S’installer sur la grande selle conducteur est très facile ; sauf quand on a réussi à garer la XVS en centre ville, mais j’y reviendrai. Même avec de l’habitude, je trouve la position étrange. Le dos droit, les jambes très en avant et les mains alignées aux épaules. Pour aller tout droit, aucun problème ! Cinquième rapport, un filet de gaz et on ne s’arrête plus avant que le réservoir soit vide ; seulement, nous sommes en Suisse, il y a des virages sur les routes. En effet, prendre des virages en Midnight Star est plutôt folklorique, pas le temps de prendre de l’angle que le cale-pied vient épouser l’asphalte. Il y a heureusement un très gros renfort au point de contact.
Donc, nous disions, il y a comme un bruit quand on tourne. L’angle est si limité que la bande de roulement du pneu arrière n’est pas utilisée complètement. Pour monter un col, ce sera pas plus vite qu’en voiture. A basse vitesse, malgré les 278kg de la bête, elle reste maniable. La direction est tout de même lourde, mais elle n’empêche pas de bien se placer dans la circulation urbaine. Ne chercher d’ailleurs pas à remonter une file, il est assez rare de voir autant d’espace entre deux voitures. Tant pis, en Midnight Star, il faudra être prêt à prendre son temps.
Une fois arrivé à destination, penser à bien repérer les places de parking. La plupart sont entre deux scooters et vous ne pourrez pas descendre décemment de la moto. Il reste bien l’option gymnastique, mais avec des bottes, un gros blouson, le casque, c’est loin d’être évident. La XVS n’est définitivement pas pour la ville. Allons alors faire un tour sur l’autoroute, enfin un terrain de jeu qui lui conviendra. Mais ne chercher pas la pointe de vitesse, le conducteur est très exposé au vent. Plus vite que 120km/h devient vite insupportable.
Pas pour la ville, pas vraiment pour les cols, ni l’autoroute, alors à quoi sert ce Cruiser ? Et bien à s’amuser sur route principale. Pour simplement voyager en profitant du paysage, seul ou avec un passager. C’est aussi la seule chose à faire aux Etats-Unis, le marché d’appel de la Midnight Star. Les ventes de Cruiser sont là-bas d’une telle importance que Yamaha y utilise le nom Star Motorcycles et y propose pas moins de 28 modèles ! En Suisse, il n’y a que trois modèles vendus. L’appellation américaine apparaît d’ailleurs sur la courroie de transmission finale. Là-bas, la VXS950A Midnight Star s’appelle simplement V-Star 950; bien moins japonais comme nom. C’est un peu le seul moyen de concurrencer Harley Davidson.
Mécaniquement, la Midnight Star est une réussite même en version limitée. Il manquera toujours de puissance ou de couple, cependant pas besoin de plus pour cruiser tranquillement. Le V2 à 60° de 942cm3 se montre généreux et volontaire dès le ralenti. Pas besoin d’utiliser la poignée de gaz pour redémarrer dans un mouvement de circulation. Très orienté pour l’optimisation du couple, l’absence de compte tour n’est pas importante. On pousse le rapport jusqu’à ce qu’une faiblesse se fasse sentir puis on engage le rapport supérieur. Avec la boîte en prise constante et la courroie, cette moto offre un grand confort. En effet, peu de vibrations ou d’à-coups se font sentir. Encore une fois question d’habitude, l’utilisation des deux sélecteurs de vitesse est étrange. Avec la pointe du pied, on descend les rapport et avec le talon on les montes. Classique du style, une fois mémorisé, les changements se font naturellement.
Les freins ne sont, pour moi, pas au point, le frein avant manque de mordant et le frein arrière est à actionner par une grosse pédale pour laquelle il faut faire un grand mouvement du pied droit. Je note, en passant, le vase d’expansion du liquide de frein arrière placé à côté de la pédale. Il est à peine plus haut que l’étrier de frein placé alors au plus bas du disque.
Pour une moto à l’américaine, l’échappement ne s’exprime qu’au ralenti. Et encore. En route, à part un cliquetis très présent que j’attribuerais au bridage, la XVS est très silencieuse. Pour trouver un silencieux à la sonorité agréable, Internet sera votre ami ; les Américains ont sûrement ce qu’il faut ; bien que non homologué. Le long tube chromé court sur la droite de la moto en passant pas bien loin de la jambe, mais les ingénieurs Yamaha ont pensé à une protection discrète et efficace.
L’échappement participe grandement à la ligne tirée et ramassée de la Midnight Star. Sur les flancs, tout est allongé, sauf la boîte à air. Les cylindres brillants et apparents sont repris par des caches plastiques, eux aussi brillants, tout en tranchant radicalement avec la fourche en partie couverte par un cache en aluminium poli. Les jantes ont un dessin intéressant, presque trop sportif pour le style. Ces dernières sont équipées de pneu Touring qui ont probablement une durée de vie accrue au détriment du grip ; inutile d’avoir des Diablo Corsa sur la V-Star.
L’unique phare rond et les deux clignotants en forme d’obus sont, eux aussi, dans le style, tout comme l’unique compteur rond à aiguille placée au sommet du réservoir. Le contacteur à clé aurait pu être placé ailleurs que derrière le phare, ce qui n’est pas très esthétique. La serrure pour libérer la selle est, elle, très bien intégrée. Tellement cachée que sans le manuel du propriétaire je ne l’aurais pas trouvée. Sur le côté gauche, un étrange cache brillant fait penser à un casque de vélo, certainement pour allier protection et aération.
La place arrière semble généreuse ; les jambes du passagers ne dérangeront pas le conducteur. Des reposes-pieds assez massifs et bien positionnés s’offrent au passager, tout comme l’épaisse selle au-dessus de la roue arrière. Je n’ai pas eu l’occasion d’essayer, cependant j’imagine la place arrière suffisamment confortable pour rouler une bonne distance.
Le style Cruiser est très loin de toutes les motos que j’avais essayées jusqu’à présent. Si vous avez grandi avec un parent qui vous en a fait profiter et que vous connaissez que ça, vous pouvez sans autre partir avec ce genre de moto à 18 ans. Peu connu, ce genre de motos est proposée bridée par de nombreuses marques et pas que japonaises. Si, par contre, vous souhaitez faire une première expérience de la moto, ce n’est pas la bonne approche. Le plaisir éprouvé aux commandes de la XVS est totalement différent de celui que l’on a sur une R6 ou une XT660X. J’ai pris du plaisir à conduire la Midnight Star, mais moins que la supermotard par exemple, c’est surtout une question de goût.