Pourtant, la « petite » Dorsoduro la joue gros bras. Avec un gabarit plus proche du roadster que d’un véritable supermotard, l’Aprilia se veut valorisante. Dotée d’une ligne très étudiée, mêlant rondeurs et arêtes saillantes, elle s’affiche pas comme une reine de beauté en robe du soir. Surtout dans le coloris gris métal de notre modèle d’essai. Le design est high-tech et la Dorso’ se reconnaît au premier coup d’oeil.
Un coup d’oeil qui nous mène au tableau de bord de l’Aprilia, qui fait la part belle au compte-tours très sportif. L’écran digital recèle quant à lui toutes les informations classiques: vitesse, température, un trip total, deux partiels et affichage des modes d’injections. A noter que ces trois cartographies ne se changent pas à l’aide du bouton Mode, sur le commodo de droite, mais avec le bouton du démarreur… La fantaisie à l’italienne, sans doute!
Pour soutenir la comparaison avec une grande soeur cubant 1200cm3, offrant 40 chevaux de plus pour un poids quasi-identique, il faut au moins une grande gueule… que la Dorsoduro ouvre dès le démarrage, avec une sonorité moteur aussi présente qu’excitante! Le moteur s’emballe au moindre coup de gaz, prêt à en découdre.
Départ tranquille, en mode Touring. On constate bien vite que sous 3’000 tours/minute, le moteur de la Dorsoduro ne veut rien savoir! Passé ce régime, on profite de la douceur du mode Touring pour faire connaissance avec le châssis, très facile à vitesse réduite. Le feeling de la poignée de gaz est pourtant perfectible: en tournant un peu plus la poignée, on s’attend logiquement à un surcroît de puissance… Eh bien non! Peu alerte en milieu urbain, cette cartographie sera plus adaptée à une conduite souple sur les trajets routiers.
Passons sur le mode Rain, encore plus castrateur et réservé aux anxieux de la glisse sur bitume humide. Une fois sur Sport, la Dorsoduro se réveille! Passé 3’000 tours, le moteur s’emballe et donne tout ce qu’il a jusqu’au rupteur! Quelle pêche! La puissance est bien là, la sonorité juste bestiale et le plaisir monte crescendo. Autant la conduite devient tout à fait déraisonnable, autant l’on se dit que c’est comme ça qu’elle doit marcher! Il se passe constamment quelque chose sous la selle tant le moteur est vivant! On parvient enfin à doser l’accélération, même si le système qui gère les gaz ne convainc pas tout à fait.
Pour tester plus allant les capacités dynamiques de la Dosoduro, cap sur les petites routes! Enchaîner les courbes est l’activité favorite de l’Aprilia et ça se voit. En mode promenade, le châssis est imperturbable et le grand guidon vous fait passer d’une pichenette d’un angle à l’autre. La moto suit le regard et se ferait presque oublier.
Presque? Oui car son moteur, lui, semble vouloir prendre le contrôle de votre main droite! Difficile d’enrouler tranquillement avec ce moulin! Trois virages plus loin, voilà la Dorso’ gaz en grand, dans un grondement jubilatoire. La cavalerie déboule dès les mi-régimes et c’est à se demander si la belle n’affiche vraiment qu’une centaine de chevaux. On accélère, on accélère, mais il va bien falloir freiner avant ce petit droite, là-bas… Heureusement, le freinage est un autre point fort de la Dorsoduro. Mordant ses deux étriers radiaux, le frein avant offre également un feeling irréprochable au levier. On dose sans peine ses freinages et on regrette presque la présence de l’ABS, qui se déclenche sur les très fortes contraintes. Même combat à l’arrière: le mordant est au rendez-vous mais l’ABS se manifeste encore plus tôt. Presque trop, peut-être, interdisant ainsi les facéties que peut se permettre la Dorso’ 1200 avec son système déconnectable.
Reste que pour attaquer sur les petites routes, la 750 fait merveille! S’appuyant sur un moteur très démonstratif et un freinage plus qu’efficace, la moto virevolte de pif en paf et se joue des épingles. Si elle n’affiche pas l’agilité d’un vrai supermotard, elle s’en rapproche beaucoup plus qu’un roadster. Le grand guidon, qui rend l’avant très nerveux et léger, y est pour beaucoup.
Reste que pour attaquer sur les petites routes, la 750 fait merveille! S’appuyant sur un moteur très démonstratif et un freinage plus qu’efficace, la moto virevolte de pif en paf et se joue des épingles. Si elle n’affiche pas l’agilité d’un vrai supermotard, elle s’en rapproche beaucoup plus qu’un roadster. Le grand guidon, qui rend l’avant très nerveux et léger, y est pour beaucoup.
Machine à plaisir, la Dorsoduro 750 se vexe rapidement quand on évoque avec elle les aspects pratiques. Avec 120 kilomètres d’autonomie avant réserve, elle imposera de nombreux passages à la pompe lors de vos grandes virées. Une fois à la station, bouchon de réservoir posé on ne sait où (pas de charnière), la crise continue. Impossible d’utiliser la pompe à plein débit sans mettre de l’essence partout… Il faut user de patience pour faire le plein!
Passons le chapitre des espaces de rangements, simplement inexistants sur l’Aprilia. C’est le seul aspect par lequel elle pêche vraiment: ce manque d’aspects pratiques. Sans se montrer trop inconfortable sur longs trajets, acceptant volontiers les excursions en ville, la Dorsoduro s’avère finalement sans compromis pour une utilisation quotidienne. Un caractère tout italien qu’on lui pardonnera volontiers.
La Dorsoduro 750 ABS est une moto qui aime s’amuser. Son moteur nerveux et sa partie-cycle aiguisée raviront le motard avide de virages. Si elle perd un peu de cet esprit joueur dans sa version ABS, la sécurité accrue justifie ce petit sacrifice au fun. Offerte à un prix raisonnable, elle offre son lot de sensations italiennes et assume ses petits défauts. Comme quoi, un « petit » 750 suffit au plaisir!