Mais il reste encore un step à franchir ! Je décide d’être fou (la folie n’est pas de vouloir être sage dans un monde de fous selon Erasmo ?) et je passe direct en mode « Sport ». Là, je me rends compte que le mode précédent permettait de se balader virilement avec Madame sur la selle passager, sans à-coups, quand le mode « Sport » rend la Ducati plus diabolique et plus sportive.
Voilà, le mot est lâché ! Sportive ! Avec ses suspensions Öhlins, la Multi est d’une rigueur à faire frémir un guichetier de poste allemand. Le châssis est rigide, les suspensions fermes et la fourche encaisse les freinages les plus puissants sans broncher ni talonner pendant que l’amortisseur TTX36 fait fi des 160cv et les digère comme un menu probiotique.
J’en profiterais cependant pour faire mon premier reproche à la Pikes Peak. Pourquoi sur une moto affichée à ce tarif, pour rappel CHF 25’390.-, n’y a t’il pas de suspensions électroniques ? La R1M en est bien équipée et venant du même fournisseur… Même si elles sont très bien réglées d’origine, il n’empêche que dès que vous voulez embarquer votre sac de sable chéri ou des valises, voire rouler un poil tranquillou (mais ça c’est dans une autre dimension), vous êtes obligé de sortir la trousse de toilettes, euh pardon la trousse à outils et ferrailler pour régler, ce pour autant que vous vous y connaissiez en suspensions… Dommage !
Revenons à notre pur-sang italien. En entrée de courbe la Multi est royale et bien peu de motos pourront lui faire les freins. Après c’est selon vous et votre style: vous pouvez soit rentrer en virage façon supermot’ avec le pied sorti ou alors façon vitesse en déhanchant (raisonnablement, on est sur route) le haut du corps à l’intérieur du virage bien en appui sur les cale-pieds. Surtout que le tout est accompagné d’un grondement moteur façon bulle de Joe Bar Team (broooooarp pour les incultes).
Une fois au point de corde, euh pardon, bien calé sur l’angle, la Ducat ne réclame plus qu’à ouvrir les gaz pour mettre à mal le gommard de 190/55. Par contre, c’est justement en sortie de courbe que j’ai un tantinet pesté contre les familles Magnetti et Marelli réunies. L’électronique, justement un peu trop efficace, empêche la roue avant de rejoindre le ciel à cause du DWC, comprenez le Ducati Wheelie Control.
Mais à chaque mal son remède, tous les modes moteur sont paramérables à souhait et il est donc possible de restreindre celui-ci, ou tout autre.
Un autre manquement m’est apparu à l’attaque, pourquoi diable la Pikes Peak, qui est la Multi la plus extrême, n’est-elle pas équipée d’un quick-shifter ? La plupart des motos l’ont, et sa concurrente buveuse de bière est même équipée d’un modèle up-and-down… Pour moi qui ai l’habitude de rouler sur des sportives, c’est vraiment handicapant car une fois essayé, c’est adopté comme le dit l’adage.
Bon, le pétage de plombs étant fait, je calme un peu le jeu, et surtout le rythme, pour prendre la pleine mesure de la Pikes Peak. Son tableau de bord full TFT en couleur en jette un max. Il suffit de changer de mode pour que l’affichage change. En mode « Urban », point besoin de l’affichage des tours-minutes, la vitesse suffit (vu le prix payé au km/h en sus c’est salutaire), et plus on monte en sportivité, plus le compte-tours prend de la place sous vos yeux. Le passage dans les tunnels ne sert pas qu’à assouvir vos envies de broarp-broarp du twin, mais également à constater que le tableau de bord change de ton pour plus de lisibilité.
Le réglage de la mini-bulle est aisé et permet de dévier l’air au-dessus du buste. Bien qu’elle soit minimaliste, elle est vraiment efficace ! D’ailleurs, la protection en général est bonne sur la Multi Cet essai a eu lieu lors d’une semaine particulièrement humide, il a d’ailleurs été compliqué de trouver un créneau pour faire les photos… Mais bon, cela m’a permis de constater que même sous la pluie, la Ducati reste redoutablement efficace ! Tiens, d’ailleurs… d’où lui vient cette teinte rouge ?
Toujours en mode à la cool, mais sans les dreds, j’ai apprécié le cruise-control, qui est comme le quickshifter précité, une fois qu’on l’a essayé, on ne peut plus s’en passer. C’est bien sympa de se caler sur un petit 128km/h compteur pour ne pas allumer les photomatons sur l’autoroute.
Le dernier reproche que je ferais à la Multi est le positionnement de sa pompe à eau. Une fois le circuit bien chauffé, la chaleur dégagée au niveau du tibia gauche est importante… Bon je dois avouer que je ne roule pas en full cuir, voire même en tenue légère en été, à chacun ses défauts.
Alors la Multistrada porte-elle bien son nom ? Perso je trouve que c’est une machine diaboliquement efficace (ah bah voilà pour le rouge), surtout qu’elle possède une gueule inimitable avec ses lignes qu’elle ne partage avec aucune autre, ses nouveaux phares à LED lui donnant un sourire presque sarcastique.
Par contre, vu le tarif astronomique affiché, elle aurait mérité des suspensions électroniques, même sans être actives, le pourcentage de pilotes capables de jouer du tournevis plat, moi en premier, n’étant pas légion. L’absence de shifter fait également cruellement défaut, mais on louera l’efficacité de son châssis, de ses freins et de son moteur à chaque hectomètre parcouru.
Encore un petit mot sur les aspects pratiques, une petite prise est disponible au tableau de bord pour brancher un GPS et sous la selle on trouve une autre prise du même format ainsi qu'une autre USB permettant de charger votre Ail-Phone ou votre Samsy Galaxung.
En résumé je dirais que « italien » ne rime vraiment pas avec « raisonnable » et cela vaut autant pour les motos que pour les… glaces/motos/antipasti/femme (barrez ce qui ne convient pas).