Publié le: 11 novembre 2023 par Laure Arbez
L’Ultra Rando Trail, un défi à tous les niveaux ! 

Pour sa première édition, l’Ultra Rando Trail a été un véritable succès ! Le grand sourire qui accompagne les cernes de tous les participants montre qu’ils ont été conquit par la formule. D’ailleurs, un bon nombre d’entre eux se sont déjà donné rendez-vous pour la prochaine édition.

L’ultra rando trail, qu’est-ce que c’est ?

Le principe est simple : 1200km, 48h !

Ça parait osé ? Mais spoiler alert, c’est possible !

Ce marathon du trail est organisé par Léandre, guide moto dans la région du Limousin. Il a réalisé deux boucles de 600km, composées à 65% de off-road. Pour avaler autant de kilomètres, la plupart des chemins sont roulants, même s’ils sont parfois parsemés de coquetteries en tous genre : racines, pierriers, bains de boue… de quoi s’amuser tout le week-end !

Pour ma part, c’est la première fois que je roulais dans cette région et j’ai trouvé les pistes très diversifiées. C’est agréable de pouvoir varier les modes de conduites en passant des chemins blancs roulants aux sous-bois plus glissants, aux descentes plus techniques.

État d’esprit

L’Ultra Rando Trail, est la plus longue randonnée trail, maxi-trail et trail classique. Pour réaliser ce défi, c’est avec Axelle que nous nous sommes données rendez-vous. Toutes les deux, nous avons été qualifiées pour représenter la France au GS Trophy 2024. C’est motivées plus que jamais que nous nous sommes challengées, pour apprendre à nous découvrir et faire plus ample connaissance, à rouler ensemble en étant connectées aux intercoms, à mettre à l’épreuve notre endurance sur de grandes amplitudes horaires de roulage et à opposer notre technique de conduite pour découvrir les points forts et points faibles de chacune. Bref, trouver notre complémentarité pour être un binôme redoutable !

Journal de bord

Voici un aperçu de notre week-end. Si vous demandez à une autre équipe, il sera différent dans les grande lignes… mais l’expérience restera la même : de l’endurance, de l’entraide et de la bonne humeur !

Samedi 21 octobre – Jour 1

KM0 – 05h00 – Départ

Après le petit-déjeuner servi au restaurant du camping, nous nous mettons sur la ligne de départ. Le GPS est en place, les traces sont chargées, la balise Owaka fournie par l’organisation est allumée, l’eau est dans le sac : tous les éléments sont réunis pour une bonne journée.

Les premières équipes commencent à partir et c’est dans la foulée que nous prenons le départ, au guidon de nos deux BMW R1250GSA. Au détour d’une intersection nous croisons Guillaume et Samuel, nous nous rassemblons et continuons cette aventure à quatre.

KM15 – 05h30 – Mise en jambe

Quelques kilomètres de bitume plus tard, nous attaquons notre premier chemin. D’après notre position GPS, nous nous éloignons doucement de la trace. Nous faisons alors demi-tour pour prendre l’autre intersection. Il s’agit d’une montée avec assez peu d’adhérence, nous faisons passer une moto après l’autre jusqu’à nous apercevoir que nous arrivons dans un cul-de-sac ! Nous voilà alors en train de rejoindre la piste principale… que nous n’aurions pas dû quitter ! Au final, nous y avons laissé 1h00 de notre temps, mais cela nous a permis de nous entraider de bonne heure : un gros plus pour la suite de l’aventure.

KM57 – 07h30 – Arrivée au premier check-point

Des ravitaillements sont prévus par l’organisation tout au long du parcours (environ un tous les 100 km), et 02h30 après être partis, nous voilà arrivés au premier ! C’est ici que nous retrouvons Didier, un participant qui s’est perdu entre deux check-points et qui va continuer la trace avec nous. Une belle team de 5 personnes, que nous allons garder jusqu’au bout.

Et il n’y a pas à dire, une boisson chaude et une friandise sucrée sont de sacrés carburants pour apprivoiser la journée qui nous attend.

KM82 – 9h00 – La lumière du jour

Nous avons pu admirer la lumière du jour faire son apparition, et ça tombe bien car nous arrivons dans des passages quelque peu boueux : c’est l’heure des premières glissades !

Nous enchaînons avec la traversée de sous-bois, des étendues de mousse verte recouvrent le sol, c’est magnifique !

KM129 – 11h00 – Le bourbier, un obstacle salissant mais plutôt marrant

Nous sommes en queue de peloton et donc le denier groupe à arriver sur ce bourbier plutôt… épais ! Les deux premières motos passent sans difficulté mais la troisième reste coincée au milieu ! Nous nous mettons à plusieurs pour sortir la GS de là, mais la boue colle bien et on se sent plus lourds en repartant.

Nous faisons passer les deux dernières motos sur le côté, c’est moins « risqué ».

KM194 – 13h30 – Pause repas

Quel plaisir de voir apparaitre ce stand au loin ! Il faut dire que ça fait déjà 8h30 que nous roulons, et nous sommes heureuses de pouvoir marquer ce temps d’arrêt avec les autres participants. C’est justement pour arriver au même moment que d’autres groupes que les organisateurs nous ont fait couper un bout de la trace.

La météo est plutôt bien par rapport à ce qui était prédit, mais cela ne nous empêche pas de faire chauffer nos gants sur le moteur, le temps de reprendre des forces.

KM314,3 – 18h30 – Un obstacle que nous n’avons pas vu venir

Nous entamons une belle descente caillouteuse, bien pentue au pied d’un viaduc, avant de repartir sur… une belle montée boueuse ! Nous laissons ici quelques gouttes de sueur et repartons plus légers au vu de toute l’eau que nous avons bu, mais nous sommes contents d’avoir réussi tous ensemble.

C’est de nuit que nous sortons de ce chemin.

KM315,3 – 19h45 – Le coup de la panne

Guillaume a laissé ses feux allumés le temps que nous sortions tous du chemin précédent, et cela a eu raison sur sa batterie. Nous sanglons sa moto à celle d’Axelle et tentons de démarrer à la poussette. C’est un succès ! Nous prenons la route pour rejoindre l’arrivée.

URT 24

KM375,3 – 21h30 – Fin du premier jour

Nous arrivons au camping et ne rêvons que d’une seule chose à ce moment-là : une bonne douche chaude ! Maintenant que c’est fait, nous pouvons rejoindre nos amis autour d’un bon repas et échanger sur cette première journée. En résumé : nous sommes très satisfaites !

Dimanche 22 octobre – Jour 2

KM0 – 05h00 – Départ

Après une courte nuit de 3h30, nous observons quelques abandons ce matin.

Sans nous poser de question, c’est les yeux encore un peu embués mais pleines d’énergie à revendre que nous reprenons notre randonnée !

KM40,4 – 06h45 – Entraide

J’ai raté ma trajectoire sur une montée, et ma moto a rejoint le talus. Rien de grave, mais on s’est arrêtés quelques instants pour la relever et revisser le rétroviseur.

En continuant dans les bois, nous voyons une lumière au loin : c’est Matthieu, participant de cette aventure qui roule en solo aujourd’hui, et qui se débat entre une ornière et un arbre. La tempête des derniers jours a eu raison de l’arbre et il prend maintenant toute la largeur du chemin. La première équipe arrivée devant cet obstacle a scié les branches pour dégager un passage, mais si on montait ce chemin par l’autre ornière, on pouvait mettre quelques temps à s’en dépêtrer. Nous l’aidons à passer et repartons de plus belle.

KM54,4 – 07h25 – Ravitaillement

Nous prenons le temps de nous arrêter à ce premier ravitaillement aussi bien pour nous réchauffer et nous requinquer que pour faire le plein d’essence quelques kilomètres plus loin. Nous sommes maintenant prêts pour reprendre notre randonnée !

KM70 – 08h00 – Des passages techniques

La différence avec la journée d’hier, c’est qu’il y a des indications supplémentaires sur la trace, précisant lorsque certains passages difficiles pointent le bout de leur nez. Et nous arrivons en plein dessus ! Il s’agit d’une descente quelque peu technique par rapport à d’autres que nous avons fait : il faut choisir sa trajectoire, ça stimule, c’est génial !

A la fin de la descente, nous sortons des bois et observons le jour qui commence à se lever

KM199,4 – 11h30 – Des passages humides

Le retour des sous-bois et des gouilles d’eau, pour notre plus grand plaisir avec Axelle ! C’est simple, lorsque nous avons le choix entre un chemin ou une flaque : nous, on fonce dans la flaque ! D’ailleurs, il se pourrait que quelques fois, cela se termine par un petit plongeon.

KM311,7 – 14h15 – Pause repas

Nous rejoignons par la route le spot de la pause repas, et Axelle en profite pour enfiler des vêtements secs : nous sommes prêtes pour affronter les nouvelles flaques qui pourraient apparaître sur notre chemin !

KM318,9 – 15h50 – Racines

Un peu après la pause, un passage technique nous attend. Nous pouvons faire le tour pour l’éviter, mais ce n’est pas notre style : nous tentons de franchir la montée enracinée avec nos 1250GSA. L’équipe organisationnelle qui n’était pas loin à ce moment-là décide de nous rejoindre pour ce franchissement. Être à plusieurs ici nous a fait du bien, nous l’avons ressenti comme une pause dans notre randonnée, avec toute la bonne humeur que chacun a apporté.

KM354,6 – 17h40 – Single

Nous nous engageons dans un magnifique tunnel fait de branchage. Le soleil de fin de journée laisse pénétrer quelques rayons à travers les feuilles, c’est sublime. Une planche de bois posée au sol sert de pont pour traverser une petite rivière et nous arrivons à nouveau devant un arbre tombé suite à la tempête. Cette fois-ci, il est inutile de couper les branches, nous pouvons le contourner.

KM389,6 – 19h40 – Priorité aux animaux

Il fait nuit, cela fait quelques dizaines de minutes que nous sommes repartis du dernier ravitaillement et un fil dressé nous stoppe lors d’une intersection entre deux chemins : nous croisons un agriculteur qui change ses vaches de pré. Nous attendons une vingtaine de minutes que ces dames traversent, avant de reprendre notre route.

KM445 – 21h35 – Arrivée

Nous voilà arrivées ! Nous sommes accueillies par Léandre, l’organisateur et Arnaud, qui nous remettent les médailles. A ce moment-là, j’ai du mal à imaginer tout ce que nous avons vécu en 48h, mais je sais une chose : je suis heureuse !

L’heure du Bilan

Quel bonheur d’avoir vécu cet événement ! Au total, Axelle et moi avons parcourus 820,30 km en 31h30, le tout en dormant 7h00 en 2 jours.

Nous avons su garder un bon rythme tout au long de la journée, la fatigue ne s’est pas fait ressentir, sauf lors de succession de pistes très roulantes ou de portions de route pour rejoindre les pauses repas, mais globalement nous sommes fières de notre endurance, que nous avons mis à rude épreuve. Nous n’avons pas faibli non plus sur nos prises de décisions lors de passages plus techniques, et le manque de sommeil ne nous a pas handicapées, même si en regardant les photos après-coups, nous pouvons voir de belles cernes.

En bref : nous sommes heureuses d’avoir pris le temps de faire des pauses, d’avoir transpiré dans certains bourbiers et surtout d’avoir bien rigolé sur certaines chutes ou certaines actions cultes !

Ce qui a beaucoup contribué à ce beau week-end, c’est également tous les membres de l’organisation qui étaient aux petits soins pour les participants :

  • Points de ravitaillement avec boissons chaudes
  • Véhicules d’assistances avec la présence de Mecastore qui avait un stock de produits pour réparer une crevaison ou tout autre souci mécanique
  • Balises médicales et mécaniques qui permettaient aux organisateurs de toujours savoir où les participants se trouvaient

URT, 3 lettres promises à un grand avenir !

L’Utra Rando Trail est un défi ouvert à tous : tous les niveaux, toutes les motos Trail, tous les âges. Le but est de se challenger et jauger son endurance, en enchainant jusqu’à 36h00 de motos sur les deux jours. Mais là encore, rien n’est obligatoire ! Tu peux à tout moment couper la trace, rentrer plus tôt, et quand même vivre une expérience hors norme.

L’état d’esprit ? C’est que peu importe le nombre de kilomètres engloutis ou le nombre d’heures roulées : tout le monde est finishers ! À toi de voir si tu participes à cet événement pour terminer à tout prix la rando, si tu souhaites te challenger et voir ce dont tu es capable dans ce ratio temps de sommeil/temps de conduite, ou si tu souhaites tout simplement prendre le temps de découvrir les pistes du Limousin.

Le mot de l’organisateur

Avec les copains Thomas, Pierre-Alexandre et Gaël, qui m’aident avec l’association, on aime beaucoup rouler. Et comme il n’existait rien en France avec des distances aussi longues, nous avons décidé de créer cet évènement 48h, 1 200 km.

L’URT, qui était à la base une idée un peu foireuse, est né ! Il faut voir ça comme courir un Marathon ou se préparer pour une épreuve d’endurance. Dans notre cahier des charges nous voulions que les chemins soient accessibles aux maxi-trails et éviter les difficultés (il y en a quand même un peu pour ne pas s’ennuyer) pour que tout le monde puisse finir. Tu peux rouler à 35 km/h de moyenne et finir la trace, on n’est pas du tout sur un esprit compétition rallye, plus sur un délire gros week-end d’overdose de off-road. Le gros challenge est plutôt la distance puisque l’on est sur un tracé à 65% off-road. Il faut rester concentré très longtemps. C’est plutôt un événement pour les personnes qui ont l’habitude de rouler et qui ont envie de faire un délire seul (tu vas te faire des amis) ou entre potes.

On a mis l’événement en ligne pour voir s’il y avait des gars assez cramés et masos pour faire ce genre de choses et, à notre plus grande surprise, il y en a quand même un paquet !

Le jours fatidique approche et la météo s’annonce très humide, histoire de faciliter la tâche à nos très estimés beta testeur du 1er URT.

On accueille tout le monde, ça vient de Belgique, de Suisse, du sud de la France… Tous très sympathiques et parés à en découdre avec les chemins, la météo, la pluie, le froid, le manque de sommeil, les crevaisons, … Des toxicos du off-road les gars je vous dit !

On a mis en place des ravitaillements en eau et nourriture tout le long du parcours (en moyenne tous les 100km). Les stations essence sont indiquées sur la trace, le but pour nous étant que les participants ne pensent qu’à rouler et à faire le plein de carburant. Nous on s’occupe du reste. On a installé des balises Owaka pour pouvoir localiser tout le monde et leur suggérer des raccourcis (trace générale en trèfle) pour que tout le monde puisse arriver dans les meilleures conditions.

Pour nous, le but est d’avoir 100% de finishers ! En gros tu viens, tu fais ce que tu peux et même si tu ne fais « que » 800 km ou 1000 km c’est déjà énorme !

C’est bon les premiers partent à 5h, il pleut histoire d’annoncer la tendance de la journée.

Côté organisation, nous nous déplaçons avec les fourgons aux check point pour accueillir tout le monde et nous attendons avec beaucoup d’impatience les premières réactions des participants : apparemment c’est gras ! Mais tout le monde a le sourire et ça va être comme ça tout le week-end. La première journée se passe, tout le monde joue le jeu. Le lendemain, étonnement, le réveil est un peu plus difficile ! La météo va être plus sympathique pour cette dernière journée.

Les premiers finishers arrivent, tout le monde a le sourire, ils ont tous fait quelque chose qui sort de l’ordinaire, le sentiment de s’être dépassé !

Félicitations à vous !

Pour l’année prochaine, nous allons réitérer l’événement très certainement fin septembre. On a hâte d’y être encore une fois avec vous !

Je tiens à remercier : Gaël, Thomas, Jean-Baptiste, Pierre-Alexandre,  Arnaud (Mecastore.fr), Maxime, Axelle, Laure, Sonia, Donaig, Matthieu (Matt adventure) et surtout les participants ! Sans qui, cet évènement ne serait resté qu’une idée foireuse ! À l’année prochaine les toxicos du off-road !

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À propos de Laure

Motarde depuis 2015, j’ai commencé en roadster avant de vouloir continuer mon aventure même lorsque la route n’est plus goudronnée et prendre un trail. C’est devenu plus qu’une passion qui m’a amené à participer à des nombreux stages et même aux sélections pour le GS Trophy en 2021. Plus à mon sujet sur la page de l’équipe.