Des 3 grandes marques européennes qui ont de l’expérience en électrique, BMW Motorrad est la seule qui commercialise sa technologie. Triumph a montré un roadster, Ducati équipe la MotoE. Mais les allemands jugent que le public n’est pas prêt pour une moto électrique, ils réservent cette technologie à deux scooter, le CE-04 essayé précédemment et le CE-02 dont il est question ici.

ESSAI

BMW Motorrad commercialise des scooters électriques depuis 10 ans et le C-Evolution. Fort de l’expérience des voitures électriques de BMW, ils perfectionnent notamment l’architecture de leurs batteries. Avec des cellules identiques qui se répètent en plus ou moins grand nombre selon la taille de la batterie nécessaire. Ils font ainsi des économies d’échelle transversale entre l’automobile et la moto.

Avec le CE 02, BMW essaye de parler à un public différent. Ils l’ont lancé lors de la fête annuelle 2023 en même temps que le BMW MetaRide, un espace virtuel en 3D sur la plateforme Spatial. Une tendance que prise la nouvelle génération qui justement pourra conduire un CE 02 dès l’âge de 16 ans. N’ayant aucun moteur de moins de 400 cm3, l’électrique est un bon moyen de faire un véhicule compatible A1 dès 16 ans. Car dans cette catégorie, le véhicule ne doit pas disposer de plus de 15 chevaux.

Donc niveau puissance, on est limité à 15 chevaux ou à 5 chevaux dans une version réduite pour certains marchés. Le couple est bien plus impressionnant avec 55 Nm de couple disponible pratiquement dès le ralenti. Ça, le look urbain et dépouillé du CE 02 ne le montre pas. Les codes du design de la moto semblent être passés par la fenêtre. Un polygone central contient la batterie et le moteur, un monobras tient la roue arrière entraînée par une courroie et la roue avant est fixée par une fourche inversée pourvue d’un guidon assez haut placé au-dessus. L’éclairage dans son entier est à LED pour briller high-tech dans l’obscurité. Cet engin, on l’imagine bien dans un jeu vidéo, juste parce qu’il a un look décalé et pourrait s’intégrer dans un milieu futuriste.

Le modèle que nous avons sous les yeux dispose du pack highline, qui lui donne certaines options dont les sticker bleu pétrole, la selle et la fourche dorée qui sont bien visibles. Ce pack comprend aussi le support SP Connect pour smartphone, la connectivité Bluetooth, un 3e mode de conduite, les poignées chauffantes et un chargeur rapide externe.

Si on ne dispose pas de ce dernier, il faut sortir la batterie de sous la selle pour la brancher à une prise chez soi et n’avoir que 900W de puissance de charge. Avec le chargeur externe, on peut stationner près d’une prise, y relier le chargeur et connecter directement la moto pour charger avec 1500W. De 20 à 80% d’autonomie, il faudrait ainsi 1h40 de charge.

Ce CE 02 de 15 chevaux pèse quand même 132 kg, soit près de 30 kg de plus qu’une Honda MSX 125, également en ordre de marche. Pour le prendre en vacances dans la soute d’un camping car, cet embonpoint est handicapant. Mais ce genre de petits déplacements urbains, c’est exactement son rôle.

Entre ses roues de 14″ et son empattement court, ce scooter ou eParkourer, comme écrit sur le côté, est conçu pour la maniabilité mais pas la stabilité à vitesse élevée. D’ailleurs la vitesse la plus élevée que vous atteindrez, c’est théoriquement 95 km/h. Donc assez pour les autoroutes suisses, mais dans ce cas je me sentais vulnérable. Sur une semi-autoroute à 80 km/h c’était acceptable mais sans allonge.

Entre deux villes ou à l’extérieur de Garmisch lors du début de mon essai, je pouvais m’insérer dans le trafic, mais les voitures voulaient généralement me dépasser car la vitesse autorisée en Allemagne est de 100 km/h hors agglomération. Là bas je sentais des vibrations dès que j’excédais 70 km/h (visible sur la vidéo). C’est lors de la deuxième partie de l’essai, grâce à Facchinetti Motos, que j’ai expérimenté les routes suisses et sur cet autre véhicule je n’ai pas ressenti ces vibrations.

Grâce au Bluetooth, on peut relier son smartphone au scooter et l’avoir sous les yeux au centre du guidon. Avec l’application BMW Connected Ride, vous aurez une extension de l’affichage du petit écran TFT sur le téléphone. Mais vous aurez aussi la navigation gratuite. Il suffit pour cela de télécharger en Wifi la partie de carte souhaitée. Comme sur la BMW R12 NineT, le commodo gauche peut prendre le contrôle de l’application du téléphone, on s’épargne d’avoir à toucher l’écran avec ses gants. Bien pratique s’ils ne réagissent pas sur écran tactile.

Second mode de conduite, le mode Surf. La façon dont le couple est délivré me semblait identique, mais là il n’y a plus aucun frein moteur. On surfe sur la vague qu’on a créée pour se laisser porter plus loin. S’il faut ralentir ou s’arrêter, on actionnera les deux freins J.Juan situé de chaque côté du guidon. Un disque ø239 mm étrier 2 pistons à l’avant, ø220 mm et 1 piston à l’arrière. Comme l’autorise la règlementation, l’ABS BMW Motorrad n’est présent que sur la roue avant pour les véhicules de cette catégorie.

Troisième mode de conduite : le mode Flash. Là on dispose d’une accélération plus franche et d’un frein moteur augmenté. On ne touche pratiquement plus les freins. Ce mode là récupèrera plus d’énergie au frein et peut permettre de prolonger l’autonomie. Le mode Flash n’est présent que sur les véhicules qui disposent du pack highline.

Entre le premier et le second CE 02 testé, j’ai constaté qu’ils n’avaient pas la même selle. Celle du modèle de Garmisch est la selle confort, que l’on reconnait grâce à ses tons bicolore noir et bleu. L’autre modèle avait la selle highline, tricolore noir bleu et blanc. À l’usage, j’ai senti la différence de confort, même si l’usage de ce type de deux-roues n’inclut pas de longs trajets où le confort prend plus d’importance. La prise au vent décourage aussi de faire de longues distances. Si l’on opte pour le saute vent optionnel que j’avais en Allemagne, c’est plus pour une question de look car la différence n’est pas flagrante.

Son usage principalement urbain me convainc, mais le meilleur usage que je lui ai trouvé est pour se déplacer rapidement sur le paddock d’un circuit. À Magny-Cours pour les 500 Miles, j’en ai bien profité pour aller du paddock au différentes tribunes du circuit, dont Adélaïde et Château d’Eau qui sont à l’opposé. Compact et facile à utiliser, j’ai encore été convaincu.

Pour un véhicule de ce type, ce qui peut freiner les ventes dans un usage urbain, c’est l’absence de rangement sur le véhicule. BMW propose bien des sacoches latérales et arrières souples de différentes couleurs, ainsi qu’un topcase rigide qui peut être installé. Pas vraiment comparable à un rangement sous selle d’un scooter conventionnel.

Là où le bât blesse, c’est sur le prix. Avec la batterie de 5 ch. il coûte déjà CHF 7’700.- et la facture grimpe à CHF 8’700.- pour la version 15 ch. sans le pack Highline qui lui, est facturé CHF 980.- portant la facture finale à CHF 9’680.- hors accessoires.

Pour un véhicule qu’on imagine pour un jeune de 16 ans, c’est un budget énorme, surtout comparé au reste du marché. Ce tarif élitiste déplace ce CE 02 dans la catégorie de second deux-roues d’un motard déjà confirmé et aisé. Dommage, car le produit est abouti et intéressant.

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