Publié le: 29 juillet 2024 par Nida-Errahmen Ajmi
Roadtrip en Africa Twin Adventure Sport 1100 avec boîte DCT de 2024

La Honda CRF1100L Africa Twin Adventure Sport 2024 révolutionne l’expérience de conduite avec son système de transmission à double embrayage (DCT). Elle offre des changements de vitesses automatiques ou manuels ultra-fluides, attrayants pour les aventures tout-terrain et les longs trajets. Avec une détection de virage améliorée et une sensation plus naturelle au démarrage, le DCT transforme chaque trajet en une expérience simplifiée.

ESSAI

Je l’annonce d’emblée, la moto n’a pas été testée en tout-terrain. Ce modèle est particulièrement optimisé pour les longs trajets, d’où l’intérêt de partir avec roadtrip routier de la Suisse à l’Italie. Il n’empêche que dans certaines zones à Cinque Terre, le mode tout-terrain me fut utile. Mon collègue a précédemment essayé la Adventure Sport et il est allé un peu dans le terrain.

Du haut de mes 1m70 et avec mon poids plume, je craignais être trop petite et menue pour ce monstre de 240 kg. Je partais, en plus de cela, avec un passager et trois valises. J’ai pris place sur la selle normale et finalement, il n’a même pas été nécessaire de la régler plus bas. Selon le besoin, la selle d’origine à 850/870 mm peut s’abaisser à 825/845 mm ou s’élever à 875/895 mm. Le préjugé d’une Africa Twin trop haute tombe donc très vite aux oubliettes. Je pense même qu’une personne faisant 1m60 pourrait se débrouiller avec une selle basse. Comme en témoigne cette photo, j’avais vraiment les pieds à terre. La moto est certes large et lourde, mais j’ai trouvé que le poids était bien réparti.

J’étais curieuse de voir le comportement de ce moteur bicylindre en ligne. Il fournit aux alentours de 102 chevaux, respectivement 75 kW à 7500 tr/min. Concrètement, son tempérament variait selon le chargement et les modes que je programmais. Elle présente deux types de personnalisations : celles des modes de conduite gérées par le moteur et celles des modes de vitesse gérées par la boîte de vitesses.

En ce qui concerne les modes de vitesse, il y avait soit les modes automatiques qui changeaient tout seuls en roulant, soit le mode manuel où l’on peut changer les vitesses depuis le commodo. Eh oui, pas d’embrayage manuel ! Tous ces modes peuvent être changés en roulant, nul besoin de s’arrêter.

J’ai été impressionnée par l’optimisation de l’autonomie avec le mode Dynamique. Je pensais qu’en roulant à deux avec trois valises, j’aurais à faire un plein par jour pour une moyenne de quatre heures de route. Mais finalement, il fallait à peine plus qu’un plein tous les deux jours. Le réservoir a une capacité de 24,8 l et une consommation moyenne de 4,9 l/100 km.

Évidemment, les modes Sport consommaient plus que le mode Dynamique. Les rapports de vitesse montaient aussi tôt que possible et favorisaient ainsi une conduite douce et ultra-économe. Je déconseille le mode Dynamique dans les cols ou lorsque l’on double des véhicules car il est trop « doux » et empêche donc une accélération aussi rapide que nécessaire. Pour plus de réactivité, les modes Sport offrent des performances variées : le mode Sport 1 est plus vif que le mode Dynamique, le mode Sport 2 est un compromis, et le mode Sport 3 est le plus réactif, idéal pour les manœuvres serrées ou terrains compliqués.

Autrement, il est toujours possible de passer manuellement les rapports dans le mode automatique ou même de rouler entièrement en mode manuel. Si l’on change les rapports en étant sur un des modes automatiques, la boîte peut « refuser » de passer un rapport qui serait inadapté. Elle va également changer à nouveau le rapport pour suivre le programme électronique du mode sélectionné peu après.

Il y avait quatre modes de conduite : TOUR pour les longs trajets sur autoroute avec une puissance douce et stable, URBAIN pour une conduite agile et une poignée de gaz plus progressive, GRAVEL pour que la roue arrière puisse trouver de la traction sur les surfaces gravillonnées, et OFF-ROAD pour des performances maximales en tout-terrain grâce à des réglages de suspension et de traction optimisés. En plus de ces quatre modes préprogrammés, il y avait aussi deux modes USER que l’on peut entièrement programmer soi-même. Cela comprend les réglages de la suspension tels que l’amortissement et la précharge du ressort arrière, la réponse de l’accélérateur, le niveau d’intervention du contrôle de traction, et la configuration de l’ABS pour les freins. Sur l’écran de la moto, tout est présenté de manière intuitive, il est donc très simple d’ajuster le comportement de la moto suivant le contexte sur la route.

L’une des grandes qualités de ce modèle d’Africa Twin, c’est sa convenance pour les passagers. Le mien était très bien installé, le topcase est muni d’un petit dossier agréable et la selle est entourée de poignées ergonomiques. Bien que l’assise soit confortable, après 1h30 ou 2h de route, nous devions nous arrêter pour reposer nos fessiers… Eh oui, on n’y échappe pas avec l’Africa Twin.

Je conseille de bien programmer la précharge des suspensions, car cela aidera beaucoup la personne qui montera à l’arrière et l’épargnera durant les rebonds. Il est à noter que l’arrière est relativement haut. Donc, selon qui sera votre passager, il faudra l’aider à monter sur son siège. Le réglage des suspensions se fait instantanément à l’avant et à l’arrière de manière électronique. On peut régler pour 1 personne, 2 personnes avec ou sans valises.

Les réglages se font depuis le tableau de bord, soit de manière tactile, soit depuis le commodo à gauche. Ayant de petites mains, les boutons étaient parfois difficiles à atteindre, mais le plus difficile a été de nuit, en pleine obscurité. L’écran tactile fonctionne plutôt bien, mais parfois il faut insister en appuyant. L’avantage est qu’il fonctionne avec des gants.

Bien qu’il n’y ait pas de GPS intégré, la moto offre la possibilité de connecter son téléphone en CarPlay ou Android Auto. Les applications apparaissent alors directement sur l’écran de la moto et le volume du casque connecté est directement réglable depuis les boutons. Le téléphone se connecte soit par Bluetooth, soit par câble USB à droite de l’écran. Pour faire fonctionner CarPlay, il faut connecter un casque via Bluetooth. Ce qui est dommage, c’est que chaque matin je devais vérifier si la connexion fonctionnait toujours. Pour une raison que j’ignore, mon intercom SENA ne se reconnectait pas automatiquement.

Sur la route, la moto était légère et très maniable. Elle braque beaucoup (j’ai été agréablement surprise) et suit bien le mouvement si l’on ose se lancer. Il n’empêche que lorsque j’arrivais sur une pente, je demandais parfois à mon passager de descendre le temps que je fasse les manœuvres; avoir des valises était déjà assez lourd à l’arrêt ou en pente.

Dans certains recoins très difficiles où je me suis arrêtée en pente, j’ai demandé à être aidée en poussant la moto vers l’arrière. En étant chargée avec un passager et des valises, j’ai perdu l’équilibre en pente à l’arrêt à deux reprises. La moto s’en est très bien sortie ; les protège-mains sont conçus pour se détacher sans se casser en cas de choc. De ce fait, les deux freins (à gauche, c’est un levier de frein de stationnement) avant sont intacts et les protège-mains restent indemnes. Il suffit de les réemboîter après le choc. Ce côté résistant de la moto est très rassurant car, avec un tel poids ou en cas d’activités en tout-terrain, il n’est pas exclu que la moto tombe à l’arrêt.

Malgré ces péripéties, le poids de la moto est très bien réparti. Je m’en suis rendu compte en la roulant sans charge; elle devenait encore plus facile et agréable. J’avais des envies soudaines de l’utiliser en tout-terrain, alors que je n’en ai jamais pratiqué proprement. Je rencontrais l’aspect aventure de l’Adventure. Je me dis que si je me suis autant amusée avec une moto chargée à bloc, c’est que ça doit être incroyable seule. Et la version avec la roue avant en 21″ et le réservoir plus petit doit être encore meilleure.

Pour revenir en Suisse, j’ai pris l’autoroute et ai traversé tous types d’intempéries, entre le vent, la pluie et la grêle. Les protections contre les éléments de la moto furent une réelle bénédiction ; elles conféraient un réel confort et permettaient notamment de bien échanger avec mon passager. Nos intercoms SENA n’étaient pas obstrués par le son du vent.

Le seul défaut de la bulle est qu’elle doit être relevée avec les deux mains et ne peut donc être réglée en roulant. Le vent se faisait assez fortement ressentir sur l’autoroute, mais la moto restait stable. Il n’y a pas de mode pluie programmé à l’avance, mais on peut soit mettre le mode urbain, qui libère moins de puissance, soit programmer soi-même un mode de conduite adapté. Habituellement, j’ai du mal à personnaliser les modes, or sur cette moto c’est un jeu d’enfant. On peut régler la puissance des gaz, le frein moteur, l’ABS et même l’anti-patinage, qui peut être entièrement désactivé.

Merci à Honda Suisse d’avoir fourni cette moto en essai. Le retour à un roadster fut déstabilisant, car le confort de la moto et la boîte DCT sont si agréables qu’en une semaine, j’ai perdu les automatismes sur ma moto. Je peux dorénavant confirmer que les Africa Twin ne sont pas réservées aux grands et forts gabarits. Mon conseil est d’oser les grosses motos si ce sont celles dont on rêve; aujourd’hui, elles sont optimisées pour devenir accessibles et ultra-confortables.

GALERIE

BILAN

ON A AIMÉ :

Maniabilité exceptionnelle

Adaptabilité aux différentes tailles de pilotes

Autonomie impressionnante, même avec chargement complet

Confort et ergonomie pour le passager

Système de préchargement des suspensions efficace

Connectivité avancée avec Carplay/Android Auto

ON A MOINS AIMÉ :

Gabarit imposant demandant une adaptation

Boutons difficiles à atteindre pour les petites mains

Confort limité après de longues heures de route

Le CarPlay a quelques limites (nécessite parfois de reconnercter le casque, le second intercom entendait mal la musique)