Avec ses 250kg à sec pour 2m24 de long, le SRV 850 est ce qui se fait de plus imposant sur le marché du scooter, même de grosse cylindrée. Avec ce gabarit, tout a une proportion qui semble être augmentée. Le tablier par exemple, qui est largement ouvert dès le début, cache la grande selle reposant elle-même sur la carrosserie qui englobe l'imposant bloc-moteur.
Le double échappement, ressemblant à celui de la Ducati Monster, est aussi une grosse pièce sur le côté gauche de la moto. Malheureusement, le son qui s'en échappe n'est pas aussi gros que l'on ne pourrait penser. Le bras oscillant en alu pourrait venir directement de la RSV4 ou de la Caponord tant il semble robuste. Le tunnel central qui passe entre vos pieds est si large, que je ne savais pas comment monter à bord.
L'enjamber ? Il ne faut pas se rater, au risque de frotter l'une pièce en plastique brillant qui était déjà marquée après peu de kilomètres. Monter comme sur une moto ? Il faudra faire le tour de la selle et éviter l'une des deux poignées passager qui pourrait être tenue par plus d'une personne à la fois; c'est pour vous dire si elles sont grandes.
Grande selle, carrosserie bodybuildée, on peut imaginer avoir un grand coffre. Eh bien pas du tout, c'est même le contraire. Les intégraux aux formes aérodynamiques ne rentreront probablement pas. Un modulable de grande taille, souvent plus imposant, n'y aura pas non plus sa place. Même constat autour du poste de pilotage, il n'y a aucun rangement aménagé, verrouillable ou non. Vous profiterez néanmoins d'une prise 12V sous vos fesses pour recharger un mobile, par exemple.
Dans l'ensemble, le design est réussi. La face avant commune aux nouveaux modèles d'Aprilia affirme l'identité de la marque, mais sème le trouble quant à celle de l'exactitude du modèle. Le tablier nerveusement sculpté est mis en valeur par le mélange des couleurs mates et brillantes. Vu de profil, le phare arrière, fin et très pointu, achève la ligne d'une façon élégante. Sur la face arrière, il a l'air un peu seul.
Heureusement, avec 250kg, on est encore loin des 360kg à sec d'une Goldwing et le centre de gravité est assez bas. Pour reculer le SRV, il ne faut pas se précipiter. Chaque dépassement du point d'équilibre est très délicat. J'ai cru basculer avec en le manoeuvrant la première fois. Le rayon de braquage est lui plus petit qu'attendu, une agréable surprise ! Une fois en mouvement et passé les 15 km/h, le maxi-scooter transalpin gagne en agilité.
Se faufiler en ville sera courageux, mais c'est le seul moyen de se retrouver premier de front avec les autres deux-roues pour montrer qui est le patron ! Car oui, quand on a un SRV 850, on peut se permettre ce genre de concours puéril...
La réactivité du maxi-scooter Aprilia est quelque peu handicapé par l'embrayage assez lent à transmettre la force. Pour partir vite, il faut anticiper un bon bout. En concevant le SRV, les ingénieurs ont tout de même pensé aux pièges urbains que représentent les marquages au sol, les bouches d'égout ou les rails de tram. Récupérer un engin de 250kg en glisse étant plutôt difficile, un contrôle de traction coupera instantanément l'injection si vous décidiez d'ouvrir en grand sur une surface sans adhérence. Réglé sur Sport, celui-ci vous octroiera un léger sursis avant de reprendre le contrôle. Il reste encore le bouton OFF : là, pas besoin d'un dessin.
Sur ce monstre de la circulation urbaine, la position pouvait être largement calculée. Seulement, elle me semblait étriquée entre le dosseret de selle et les cale-pieds. Ma grande taille n'aide pas dans ce cas. Autre conséquence d'un grand gabarit : la petite visière déviait le flux d'air face à ma tête ce qui m'obligeait à me recroqueviller.
La stabilité du SRV 850 en ligne droite est royale. Il ne manque qu'un régulateur de vitesse pour faire un long voyage. En courbe, la direction est plus floue. Sur une route sinueuse, les freins seront énormément mis à contribution pour aider à mettre le scooter sur l'angle.
Quoi qu'il arrive, l'ABS vous évitera de bloquer une roue au mauvais moment. Cependant, le SRV n'est pas équipé de freinage combiné. Enfin, sur de grands lacets interurbains, vous utiliserez probablement toute la largeur de la route pour rouler confortablement. En SRV 850, maintenir un cap en virage prend une certaine place.
En résumé, le Aprilia SRV 850 s'inscrit très certainement comme le plus imposant du marché. Il a aussi la palme du plus gros moteur et les performances qui vont avec. Par contre, il n'offre pas les avantages attendus d'un maxi-scooter de cette taille. En effet, je vous encourage à vérifier que votre casque peut prendre place sous la selle avant de passer à l'achat. De plus, ce rangement monte très vite en température au fil des kilomètres. Ne pensez alors pas vous lancer dans la livraison express de pralinés !
Vendu au prix de CHF 13'795.-, le SRV se place exactement entre le T-Max avec et sans ABS, son concurrent direct. Le BMW C600 Sport est lui légèrement moins cher mais gagnerait haut la main un duel de praticité avec son coffre à volume variable. Alors, à vous de choisir !