ESSAI
Dans nos villes, le XMAX est incontournable. Existant en 125 et en 300, Yamaha en écoule une centaine par année et ce, depuis longtemps. La 5e génération reprend un look efficace qui a déjà fait ses preuves : une partie verticale à l’avant et un boomerang d’une roue à l’autre qui intègre à gauche le moteur, à droite le silencieux. L’ensemble est compact et bien agencé, il n’y a pas d’élément qui dépasse de trop.
Toute la face avant est refaite pour mettre en valeur un nouvel éclairage entièrement à LED qui montre un X. Idem à l’arrière, les optiques sont redessinées selon le même principe. Jusqu’à présent, les clignotants étaient intégrés aux flancs avant, en position basse. Pour gagner en visibilité, ils ont migré de part et d’autre du saute vent, bien en vue des rétroviseurs des rétroviseurs de ceux qu’on suit. Derrière, ils s’intègrent aux blocs optiques existants en toute discrétion.
Les XMAX se tient sur un châssis tubulaire en acier, il est assez bas, mais pas autant qu’un scooter de conception conventionnelle et urbaine qui aurait un plancher plat. Entre les pieds du conducteur se retrouve un tunnel central abritant la trappe à essence et, sur le Tech Max, s’habille de pièces en plastique noir mat mais aussi brillant. Très exposée, cette zone subira le passage des pieds du pilote tout au long de son existence et je doute qu’elle reste aussi élégante.
Parmi les améliorations souhaitées par les clients du modèle de 4e génération, deux sont particulièrement importantes : le freinage, l’assise et ce qui en dépend. Côté frein, les clients reprochaient au système de n’être véritablement efficace qu’en allant au bout de la course des leviers. Le frein arrière reste le même, le levier de frein avant et son maître-cylindre sont réétudiés pour plus d’efficacité et rester facilement dosable pour un néophyte.
La selle joue un rôle important notamment pour deux choses : le confort d’assise mais aussi la façon dont on pose les pieds au sol. La précédente était faite d’une mousse qui offrait moins de maintien et elle avait une forme large entre les cuisses qui retirait quelques centimètres d’accès au sol. Ainsi, deux hauteurs de selle identiques peuvent poser un problème ou non à un conducteur plus petit. La forme plus fine en un endroit stratégique rend la version 2023 des XMAX plus accessible.
Révolution double tableau de bord
Le TMAX 2022 a instauré cette nouveauté, un scooter capable d’afficher la navigation sur un écran couleur grâce à un smartphone. Les versions Tech Max reprennent cette possibilité grâce à deux affichages superposés : le plus près de la route dans le champ visuel est un LCD simple qui donne la vitesse, la jauge de carburant et le trip partiel ou l’ODO-mètre. Plus bas, un TFT couleur de 4.2″ montre tout l’infodivertissement du scooter mais aussi du smartphone uniquement avec une connexion bluetooth. Il n’y a d’ailleurs pas de prise USB, il faudra se brancher sur le 12v avec un adaptateur. De base, on a un compte-tours, un diagramme de consommation de carburant qui n’apporte pas grand-chose et un sommaire d’informations de roulage (températures, tension de batterie, durée de trajets, il ne manque rien).
Dès qu’un téléphone est connecté, on peut accéder à la musique qu’il contient ou même lire des notifications à l’arrêt. Deux applications gratuites sont utiles dans ce cas : Yamaha MyRide et surtout Garmin StreetCross. C’est cette dernière, une fois connectée à un scooter compatible, qui vous donne gratuitement accès aux cartes de navigation. Après activation, les cartes restent accessibles sur le portable et on peut télécharger les zones qui nous sont utiles.
Si on opte pour le XMAX 125 et 300 normaux, un seul écran LCD regroupe les informations. Il y a une connectivité bluetooth mais restreinte à la réception d’appels et afficher le niveau de batterie.
En scooter à Milan, une expérience
Notre hôtel est au centre du quartier d’affaires plutôt moderne de Milan, au pied de la tour UniCredit. Notre journée d’essai du XMAX 300 Tech Max débute forcément par nous extraire de cet environnement. Ayant expérimenté la circulation parisienne, il faut y ajouter une dose d’indiscipline pour se représenter la situation milanaise. Imaginez qu’une portion de route était fermée pour y faire des photos, à grands renfort d’interdictions de stationner des voitures sont quand même allées se poser SUR le giratoire. Idem pendant les photos, des voitures sortaient d’une voie qu’elles empruntent en sens interdit, sous les yeux de la police qui bloque justement la circulation. C’est normal à Milan.
D’emblée, je constate qu’on pose plus facilement les pieds au sol qu’avant. La nouvelle forme de selle joue son rôle, rassurant surtout lors d’arrêts imprévus. Dans la circulation dense, le groupe se faufile difficilement. Garder 9 personnes groupées avec des feux capricieux, des carrefours déjà surchargés, des trams dans toutes les grandes artères, cela relève du défi. On exploite les espaces et on met à profit la maniabilité de nos scooters.
L’angle de chasse est aigu, donnant une direction proche de la verticale. Avec un angle de braquage généreux on manœuvre aisément à l’arrêt et à basse vitesse. Cependant, il faut quand même prendre garde à la largeur du moteur ou du silencieux. Si l’avant passe, il faut rester bien en ligne pour ne pas ramasser un pare-choc en tournant trop serré.
Le parcours de gymkhana pour sortir d’une métropole comme Milan est exigeant, heureusement j’y trouve une certaine facilité aux commandes du XMAX. Son moteur réactif permet de s’adapter rapidement à la situation notamment grâce à des accélérations vives. Il répond vite à la rotation de la poignée, progressive et précise.
Les rétroviseurs sont montés sur de nouveaux bras en aluminium, plus esthétique que l’habituelle tige en acier pliée, mais ceci ne change fondamentalement rien à la rétrovision pour le conducteur. En revanche, le déplacement des clignotants en position haute semble maintenant évident, pourquoi ne pas y avoir pensé avant. Je cherche à voir la zone où étaient les clignotants avant sur mes collègues qui me suivent, autant dire que c’est compliqué. Un petit changement qui aura des conséquences positives sur la visibilité des conducteurs.
Le trafic se disperse peu à peu lorsque nous approchons de la ville de Monza au Nord-Est de la Milan. On se déplace plus longtemps à vitesse stabilisée, profitant un peu plus de la stabilité du XMAX. Il arrive que des scooters soient déséquilibrés, à l’image de l’antique PX125 qui penche sérieusement, mais ce n’est pas le cas du nouveau Yamaha. Il maintient sereinement son cap grâce à la répartition gauche/droite des masses.
On nous propose maintenant une partie sinueuse rapide, où le potentiel du 300 sera mis à l’épreuve dans son ensemble. Autant le moteur, que la suspension ou les freins sont sollicités à répétition. Ma première impression de ces derniers était bonne, et malgré l’absence de double disque à l’avant, cette impression s’est confirmée. Le frein arrière remplit bien son rôle et surtout le levier de frein avant redessiné évite de venir toucher la poignée lors de freinages appuyés. La progressivité de ce système est convaincante et saura satisfaire autant les nouveaux utilisateurs que des motards convertis habitués aux commandes très réactives d’une moto.
En tant que scooter sportif, le XMAX est pas mal sur l’avant. Il est précis à inscrire en courbe, stable sur l’angle et le contrôle de traction veille pour ne pas se faire surprendre en perte d’adhérence à l’accélération. En poussant un peu le rythme, obligé d’engager le haut du corps pour compenser l’absence de contact entre les jambes du pilote et le véhicule pour transmettre de la force. Rien d’anormal pour ce genre d’engins.
Lors de la matinée en ville, j’étais choqué par la souplesse de la fourche. Chaque freinage de l’avant se traduit par une plongée plutôt importante. C’est assez perturbant, voir désagréable. On peut réduire l’effet indésirable en utilisant davantage le frein arrière, mais la souplesse subsiste. La suspension arrière est plus ferme, mieux préparée pour accueillir un passager. Ces amortisseurs sont réglables en précharge si besoin.
Il y a 3 espaces de rangement sur le XMAX: deux casques intégraux trouvent leur place sous la selle, il y a un vide poche verrouillable à gauche et son jumeau à droite du tablier qui ne se verrouille pas. Si je parle ici des rangements, c’est parce qu’en roulant par inadvertance sur deux nids de poule conséquent, le choc a été tel que le vide-poche droit s’est ouvert. Celui-ci tient fermé qu’avec une languette plastique et s’ouvre facilement. De plus, l’ajustement du panneau n’est pas exceptionnel, avec le jour laissé à gauche, je doutais parfois d’avoir fermé le clapet ou non.
L’atout du Tech Max, c’est son écran qui permet plus d’interaction avec son smartphone que la normale. Une fois réussi à connecter mon propre appareil, avec la carte de la région téléchargée, l’image s’affiche rapidement. Au moyen des boutons à gauche du guidon, on peut choisir d’accéder à sa musique ou ses notifications; mais lors de mon essai j’avais quelques difficultés. L’utilisation des boutons n’est selon moi pas assez intuitive pour être adoptée en 1 journée.
Ce que je trouve bizarre, c’est de ne pas avoir de prise USB sur le scooter alors que la connexion du smartphone est au centre des attentions. Il faut ajouter un adaptateur sur la prise 12V de rangement de gauche pour avoir un USB. L’autre interrogation, c’est sur l’importance d’avoir le GPS. En grande partie, le scooter sert pour le trajet maison/travail, trajet qu’on est habitué à faire. Par conséquent, pas besoin d’être guidé.
Pour terminer l’essai, le groupe emprunte l’autoroute qui mène à la périphérie de Milan depuis le lac de Côme. Homologué pour 138 km/h, c’est tout ce qu’il faut pour ce genre d’exercice. Ce qui manque un peu, c’est la protection au vent car tous les saute-vents sont en position basse. Pour le remonter de 50mm, il faut sortir les outils, un réglage en roulant aurait été pratique. Pour l’utiliser en Suisse, où faire un bout d’autoroute pour aller travailler ne semble pas rare, un régulateur de vitesse me semblerait plus utile que le GPS.
Côté autonomie, les 120 km parcourus ont consommé près de 4 lires. Donné pour 3.0 l/100 km, on est légèrement au-dessus sachant qu’on a roulé dans Milan très congestionné puis à vive allure sur autoroute. Deux facteurs aggravants pour la consommation. Avec 13.2 l dans le réservoir, on aurait une autonomie théorique de 400km en version 300 cm3 et même 500 km avec le 125 cm3 qui a le même réservoir. Il y a même un système Start&Stop sur le 125 qui évite de consommer lorsqu’on est à l’arrêt.
Affiché CHF 7’890.-, c’est un tarif conforme à un scooter 300 cm3 haut de gamme. Si on est sensible aux atouts de la version Tech Max, ou si on craque sur une des deux couleurs exclusives, le prix se justifie. Le XMAX 125 Tech Max a les mêmes atouts mais on peut se tourner vers la version de base qui roule tout aussi bien mais il ne manque à mon sens que la selle plus confortable.
GALERIE
BILAN
ON A AIMÉ :
Moteur vif
Bruit maitrisé
Plus confortable
Plus adapté quand on est petit
ON A MOINS AIMÉ :
Fourche qui plonge trop
GPS/Musique/Notification peu intuitif à utiliser
Rangement droit qui s'ouvre trop facilement