
Woah. Honnêtement, en réceptionnant le Quadro3, je suis impressionné. Le look de gros jet-ski à 3 roues, avec un je-ne-sais-quoi de palmipède dans sa face avant, est du genre marquant. Plutôt marrant à dévisager mais pas ce qu'il y a de plus sexy, assurément.
Notre scooter-canard se la joue cygne dans ce coloris blanc et noir, qui affine un peu son gabarit imposant et met en valeur les lignes effilées des carénages. Les clignotants à LED et le saute-vent fumé en jettent. Les déflecteurs transparents, devant les poignées, en option, un peu moins. Ils auront le mérite de garder les gants au sec et au chaud.
En tournant autour du Quadro3, on tique quand-même sur la partie arrière, surmontée par un ensemble poignées passagers/support de top-case qui aurait pu être plus fin. Du côté droit, c'est l'ensemble bras oscillant, moteur et échappement, aux airs de robot prototype universitaire, qui laisse sceptique. Dans son ensemble, le véhicule surprend plus par son look particulier que par ces quelques détails.
La partie habitable du Quadro joue la simplicité, avec du noir partout et des matériaux à la finition correcte. Le tableau de bord est très fonctionnel et bien réalisé, avec un joli compte-tours à fond blanc, qui accueille une jauge à essence, dont l'écran LCD se prolonge pour offrir toutes les informations habituelles: heure, vitesse, trip totalisateur et deux trips partiels, ainsi qu'un affichage de la consommation. Deux boutons permettent de naviguer et remettre à zéro les différents compteurs.
Le détail qui tue, ce sont ces deux thermomètres de part et d'autre du tableau de bord, pour la température extérieure et celle du moteur. C'est pratique, mais il faut un vrai temps d'adaptation avant d'assumer ces deux affichage façon radio-réveil. Bah! Un peu de fantaisie n'a jamais fait de mal. On termine le tour du propriétaire avec deux rangements dans le tablier, dont l'un contient une pratique prise 12Volt.
Une fois au guidon, on profite d'une position droite et très relax. La selle moelleuse, pour le pilote comme le passager, cale bien le bas du dos et permet de poser les pieds bien à plat sur le plancher. Comme sur la majorité des scooters trois-roues, impossible de profiter d'un plancher incliné pour allonger les jambes sur plus longs trajets. Le confort est quand-même au rendez-vous, avec une prise en main du guidon intuitive et des commandes douces.
Avec son assise haute, on domine le trafic avec un grand sentiment de sécurité. Les premiers mètres mettent en avant une très bonne réactivité pour un scooter trois-roues, même s'il demande toujours du muscle dans les manoeuvres à basse vitesse. Le Quadro3 est plutôt agile et marque un très bon point. Le monocylindre de 346cm3 se montre très volontaire et souple, facilitant les évolutions à basse vitesse. Une neutralité bienvenue, seulement perturbée par une impression étrange en changeant de direction.
La suspension HTS, pour Hydraulic Tilting System, brevetée par Quadro, offre une stabilité sans faille comme nous le verrons plus tard, mais son système de vérins hydrauliques entraîne une grande impression de rigidité. On a l'impression que le Quadro rechigne à passer sur l'angle. Impression déjà ressentie sur le Quadro4, essayé par nos soins, dûe à la retenue hydraulique du système qui garantit la très bonne stabilité.
Jouant avec cette stabilité sans faille, on n'hésite pas à faire virer le Quadro3 quel que soit l'état de la route, à prendre de l'angle sur des pavés et à virevolter dans les méandres citadins aussi sereinement que sur un "vrai" deux-roues. Attention toutefois aux manoeuvres d'urgence: le freinage rend la mise sur l'angle plus difficile que sur un scooter classique. On fera donc comme au permis: on décomposera au maximum les deux phases en cas d'évitement.
Le freinage, d'ailleurs, combine avant et arrière au levier gauche, ainsi que sur la pédale, posée sur le plancher, qui permet l'homologation L5E des pays européens. Cette dernière s'avère plutôt inutile et parasite même l'action sur les leviers, lorsque l'on passe de l'une aux autres dans un court laps de temps. Levier gauche, donc, avec une force de ralentissement convaincante.
Reste qu'à l'épreuve de la ville, notre scooter-canard ne souffre d'aucun défaut. Son gabarit reste celui d'un gros scooter, valorisant mais pas handicapant. On pourra regretter que l'inclinaison du train avant ne puisse se bloquer qu'avec le frein de parking. Le Piaggio MP3 utilise un système de verrouillage partiel (l'avant ne s'incline plus mais les roues restent libres de tourner), par bouton poussoir, très abouti, auquel on devient vite accro sur ces trois-roues. Il faut donc sortir le pied pour s'arrêter, même si l'excellente stabilité du Quadro permet de se maintenir relativement facilement en équilibre.