NEWS
Samedi 14 et 15 septembre 2024 au Castellet a eu lieu la course finale de la saison 2024 d’endurance Moto. Après une semaine d’essai principalement à la merci du mistral qui a fait souffrir physiquement les pilotes, le départ est donné à 15h dans une belle après-midi sans vent. La température est idéale, pas étouffante comme c’est parfois le cas. La BMW n°37, après une pointe de vitesse à 350.7 km/h, avait signé la pole en 01:52:049. La deuxième place était occupée par le champion, le YART, et le SERT à sa poursuite.
Après un excellent départ, Gregg Black s’est emparé de la tête de course dès le premier virage. Notez en plus qu’il revient de blessure, il s’était fracturé le poignet aux essais à Suzuka. S’en est suivi un duel avec Corentin Perolari sur la Honda #4 du Tati Beringer Racing. Ce n’est pas pour autant que l’équipe Yoshimura SERT Motul s’est laissée distancer.
Peu avant la fin de son premier relais, c’est l’équipe officielle Yamaha qui doit faire face à un problème majeur : son pneu arrière s’est décomposé, des couches de gomme se sont séparées en venant endommager la coque arrière et le garde-boue. La R1 du YART est contrainte de retourner au box pour réparer durant de longues minutes, reculant à la 42e place. La structure autrichienne a perdu toute chance de ceindre une seconde couronne mondiale consécutive avant qu’un de ses pilotes de longue date, Niccolò Canepa, prenne sa retraite.
Un relais plus tard, c’est la moto n°5, la F.C.C. TSR Honda France avec Josh Hook au guidon qui rencontre le même problème que Yamaha avec son pneu Bridgestone. Dix minutes de réparation dans le box et leurs espoir d’enfin gagner une course cette saison sont douchés. Seule l’équipe Yoshimura est équipée des mêmes pneus ! Jamais deux sans trois ? Ce genre d’événement pourrait mettre un terme à leurs espoirs de titre, après une victoire au Mans, une deuxième place à Spa et une troisième place à Suzuka. Ce qui serait un échec.
Bridgestone réagit rapidement et retire le pneu le plus dur de l’allocation. La température va progressivement baisser, ce qui permettra de faire les relais restant avec des pneus en gomme moyenne sans faire moins de tours pour autant.
À l’abri de ces questions de pneumatiques, BMW avec sa moto officielle a squatté les 5 première places durant près de 50 tours. Tour 49, elle accroche la deuxième place dans le sillage de la Suzuki n°12. Elle a droit à la tête de course à chaque fois que l’équipe française sort changer de pneu et remettre du carburant. La stratégie de son poursuivant étant décalée d’un à deux tours, elle rendait ensuite la première place pour remettre un train de Dunlop. Cet échange a duré pour les 300 tours qui ont suivi. Etienne Masson, Dan Linfoot et Gregg Black maintiennent un rythme élevé mais prudent en bon leaders de course.
Finir coûte que coûte
À 2h34 du matin, Hannes Soomer le pilote estonien qui remplace Sylvain Guintoli forfait sur la 37 pour raison familiale, chute. Elle revient malgré tout au box pour être réparée, mais Hannes est blessé et ne peut continuer de piloter la M 1000 RR EWC. Illya Mykhalchyk et Markus Reiterberger doivent terminer la course à 2, un défi pour leur organisme. En temps normal les pilotes font 8h en piste chacun, après 12h de course il en restait alors 6 pour chacun.
Derrière les deux machines d’usine, deux autres équipes se disputent une place dans le top 3 : Honda Viltaïs Racing et Yamaha KM99. Dans la nuit, Tati Team Beringer Racing et Team Bolliger Switzerland connaîtront l’infortune, les contraignant à l’abandon. Après ses réparations requises après le 2e relais, la Honda n°5 a doucement fait son chemin jusqu’à la 8e place.
Dans le dernier tiers de course, la Honda 333 pourtant bien placée rencontrera des problèmes moteurs et terminera la course poussée par son pilote pour franchir la ligne d’arrivée. Après la chute peu avant la mi-course, la 37 et ses deux vaillants pilotes resteront longtemps au contact occupant la 2e place. Ce n’est qu’à son 569e tour qu’elle fléchira pour progressivement se placer 7e mais remontera à la 5e place, accusant un retard de 19 tours sur le leader.
La KM99, avec son effectif de pointe composé de Randy de Puniet, Jérémy Guarnoni et Florian Marino, décroche son premier podium en EWC, sur la seconde marche. La 3e marche est également occupée par une Yamaha, la n°1 du YART qui a su se frayer un chemin de retour au sommet depuis la 42e place. Une vraie performance pour Marvin Fritz, Karel Hanika et Niccolò Canepa qui prend sa retraite sportive au terme de cette saison.
L’équipe F.C.C. TSR se résoudra à abandonner après une nouvelle panne en piste, 2024 sera une année à oublier pour l’équipe franco-japonaise.
Yoshimura SERT Motul inscrit pour la 20e fois le nom du constructeur Suzuki au palmarès du Bol d’Or, c’est son deuxième titre de champion du monde après celui de 2021, son 11e si on tient compte des 9 accumulés alors que l’équipe était seulement connue sous le nom de Suzuki Endurance Racing Team, avant que la marque ne se retire officiellement de toutes les disciplines motocyclistes (dont le MotoGP, en finissant avec un titre). On notera aussi un nouveau record de 737 tours fait en deux tours d’horloge, pas mal pour une sportive qui n’est plus au catalogue depuis des années.
Petite histoire dans l’histoire, la moto 53 était alternativement pilotée par un suisse qui a terminé deux fois vice-champion de France Promosport : Greg Monaya. Le genevois a été contacté par Mana-au Competition qui était en mal d’un pilote pour la course. Ne connaissant pas du tout la Honda, ni les pneus Dunlop, il a dû se familiariser durant les essais et les qualifications du mardi au vendredi. Il terminera à la 13e place au général, 7e EWC.
L’histoire en Superstock
Retour au vendredi précédent la course. Les 3 SST les mieux placées sont des BMW M1000RR, celles de TECMAS, la jeune équipe Hungarian Endurance Racing Team, et l’équipe japonaise Team Etoile; respectivement à la 10, 11 et 12e place. En début de course, les deux premières ont bataillé pour leur place tout en jouant des coudes avec les EWC. L’équipe composée de Kenny Foray, Jan Bühn et Loïc Arbel a même parfois pointé à la 4e place.
Partie 18e, l’équipe National Motos Honda FMA est arrivée comme leader de la Coupe du monde d’Endurance FIM. Victorieuse au Mans, deuxième aux 8h de Spa-Francorchamps et 5e SST à Suzuka (une des rares équipes à avoir fait ce déplacement !), ils n’ont pas à prendre trop de risque à s’accrocher en tête de course pour espérer être champion. La tâche sera aux frères suisses Sébastien et Valentin Suchet de garder un bon rythme avec Guillaume Raymond durant les 24h de la course.
La course superstock sera longtemps animées par les équipes suivantes :
- Tecmas MRP BMW Racing Team
- Team Aviobike by M2 Revo
- Chromeburger-RAC-41-Honda
- Team Étoile, du TRT27 AZ Moto
- Team 18 Sapeurs Pompiers CMS Motors
La BMW engagée par l’équipe hongroise abandonnera dès le 80e tour, suivie par TECMAS à 380 tours et enfin Team Etoile à 574 tours. Une mauvaise course pour le constructeur allemand en SST, aucune n’est classée.
Le Team 18 Sapeurs Pompiers CMS Motorstore fait une très belle course avec ses 4 pilotes : Enzo De La Vega, Baptiste Guittet, Maxim Pellizotti et Mathieu Gines. Ils terminent au sommet du podium, en ayant fait une course basée sur la régularité alors que les motos mieux qualifiées ont toutes abandonné.
Chromeburner-RAC 41-Honda, toujours dans la course pour le titre à la fin de la course, doit marquer 4 points de plus que National Motos s’ils veulent remporter la coupe. Ils font une course en occupant entre la 6e et 13e place et termineront 6e du classement général, tout juste pas suffisant pour coiffer l’autre Honda sur le poteau. Sur le podium SST du Bol D’Or, la 3e marche est pour TRT27 AZ Moto qui suivait la 41 déjà au départ.
Souvenez-vous en 2023, National Motos Honda sont passés à côté du titre pour un souci technique dans les 20 dernières minutes de course. Cette année, ils tiennent enfin leur titre ! Deux Vaudois, Sébastien et Valentin Suchet, auront droit à la réception par la FIM en fin d’année comme les autres champions du Monde des diverses compétitions motocyclistes. Une prouesse où on aime chaque fois souligner que ces pilotes ne peuvent pas s’entrainer dans notre pays. Bravo à eux et leur coéquipier Guillaume Raymond pour ce titre !
Valentin Suchet confiera aux organisateurs du championnat EWC : « Honnêtement, cela a été une course très dure, surtout mentalement. On est arrivés en pensant que ce serait simple, sans pression, qu’on devrait juste faire notre course – mais ça ne s’est pas passé comme ça. Cela a été comme des montagnes russes d’émotions. Pour commencer, on a cru qu’on avait juste un souci technique majeur. On a concédé un tour, pas trop grave, on est repartis… Puis on a eu un autre souci, puis un autre, puis un autre – puis la chaîne, puis le radiateur et tout ce qui va avec. Après le bris de chaîne, j’ai endommagé le shifter, j’ai dû le remonter et ça a endommagé l’étrier de frein. Quand je suis revenu pour la troisième fois [au stand] et reparti pour la quatrième, j’avais les larmes aux yeux sous mon casque. On était épuisés, complètement vidés, et dans ma tête, je me disais que c’était foutu. Un cauchemar absolu cette course, mais au final, on est récompensés pour tout le dur travail fourni ces deux dernières années.”