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Voilà 7 ans que le Rallye des Garrigues n’avait pas eu lieu. Pour son grand retour au championnat, le DRAC (moto-club organisateur) a délocalisé l’épreuve à Clermont l’Hérault (34) au bord du magnifique Lac du Salagou. Si la région est magnifique et propose un terrain de jeu infini, les organisateurs ont dû composer avec les nombreuses contraintes imposées par les autorités. Ainsi, les concurrents restent sur leur faim en découvrant un parcours routier très (trop ?) court d’à peine plus de 300km et relativement répétitif, et deux spéciales très courtes, hélas interdites aux spectateurs par les autorités locales.
La spéciale de Valmascle (1,8km) est très technique avec pas moins de 4 épingles et a surpris plus d’un pilote lors du tour de reconnaissance. La spéciale du Col de la Merquière (1,9km) est très bosselée et se déroule dans un paysage de roche rouge digne d’un bon western.
Le premier départ est donné à 10h15. Bruno Schiltz et sa Suzuki GSX-8S partent grands favoris. Après un tour de reconnaissance qui permet de peaufiner les points de repères et les réglages de la moto, la bataille est lancée entre les ténors du Championnat. Dans l’ES1 de Valmascle, Vincent Jouanen (KTM 500EXC) et Christopher Auzoux (Triumph Street Triple 765 RS), séparés de seulement 12 centièmes créent la surprise en reléguant Schiltz à la 3e place à 1.17s. Dans l’ES 2 Col de la Merquière, le même duo est en tête mais en position inverse, avec 22 centièmes d’écart. La bataille s’annonce ardue. Benjamin Preudhomme (KTM 890 Duke) s’invite à la 3e place, seulement 5 centièmes derrière Jouanen !
Après un retour à Clermont l’Hérault pour une assistance de 35min, le combat reprend entre les ténors. La boucle effectuée en sens inverse envoie les pilotes dans l’ES 3 au Col de la Merquière. Schiltz, actuellement en tête du Championnat, remet les pendules à l’heure en scratchant la spéciale. Les 4 premiers se tiennent dans la même seconde. Après une courte liaison, les 4 prétendant à la victoire se retrouvent au départ de l’ES 4 de Valmascle pour une explication à la régulière. Le chrono a parlé, Jouanen scratch sa 2e spéciale, devant Schiltz à 0.16s, Auzoux à 0.39s et Preudhomme à 1.66s. A l’arrivée au parc de regroupement de Cabrières, on sent clairement que la tension monte entre les 4 pilotes. Chacun espère vivement remporter l’étape de jour ! Il reste un passage dans chaque spéciale pour les départager sur cette 1ère étape.
Malheureusement un souci technique avec le matériel de radio ne permettra pas de donner le départ à tous les pilotes dans les conditions de sécurité suffisantes. Alors qu’une petite moitié des pilotes a effectué les 2 dernières spéciales de l’étape, le reste des pilotes reste bloqué 2h au départ de l’ES 5 Col de la Merquière en attendant qu’une solution technique soit trouvée. Ne voyant pas d’issue rapide et sécuritaire, la direction de course prend la décision d’annuler les ES 5 et 6 et de faire rentrer les derniers pilotes sous le régime de neutralisation de course.
Au terme de cette étape 1 palpitante, c’est finalement Vincent Jouanen qui s’impose sur l’étape de jour avec 25 centièmes d’avance sur Christopher Auzoux et 1.39s sur Bruno Schiltz.
Un fois la nuit (et les feux additionnels) installée, les pilotes repartent pour la seconde étape à 21h15. Un peu plus de 100 km de nuit attendent les pilotes. À la vue de la première étape, tout le monde s’attend à ce que ça ferraille dur devant.
Dès la première spéciale de nuit (ES 7 – Valmascle), Schiltz fait parler l’expérience et s’impose devant Preudhomme et Jouanen, tous les trois dans la même seconde. Au Col de la Merquière, Jouanen reprend les commandes de l’ES 8 devant Preudhomme. Charlie Coulange (KTM 890 Duke) s’invite sur le podium de l’ES. Schiltz prend la 4e place à seulement 64 centièmes du scratch.
Il reste seulement 2 spéciales pour départager tout ce joli monde. De retour dans la spéciale de Valmascle pour l’ES 9, Benjamin Preudhomme continue à impressionner dans la nuit héraultaise, en s’imposant devant Coulange, Schiltz, Jouanen et Courtaud (KTM 890 Duke). Ces 5 pilotes se tiennent en 568 millièmes de seconde ! Christopher Auzoux semble plus à la peine dans la nuit, navigant entre la 4e et la 7e place sur ces 3 spéciales.
Un nouveau souci de radios mettra à mal le déroulement de l’ES 10, entrainant l’annulation de cette dernière spéciale du Col de la Merquière.
Au terme des 3 spéciales retenues, le résultat est relativement inédit, puisque Vincent Jouanen et Benjamin Preudhomme sont dans le même centième. Il a fallu reprendre les chronos au millième pour les départager. Jouanen s’impose donc sur cette étape de nuit en 3’43’’315 devant Preudhomme en 3’43’’317. Bruno Schiltz complète le podium nocturne en 3’43’’373. La promesse d’une belle bagarre a été tenue !
Au général de l’épreuve, c’est Vincent Jouanen (KTM 500 EXC) qui s’impose pour son premier rallye de Championnat de France, devant Bruno Schiltz (Suzuki GSX-8S) qui était invaincu depuis 2019. Benjamin Preudhomme (KTM 890 Duke) complète le podium et confirme ainsi son excellente progression cette saison. Notons aussi la performance de la locale Sonia Barbot, première féminine, qui rentre dans le top 10 en plaçant sa petite Yamaha R7 à la 8e place et 3e en catégorie Rallye 2.
Et nos pilotes suisses dans l’affaire ?
Ils étaient 5 motos et 6 casques au départ de l’épreuve. Comme tout au long du championnat, les vaudois Antoine Asfaux (Triumph Street Triple 765 RS) et Morgane Hannigsberg (KTM 690 Duke) étaient présents pour se battre sur le Trophée Européen. Le valaisan Jeremiah Destraz (Aprilia Tuono V4) roulait en duo avec sa passagère Sarah Vioget, tandis que les valaisans Lionel Gay-Fraret (Suzuki GSX-S Katana) et Patrick Avanthay (Ducati 1000 Paul Smart) se faisaient remarquer en faisant l’aller-retour sur le lieu de l’épreuve à moto, profitant de l’occasion pour se faire un joli road-trip à travers les Alpes et la Provence.
Sportivement, le duo Destraz/Vioget est contraint à l’abandon sur l’étape de nuit à la suite d’une panne électrique les privant de feux additionnels.
Morgane Hannigsberg (94e scratch), en tête du Trophée Féminin en abordant le rallye est victime quant à elle d’une panne électrique durant le prologue, la faisant pointer en retard au Contrôle Horaire de Valmascle. Une interprétation surprenante du règlement par la Direction de Course lui fera écoper d’une minute de pénalité sur l’étape 1, la reléguant à la 5e place féminine et européenne, juste derrière Patrick Avanthay (88e scratch) qui s’empare de la 4e place du Trophée Européen.
Lionel Gay-Fraret (31e scratch) et Antoine Asfaux (41e scratch) montent sur le podium du Trophée Européen, respectivement à la 2e et 3e place, derrière le belge Maxime Ancart (KTM 690 SMCR) qui signe au passage une excellente 21e place scratch.
Côté championnat, Bruno Schiltz maintient la tête du classement Elite avec 217 points, devant Benjamin Preudhomme (193 pts) et Christopher Auzoux (165 pts). Malgré sa victoire, Viencent Jouanen ne pointe qu’à la 6e place après son résultat blanc dans la Sarthe (blessure sur chute).
Pour nos suisses, Antoine Asfaux confirme sa 2nde place au Trophée Européen. Morgane Hannigsberg, 3e provisoire au Trophée Européen, perd de justesse sa 1ère place au Trophée Féminin, à la suite de cette décision litigieuse de la Direction de Course.
La finale du Championnat de France des Rallyes Routiers qui aura lieu dans moins de 3 semaines, lors du Rallye de Charente, s’annonce palpitante. Nous y retrouverons les combiers Morgane Hannigsberg et Antoine Asfaux qui se battront pour le titre féminin pour Morgane et Européen pour Antoine. RDV le 14 Octobre à Rouillac (16) pour le dénouement de ce championnat de courses sur route.