Un SSV, c'est quoi ? Bien c'est un engin tout-terrain à mi-chemin entre le quad et le buggy. Une image parle mieux que des mots. Alors voici l'engin !
Plutôt couillu, n'est-ce pas ? Cette livrée "60e anniversaire" lui sied à merveille. Il a une gueule d'enfer avec ses éléments de carénage en plastique injecté au look étiré, son arrière relevé et son avant plongeant souligné par quatre feux à LEDs, son châssis tubulaire apparent, ses grosses suspensions Fox Podium, ...
Et lorsque nous lorgnons du côté du cockpit, nous nous trouvons de suite dans l'ambiance : la paire de sièges enveloppants, le volant trois-branches, un écran LCD (indiquant la vitesse, le rapport engagé, le niveau de carburant, les trips, l'heure) surplombé d'un grand compte-tours analogique et de son shift-light, le levier de changement de vitesses à passage séquentiel, le frein à main, ... L'ensemble invite à prendre place aux commandes, indéniablement !
Mais avant, prenons connaissance de la fiche technique de cet engin pour le moins atypique.
Sur la balance, le YXR1000R est un engin de près de 700kg, soit la moitié d'une voiture de taille moyenne et quelque 300kg de moins qu'une petite citadine. C'est lourd par rapport à un quad, même les gros 4x4 à vocation utilitaire, mais c'est tout de même bien plus léger qu'une voiture. Pour tracter l'ensemble, Yamaha a greffé un trois-cylindres 998cc développant 125cv à 10'500tr/min. Contrairement à ce que nombreux d'entre nous s'imaginaient, cette motorisation n'est pas issue de la MT-09, mais bien de la famille des motoneiges de Yamaha. Il est aussi intéressant de relever que les quads habituels délivrent leur puissance maximale aux alentours de 6'000tr/min... autant dire alors que le YXR1000R mouline, lui, très haut dans les tours.
Nouveauté majeure sur le marché, le YXR1000R est équipée d'une boîte séquentielle à cinq rapports (et une marche arrière) inspirée de celles rencontrées dans les voitures de rallye. Une fois le premier rapport passé en actionnant l'embrayage, les quatre autres rapports se passent à la volée avec une rapidité extrême ; de même au rétrogradage. Il va sans dire que cette boîte à crabots avec son sifflement typique contribue grandement au plaisir de pilotage.
Côté châssis, c'est sans surprise une ossature tubulaire qui assure la rigidité de l'ensemble, grâce en partie aux deux barres anti-roulis et à l'arceau de sécurité. Quant aux suspensions, Yamaha fait confiance à la célèbre marque Fox. En deux-roues, lorsque l'on parle de système de suspension premium, on fait souvent occurrence à Öhlins ; en tout-terrain quatre-roues, c'est Fox qui règne en maître. Et précisément, il s'agit du modèle Podium X2 entièrement réglable (précontrainte du ressort, détente et amortissement à basse et haute vitesse) avec un débattement de 412mm à l'avant et 432mm à l'avant. Du lourd !
Pour passer la puissance au sol, le YXZ1000R se contente d'une transmission par cardan aux roues arrières. Il est possible, à la rotation d'un bouton, de passer en quatre roues motrices, seul l'essieu avant étant équipé d'un différentiel à glissement, et de bloquer ce dernier. Ce SSV n'étant pas prévu pour le franchissement, les quatre-roues motrices ne desservent alors qu'à une conduite sur terrain gras et/ou à faible adhérence.
Le YXZ1000R a été conçu avec le souci de centrage des masses. Ce qui est lourd, soit le moteur, la boîte de vitesses et le réservoir de 34 litres, est placé au plus bas et réparti intelligemment de façon à conférer stabilité et homogénéité au SSV. Par exemple, le réservoir a été placé sous le siège passager.
Autres détails intéressants, en vrac : la boîte à air et ses deux filtres papier et mousse se situe entre les deux sièges, les roues de 27 pouces sont équipées de beadlock pour éviter de déjanter en roulage basse pression, le freinage comprend un disque de 245mm sur chaque roue, la direction est assistée électriquement, le volant est réglable en hauteur, les sièges peuvent être avancés ou reculés, mais pas en inclinés.
Des aspects pratiques, on notera un rangement étanche à l'arrière du cockpit, un autre résistant aux éclaboussures devant le passager, une barre de maintien pour le passager (très utile!), une selle de chargement d'une capacité de 136kg, ... et une liste d'accessoires longue comme le bras permettant de personnaliser le YXR1000R selon les impératifs de chacun.
Eh oui, pour une fois, ce n'est pas un guidon. On ouvre la petite porte latérale et on s'installe confortablement. Le temps de régler le siège, la hauteur du volant et de s'acclimater aux emplacements du levier de changement de vitesses, des trois pédales (embrayage, freins et gaz), du frein à main... Enfin, s'acclimater est un grand mot, puisqu'une fois casé dans le siège enveloppant, tout tombe sous la main intuitivement. Il ne reste qu'à démarrer la bête.
Au ralenti, point de fracas, le YXZ1000R se montre discret. Et c'est à un bruit de moteur atypique auquel il faut vous attendre ; du moins, pour nous qui venons du deux-roues, ce n'est pas une ambiance sonore habituelle.
Alors que la boîte est en neutre, on débraye, passe le premier rapport et relâche l'embrayage tout en donnant généreusement des gaz. Il est difficile de procéder à un départ tout en douceur tant le point de friction est court. Peu importe, les manoeuvres à basse vitesse, ce n'est pas ce qu'on lui demande.
A ce stade de notre récis, il est judicieux de préciser que nous avons pu tester le YXZ1000R dans des conditions optimales, soit dans le cadre de l'événement annuel organisé par le Jurassic Quad Club, à Bure, sur la place d'armes. Des étendues de terre et de rocaille, des terrains accidentés, des ornières, ... il y a de quoi se faire plaisir avec un tel engin. Un parcours de vitesse a été prévu, circuit sur lequel se défoulaient de nombreux quadeurs. La YXZ1000R faisait parfois figure de camion parmi les quads et dans certains virages serrés.
Le premier rapport engagé, on peut s'élancer allègrement sur le parcours de vitesse. Pied au fond, le YXZ1000R part en trombe. Les montées en régime sont vives et explosives, mais surtout, au-delà de 6'000tr/min, les accélérations sont grisantes. La boîte siffle au fur et à mesure que le trois-cylindres prend les tours. Et dès que le shift-light flashe, on passe le rapport supérieur d'une brève mais franche impulsion sur le levier de vitesses. La motricité est excellente, même en deux roues motrices ; la largeur des gommes à crampons à l'arrière n'y est sans doute pas pour rien.
A moyenne et haute vitesse, soit entre 50 et 120km/h, la tenue de cap est excellente. Le YXZ1000R est d'une stabilité déconcertante. Et ce qui surprend, c'est l'excellent confort offert par les suspensions. Le terrain est parsemé de trous et d'irrégularités, les suspensions absorbent les chocs sans broncher et le véhicule garde son assiette. La direction combine retour d'informations, précision et confort. En effet, la précision est essentiel au pilotage de ce véhicule, de même que les remontées d'informations. Quant au confort, on ne ressent aucune violence dans la direction lorsque l'une des roues directrices heurtent une aspérité. Quand bien même il faut éviter de garder les pouces à l'intérieur du volant si toutefois il devait y avoir un retour de direction violent, cela m'avait valu il y a quelques mois une élongation du ligament du pouce (ndlr : pouce du skieur)...
Tellement bien calé dans le siège et bénéficiant de l'excellent amortissement du YXZ1000R, on ne se rend pas compte des vitesses atteintes. De brefs coups d'oeil au tachymètre indiquent souvent des vitesses au-delà de 100km/h. Les autres quads, même les puissants Yamaha YFM 700 Raptor et autres Can-Am Renegade 1000, sont laissés sur place à la moindre ligne droite.
Après chaque ligne droite pointe un virage... Il est donc nécessaire de planter sur les freins et rétrograder. A cet exercice, on se prendrait volontiers pour un pilote de rallye. Un freinage justement dosé, accompagné de rétrogradages successifs, permet de placer le véhicule en virage, tout en glisse de l'arrière. Eh oui, lors de gros freinage, au passage du deuxième rapport, le frein-moteur est tel qu'il est possible de faire dériver progressivement l'arrière sans même devoir tirer comme un sourd sur le frein à main.
Une fois placé en virage, il faut prêter attention à l'inertie de l'engin et ne pas tenter les lois de la physique. Yamaha a beau se targuer d'avoir centré et abaissé les masses, un SSV, quel qu'il soit, reste sujet à retournement. Il est possible de passer vite, très vite... mais il ne faut pas qu'une ornière, même petite, vienne perturber l'équilibre, pourtant semblant inébranlable. La stabilité met le pilote novice largement en confiance et tend à pousser l'engin dans ses derniers retranchements... et à ce moment, une fois la limite atteinte, point de salut !
Dès le point de corde atteint, on ouvre plein gaz. Naturellement, si seules les roues arrière tractent, le véhicule gratifie d'un sous-virage qui donne la banane ; mais la motricité est telle que le sous-virage reste contenu et maîtrisable. En quatre roues motrices, le YXZ1000R repart comme une balle à l'attaque de la ligne droite qui se profile.
Et des sauts ? On en a faits et on a aimé. Cependant, on a remarqué que l'avant avait tendance à piquer du nez facilement. Durant notre essai, il ne nous a pas été possible de vérifier si un poids excessif sur l'avant ou trop de rebond sur les suspensions arrière en était la cause...
Les whoops (de taille modérée), tant redoutés en motocross et même en quad, sont abordés avec une facilité déconcertante. Les suspensions absorbent les chocs et on se croit sur un tapis volant.
Autant dire que le Yamaha YXZ1000R est une arme pour rouler vite sur des terrains accidentés. On ne lui demandera pas de franchir des obstacles ou de traverser des bourbiers et autres passages techniques. Ce SSV est avant tout un véhicule très (très) fun qui trouvera sa place sur les grandes étendues. D'ailleurs, c'est dans le désert, parmi les dunes de sable, que Yamaha avait convié une poignée de journalistes à l'essai en avant-première de ce véhicule pour le moins atypique... et exclusif.
Oui, exclusif par sa taille, sa puissance, sa technologie et aussi par son prix ! Effectivement, ce joujou pour adulte est accessible dès CHF 24'990.-, dans sa version de base. Comptez même CHF 26'900.- pour la version SE (livrée Red/Grey ou 60th Anniversary avec beadlocks) ! Et finalement, si vous avez l'intention de rouler hors des terrains privés, il faudra dépenser CHF 3'000.- pour l'homologation (voir détails ci-dessous).
Mais comme disait l'autre, quand on aime et que la passion nous habite, on ne compte pas (ou plus) !