
'Faut dire que chez Harley, on aime jouer avec l'alphabet. Prenez une ou deux dénominations du catalogue... VRSCDX ou FLHRSEANV, par exemple, ou encore FLHTCUSE8 (santé!). Il s'agit du nom technique de certains modèles et notre cerveau mettra plus facilement une image sur des noms comme Night Rod, Ultra Classic Electra Glide ou Switchback. Mais venons-en aux Sportster 1200, qui nous intéressent ici. Chez Harley, on a donc voulu rajouter quelques lettres dans la dénomination XL1200. Après les C (Custom) et X (Forty-Eight), voilà donc les XL1200 CA, CB et V!
Ça ne vous avance pas beaucoup, pas vrai? On vous comprend! La version V est déjà connue par chez nous car il s'agit de la Seventy-Two. Dans un vrai style chopper avec sa roue avant de 21 pouces et son guidon mini ape, elle ne passe pas inaperçue! Taillée pour la frime, diront certains. Surtout dans l'un des coloris Hard Candy Custom (HCC) proposé par Harley pour 2013! Une peinture pailletée et flashy qui s'harmonise particulièrement avec les chromes de la Seventy-Two. Bon, le coloris vert est peut-être un peu too much, mais le côté clinquant de l'engin attire le regard. Avec son petit réservoir cacahuète (c'est littéralement traduit, ne vous moquez pas!), sa petite selle monoplace et son garde-boue arrière tronqué, elle n'en impose pas comme un massif Fat-Bob. Mais on ne se lasse pas de reluquer ses chromes, ses fins pneus à flancs blancs et son guidon rehaussé qui semble presque démesuré.
En démarrant l'engin, on retrouve avec plaisir le toussotement typique du twin à air Evolution, un peu bridé par les échappements d'origine et le kilométrage peu élevé du modèle. On s'installe à bord, dans un confort relatif, malgré une petite selle étonnamment bien rembourrée. Enfin, on a plutôt l'impression de se suspendre au guidon! Si la position n'a finalement rien de bien ridicule (on est encore loin des vrais guidons ape-anger que certains montent sur leur chopper), les premiers mètres sont carrément désopilants! Non qu'on ne sente pas l'avant ou que la posture adoptée empêche de manoeuvrer, mais c'est... différent. Quinze mètres plus tard, on passe déjà la quatrième, jouant sur la limite de souplesse du moteur et profitant des good vibes made in USA!
Dans le trafic, la Seventy-Two nous rappelle avec bonheur qu'elle est une « petite » Harley toute légère (247 kilos à sec annoncés, une paille!) et plutôt maniable. Son centre de gravité bas, conjugué à la faible hauteur de selle, permettent d'évoluer en toute quiétude. Le fin pneu avant renvoie un bon ressenti et la moto vire d'un bloc dans les ronds-points, poum-poumant joyeusement tout en griffant le bitume de ses cale-pieds. Si l'on ne passe pas inaperçu, ce ne sera pourtant pas à cause d'angles de goret et de vitesse stratosphérique! Au delà de la peur d'abîmer bêtement un si joli petit bout de moto, on est un peu forcé de rouler cool avec la Seventy-Two...
D'abord, le frein avant, comme sur beaucoup de Harley-Davidson, n'est pas performant. On profitera plutôt du bon frein arrière et du moteur pour se ralentir, mais le procédé, inhabituel pour nous, grands fans de sportives anémiques ultra-performantes, incite à la prudence. On peut s'amuser un peu dans les courbes, bien sûr, en profitant de ce train avant très fin qui permet un guidage aisé. Les cale-pieds vous empêcheront de toute façon de mettre à mal le bon équilibre du châssis acier et des suspensions. Il y a aussi la position de conduite qui invite au calme. Si elle s'avère au final plus que supportable, dépasser le 80km/h nécessitera plusieurs heures par semaine à la salle de sport. Tout dans les bras, la tête, le cou, les épaules, le ventre, les côtes, les jambes... Bref, on en prend plein la tronche! La Seventy-Two s'apprécie donc en roulant tranquille, bercé par son gentil moteur et flatté par son reflet dans les vitrines ou par l'expression des passants. Avec votre chopper scintillant tout droit sorti des années soixante, vous allez en faire sourire pas mal sur les trottoirs. Une vraie rockstar!
Sur la 1200 Custom « Type B », on change d'ambiance! Du noir, du noir et encore du noir, de préférence mat! C'est un Sportster qui paraît plus dépouillé et plus méchant qu'on a entre les jambes. Le guidon mini ape est le même que sur la Seventy-Two, mais l'assise de la 1200 CB donne un ressenti moins radical. On retrouve un certain confort, les jambes allongées autour du réservoir d'origine de la 1200 Sportster et le séant bien calé au fond de la selle deux-places. Le gros pneu et la jante avant, le noir omniprésent ainsi que le long garde-boue arrière donnent une autre silhouette à la « Type B ». Car si l'on se penche sur la partie-cycle des deux soeurs, elles sont bel et bien identiques.
C'est aussi le cas du moteur, qui reçoit ici un traitement Black Denim pour se fondre dans le coloris de la machine. Des changements mineurs qui transforment pourtant les sensations au guidon. On se sent moins accroché à la moto que sur la Seventy-Two, l'arrière-train encaissant une partie de l'accélération. Le gros pneu avant offre un ressenti plus particulier et la « Type B » s'inscrit de manière moins évidente en courbe. Cela reste de l'ordre de la nuance, bien sûr, car une fois de plus, le rythme reste raisonnable. Le comportement général est semblable à celui de la Seventy-Two, avec une cuillerée de confort en plus.
La Sportster 1200 C « Type B » s'avère plus discrète, mais aussi plus proche de l'image Harley dans l'imaginaire commun actuel. Les séries télévisées (en particulier l'excellente Sons of Anarchy) ont remis le custom H-D tout noir et le biker pur et dur au goût du jour. Un Sportster plus discret et plus bad-boy, ou un modèle spectaculaire dans son coloris pailleté, ce n'est toujours pas votre truc? Veinards: c'est pas fini!
Outre le classique 1200C et le best-seller Forty-Eight, Harley a dégainé une énième déclinaison de son Sportster: le 1200 CA, ou « Type A »! Encore un, oui! En reculant ses cale-pieds, en changeant le guidon pour un modèle au cintre quasi-plat et en montant des jantes à bâtons sur son 1200C, Harley a donné une identité plus sportive au dernier-né de la lignée. Avec son beau coloris deux-ton et ses jantes mi-alu, mi noir mat, le 1200 CA se montre plus dynamique, plus ramassé.
Cela se sent surtout au guidon, avec une position vraiment... déroutante! Les jambes pliées quasi à 90 degrés, le buste légèrement incliné vers l'avant, on est bien plus « sûr » la machine que « dedans »! Résultat: une grande impression de maniabilité et un contrôle très aisé du bestiau via les cale-pieds. Conséquence: on se demande si l'on est bien sur une Harley-Davidson! Dès les premiers mètres, le twin de Milwaukee nous rappelle que oui! Les bonnes vibrations sont toujours là et l'on joue maintenant instinctivement de la boîte pour maintenir le bloc à bas-régimes. Sauf qu'ici, à l'approche de la première courbe, on a hâte de voir ce que donne la position de conduite!
Scriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitch! Oulah! Oulalah! Les cale-pieds, bien que reculés, restent très bas et frottent très très vite! Heureusement d'ailleurs, puisque si la position est plus sportive, le gros pneus avant « ballon » n'offre toujours pas un feeling idéal. On évite donc, heureusement, de trop le solliciter. Dommage, car la position plus vers l'avant permet de mieux sentir le travail de la fourche. On freinerait bien plus tard, on déhancherait volontiers un peu... mais le comportement reste celui d'un cruiser. On se contentera donc de l'ambiance, sur ce Sportster 1200 CA.
Avec une entrée de gamme aussi large (sans oublier les Sportster 883!), Harley-Davidson dispose d'une offre pléthorique pour de nouveaux clients. Du plus sobre au plus spectaculaire, chaque Sportster 1200 dispose d'une identité propre. Comme souvent, rares sont les modèles qui demeureront d'origine, le catalogue d'accessoires H-D faisant toujours la taille d'un annuaire téléphonique. De quoi se triturer les méninges et s'offrir le Sportster de ses rêves sur l'une de ces très bonnes bases! Et vous, vous prenez laquelle?