le moteur. On peut en plus ajuster sa position de conduite en allant plus haut sur le réservoir ou plus près de la roue arrière. Sa variante, disponible en accessoire et qui est finie de cuir marron, a même un petit plus qui me plait particulièrement. Envie d’une balade à deux ? Perdu, conduire un Bobber est un plaisir égoïste, car il est impossible d’ajouter une place passager.

Reste encore cet avant simplement élégant : phare et clignotants ronds, le petit compteur, rond lui aussi, de la T120, réglable en inclinaison et ce réservoir plutôt haut à la forme très inspirée de ses cousines vintage. A l’exact opposé du vintage, un phare avant entièrement à LED high-tech peut être installé après-coup comme accessoire.

La Bonneville Bobber est livrée de série avec une dragbar bien large et horizontale. En accessoire, on trouve de quoi faire pâlir d’envie les amateurs de custom. Comme ce Ape Hanger découvert à Milan, plus typé et qui monte d’environ 25 cm au dessus de la tête de fourche.

Le Bobber, c’est presque une moto custom, mais livrée de série, avec les vastes possibilités de personnalisations imaginées dès la conception. Vous trouverez au catalogue 2 kits d’inspiration (Old School Bobber et Quarter Mile Bobber), mais ce qu’il faudra suivre, ce sont les délires de clients et de concessionnaires qui ne vont pas tarder à se faire connaître sur la toile. Le projet « Hold on go Fast » a déjà achevé de me convaincre que ce Bobber est une réussite esthétique.

Un coeur gros comme ça

Le moteur est quasiment identique à celui de la T120. Avec quelques retouches au niveau de l’admission, de l’échappement et de la cartographie, il en ressort une version encore plus portée sur le couple. Avec 106 Nm et 75 chevaux, il a ce qu’il faut dans le ventre pour cruiser tranquillement sur un filet de gaz ou vous allonger les bras jusqu’au rupteur. Notez que c’est bien un moteur à injection, avec une admission en forme de carburateurs.

Un tour de clé, sous la cuisse droite pour rester dans l’ambiance, réveille le parallel-twin de 1197 cm3. Tandis que les tubes d’échappement semblent filer tout droit à l’arrière de la moto, les anglais usent d’un stratagème pour ajouter la chambre de tranquillisation requise pour passer les normes. Sous le moteur à l’avant de la moto, en tout discrétion, les gaz sont déviés avant de revenir aux silencieux.

Sous l’apparente rusticité de la moto se cache en fait une jolie dotation d’aides électroniques. A l’arrêt on peut par exemple ajuster le contrôle de traction, voire le désactiver, et en roulant, on a le choix entre les cartographies route et pluie pour le moteur. Pas de réduction de puissance sur cette dernière, simplement une réponse plus douce aux sollicitations de la poignée de gaz. En option, le Bobber est même prêt à se parer d’un régulateur de vitesse, s’il vous prenait des envies d’en faire une voyageuse…

L'heure de la récréation

Le lancement du modèle avait été fait en grande pompe à Londres, avec groupe de rock et course de drag sur scène. Pour notre essai, Triumph voit grand et a emporter sa météo locale pour vraiment nous servir la Bobber avec les routes humides et le ciel gris qui avait déjà suivi tout son développement.

Une fois n’est pas coutume, la balade commence sur le mode pluie pour se faire à la position de conduite et au comportement de la moto sans se faire surprendre sur les routes humides. Je constate tout d’abord que le premier rapport est assez long dans cette configuration de pignon et de couronne. En ville, j’aurais pu laisser le 3e rapport au garage, tandis que sur l’autoroute autant la 5e que la 6e ne servent qu’à économiser du carburant.

J’avais beaucoup aimé le caractère moteur de la T120 et de la Thruxton. Avec les changements apportés sur le Bobber, c’est encore une réussite des ingénieurs de Hinckley. Le ride by wire est réactif comme il faut et le couple disponible déboule progressivement. Dès le ralenti, la moto reprend pratiquement sans à-coup puis pousse progressivement jusqu’à 4’500 tr/min. Au-delà il devient plus brutal, plus vivant et vous le fait savoir avec son lot de vibrations dans les reposes-pieds. C’est amusant de conduire ainsi, cependant l’esprit Bobber se perd un peu au profit d’un aspect plus roadster.

Après un bon tiers de l’itinéraire d’essai, pas la moindre gêne due à la position à l’horizon. La selle réglée en position haute et avancée, j’ai comme l’impression que mon séant en a exactement pris la forme. Avec le réglage de selle plus en arrière, on renforce l'esprit Bobber et perd en confort de conduire.

L’ensemble des suspensions qui équipent cette Bonneville n’est pas réglable. C’est un parti pris qui a donné lieu à de nombreux essais pour trouver la course optimale que devaient avoir la fourche et l’amortisseur. Avec 90 mm devant et 77 mm à l’arrière, le choix s’avère judicieux. Mis à part en compression très rapide où l’amortisseur ne suit pas, le comportement est sain et confortable.

Ce choix du non réglable est simple. Conçu comme monoplace dès le départ, l’écart de poids d’un pilote à l’autre, en plus divisé entre l’avant et l’arrière, ne faisait plus qu’une faible différence de contrainte sur les suspensions. Le confort de conduite était alors convenable pour un large éventail de conducteurs. D’ailleurs, je dois admettre être encore en bonne forme en descendant du Bobber. Après une journée complète de route je n’ai pas subi la moto, je n’avais qu’à en profiter.

Seul le freinage n’a pas convenu à ma conduite. J’ai dû me réconcilier avec le frein arrière pour réussir à ralentir et arrêter le Bobber sans perdre le rythme. Le frein avant est identique à la Bonneville T100: un simple disque ø 310 mm avec étrier Nissin 2 pistons. En début de course du levier de frein, le mordant met pas mal de temps à se faire sentir. À l’attaque, ce dont le Bobber est tout à fait capable, le frein avant n’est selon moi pas à la hauteur. De plus, passer au double disque demanderait de changer la fourche. Le seul choix est de s’y habituer.

Sur route sinueuse, le Bobber n’est pas agile en tant que tel, mais il se laisse mettre sur l’angle pratiquement sans effort. Les reposes pieds frotteront évidemment par terre, mais la garde au sol est bien suffisante pour l’usage qu’en feront le plus grand nombre de clients de cette Bonneville.

Pris au tripes

Le meilleur souvenir que je garderai de cette moto, en plus du plaisir de rouler sur de belles routes désertes, c’est le grondement produit par le moteur et les échappements. Un vrombissement déterminé, hargneux, rageur même à l’approche du rupteur. Un bruit qu’on prend plaisir à écouter tout au long de la journée, mais qui ne prend pas le pas sur les autres émotions. Une bande son taillée sur mesure pour chaque balade au guidon du Bobber.

Cette Triumph se destine sans aucun doute à une clientèle s’attachant plus à l’objet qu’au plaisir qu’il procure. Quelque part ils seront perdants, ne sachant pas à côté de quoi ils passent en la laissant dans leur garage le plus clair du temps. Ceux qui vont se l'approprier, la personnaliser et enfin la feront rouler chaque jour qui le permet dans l’année auront compris. Cette Bonneville Bobber est pleine de qualités dynamiques, croyez-le ou non. Essayez-la, elle vous le prouvera.

Patrick

Au final...

On a aimé :
+
Look manufacturé pour moto de série
+
Bruit flatteur
+
Finition irréprochable
On a moins aimé :
-
Frein avant adapté à une conduite calme
-
Taille du réservoir (220 km annoncés, j’y crois pas un instant)
-
Réglage de la selle avec outils (pour être pointilleux)
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Au final...

On a aimé :
+
Look manufacturé pour moto de série
+
Bruit flatteur
+
Finition irréprochable
On a moins aimé :
-
Frein avant adapté à une conduite calme
-
Taille du réservoir (220 km annoncés, j’y crois pas un instant)
-
Réglage de la selle avec outils (pour être pointilleux)

Fiche technique

Véhicule
Marque :
Triumph
Modèle :
Bonneville Bobber
Année :
2017
Catégorie :
Cruiser
Kit 25 kW :
Non disponible
Moteur
Type :
Bicylindre parallèle, 8 soupapes simple arbre à cames en tête calé à 270°
Cylindrée :
1197 cm3
Refroidissement :
Liquide
Alimentation :
Injection électronique séquentielle multipoint
Performances
Puissance max. :
77 ch à 6'100 tr/min
Couple max. :
106 Nm à 4'000 tr/min
Transmission
Finale :
Par chaine
Boîte :
6 rapports
Embrayage :
Multi disques à bain d'huile
Partie cycle
Châssis :
Cadre double berceau tubulaire en acier
Suspension AV :
Fourche téléscopique KYB Ø 41 mm
Course AV :
90 mm
Suspension AR :
Monoamortisseur
Débattement AR :
77 mm
Pneu AV :
100/90 R19 (Avon spécial Bobber)
Pneu AR :
150/80 R16 (Avon spécial Bobber)
Freinage
ABS :
Oui
Freinage combiné :
Non
Frein AV :
Monodisque ø 310 mm, étrier Nissin 2 pistons
Frein AR :
Monodisque ø 255 mm, étrier 1 piston
Dimensions
Longueur :
2'235 mm
Empattement :
1'508 mm
Largeur :
800 mm
Hauteur de selle :
690 mm
Hauteur réglable de série
Poids à sec :
228 kg
Réservoir :
9.1 litres
Coloris disponibles
Coloris :
Jet Black
 
Morello Red
 
Iron Stone
 
Competition Green / Frozen Silver
Catalogue
Prix de vente :
CHF 13'600.-
Prix de départ Jet Black. Autre couleur CHF 180.- et bi-color CHF 360.-
En ligne :

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