Publié le: 13 juillet 2024 par Patrick Schneuwly
Moto Morini Calibro: essai du nouveau cruiser 30 ans après l’Excalibur

La marque italienne Moto Morini ajoute à sa gamme un cruiser appelé Calibro. Le moteur est semblable à celui de la X-Cape et de la Seiemmezzo (6 1/2) mais réalésé à 693 cm3 pour profiter d’un peu plus de couple. Concentré sur l’essentiel, il n’y a pas de mode de conduite ou de connexion bluetooth. Simplement un cruiser au look soigné pour faire défiler les kilomètres.

ESSAI

Pour resituer la marque Moto Morini, c’est un constructeur italien apparu en 1934 qui était établi à Bologne avant de déménager à proximité de Pavie en Lombardie. Toutes ces années, les motos étaient assemblées dans leur atelier, avant que la fabrication soit délocalisée en Chine dès 2018 pour être compétitif sur le marché. Le R&D, le prototypage et le design continuent d’être fait en Italie, pour rester proche des préoccupations du marché européen. Les deux modèles déjà vendus sont la X-Cape et la Seiemmezzo, des « grosses cylindrées » de 650 cm3 si elles devaient être vendues en Chine.

C’est donc en interne que le projet Calibro est né. Trente ans après la Excalibur 500, la marque remets un modèle cruiser sur la route avec un moteur déjà bien connu mais légèrement adapté : c’est le bicylindre en ligne calé à 180° et qui existe déjà en 650 cm3. La marque nous a confié que ce bloc est fabriqué par CF Moto et réalésé à 693 cm3 à leur demande. Le dessin initial de ce moteur serait celui de la Kawasaki ER6 mais sans que la marque ne le confirme.

Moto Morini mise sur un design épuré qui s’inspire des standards du segment. La simple élégance d’un unique phare rond avec un discret habillage, avec un réservoir en acier de la forme d’une goutte d’eau, des carters moteur usinés pour mettre la mécanique en valeur et même une transmission finale à courroie.

La fourche non-inversée a des caoutchouc de protection qui donnent un look vintage, à l’arrière ce sont les deux amortisseurs qui soulignent ce design. Le châssis tubulaire en acier est apparent, jusqu’entre les deux selles. Les clignotants en obus sont aussi bien dans le style cruiser, tout comme les rétroviseurs ronds en aluminium.

Un dernier élément de style que j’aime beaucoup, ce sont les jantes bi-tons en alu à bâtons dont les extrémités des branches sont finement usinés. Elles sont aussi belles au mouvement qu’à l’arrêt. Toute la partie arrière me plait aussi, avec le trait de LED rouge. Avec le capot de selle et les valises de la Bagger ça fait aussi envie. Le choix de couleur est limité au Quartz black pour cette dernière version, la normale existe en Fire red et Shark grey mais Moto Morini a choisi de ne pas commercialiser de kit pour faire un bagger rouge ou gris.

Notre essai a quelque chose de particulier : le constructeur nous confie ses deux prototypes roulants pour tout juste deux heures. Les modèles de production n’arriveront qu’à fin août, les deux motos qu’on peut rouler sont identiques à la production, à de petits réglages près. Quelques-unes de mes impressions pourront être gommées sur les modèles qui seront livrés.

Donc le moteur a été retravaillé depuis la X-Cape 650 et la Seiemmezzo, avec plus de couple à bas régime. À l’usage, je découvre un moteur à deux visages. On peut conduire la Calibro à bas régime, sur les derniers rapports de boite, en souplesse,  ou alors on pousse l’aiguille du grand compte tour plus loin, de 6’000 à la zone rouge on découvre l’allonge inattendue et très amusante d’un tel moteur.

Malheureusement, quand on a que 69 chevaux, en sortie de virage poignée dans l’angle il n’y a pas l’effet bond en avant escompté. La Calibro est faite pour surfer sur les vagues, pas pour arsouiller dans le sinueux. La commande de gaz à câble n’est pas non la plus direct qui soit, mais cela correspond au caractère recherché pour un cruiser.

La moto est livrée avec des câles-pieds en avant, position easy-rider, là aussi ça correspond bien à l’esprit et j’imagine qu’ils tâteront vite du goudron dans des virages qui s’y prêtent. Si on le souhaite, on peut rapprocher les câles-pieds, le châssis a déjà les emplacements et le kit sera disponible en accessoire. La hauteur de selle de 725 mm permet au plus grand nombre de mettre pied à terre. De ce côté là, la Calibro se devait de faire aussi bien que ses concurrentes.

Le système de frein ne fait appel qu’à un simple disque à l’avant comme à l’arrière. Un ø 320 mm pincé par un étrier axial bi-piston J.Juan avec un maitre-cylindre axial. Le disque de frein arrière est de ø 255 mm, volontairement assez grand car avec les pieds en avant on a tendance à plus utiliser la pédale. Le ressenti au levier est bon, assez de mordant et une force de freinage progressive. Le levier n’est pas réglable, mais dégage une impression de qualité satisfaisante.

D’ailleurs les commandes en général ont été conçue avec en tête l’objectif d’une impression de qualité. Le tableau de bord se résume à un énorme compte-tours comme pour un dragster et un petit écran LCD qui affiche la vitesse, le rapport engagé et une jauge d’essence. Un compte-tour à aiguille est plus dispendieux à concevoir qu’un écran TFT, raison qui a poussé Moto Morini à le choisir.

Les boutons bien que simples sont robustes, avec comme seule excentricité de mettre un clignotant de chaque côté comme l’a fait BMW dans le passé mais surtout comme Harley-Davidson. On voit dans quelle direction ont regardé les designers sans pour autant faire une pâle copie d’américaine.

Le court temps de roulage nous a d’abord servi à produire les images. D’abord en suivant une voiture puis plusieurs aller-retour sur l’un des 3 seuls ponts flottant d’Italie. L’occasion de faire plusieurs demi-tour et mettre en avant le rayon de braquage confortable de la Calibro. Quand on passe aux photos dans un virage j’ai l’occasion d’en apprendre plus sur la tenue de route.

Le guidon à hauteur d’épaule est assez large et donne un bon feeling de l’avant. La mise sur l’angle est précise, tout en douceur. La monte pneumatique chinoise Timsun peut laisser songeur au départ, mais je n’ai pas pu prendre en défaut ceux-ci sur le sec lors de l’essai. Je ne me prononce pas sur le mouillé, d’autres feront cette expérience. Dès le premier train de pneu usé, on le remplacera probablement par un modèle plus facile à obtenir. D’autant plus que deux tailles de pneus ont été homologués, multipliant les choix pour le pilote.

Le temps de ce court essai, j’ai eu un sympathique aperçu de ce dont ce cruiser italien mid-size est capable. Il coche toutes les cases pour tenir la comparaison avec ses concurrents : look soigné, hauteur contenue, bonne tenue de route et caractère moteur amusant. Avec son prix, on est aussi dans le juste; un rapport prix/prestation bien ajusté pour une moto sans électronique superflue.

Mon test ne permet cependant pas de tirer de conclusion sur un plus long trajet, ni sur un usage sur autoroute où la prise au vent doit sans doute être importante avec le petit saute-vent au dessus du compteur. Je n’ai pas non plus essayé la version bagger qui ne change que sa tête de fourche et les valises.

Son premier point fort est pour moi la qualité perçue des éléments de la moto. Leviers, rétroviseurs, compte-tour, selle, jantes : on a une impression de qualité perçue largement à la hauteur du prix de la moto. Un autre point fort ce sont les deux visages du moteur, coupleux pour cruiser et un peu d’allonge même si ça se limite à 69 chevaux. J’aurais aimé qu’il y ait plus à exploiter à haut-régime.

Par contre, j’ai été incommodé par les vibrations que génère le moteur. À 4’500 tr/min c’est assez prononcé, mais de façon plus généralisée sur tout le régime utilisable. Le constructeur aurait encore travaillé à améliorer ce point sur les motos qui seront livrées au réseau.

Si vous êtes en recherche d’un cruiser compatible 35 kW avec du style, au rapport prix/prestation intéressant, la Calibro mérite qu’on s’y consacre. Elle a de bons arguments et je dois avouer qu’en rouge elle se démarque des concurrentes tout comme en Bagger où les autres doivent installer des accessoires. Son prix de vente débute à CHF 7’190.- avec une garantie de 3 ans. Le modèle Bagger est lui affiché CHF 8’190.-. Disponible dès fin août dans le réseau Moto Morini en Suisse !

GALERIE

BILAN

ON A AIMÉ :

Look et finition soignée

Selle confortable

Rapport prix prestation juste

ON A MOINS AIMÉ :

Le moteur vibre pas mal

Le vrai caractère est après 6'000 tr/min

FICHE TECHNIQUE

Dimensions
Longueur
2'220 mm.
Largeur
860 mm.
Hauteur de selle
725 mm.
Empattement
1'490 mm.
Poids à sec
200 kg.
Capacité du réservoir
15 litres
Électronique
Freinage
ABS
Bosch 10Mb
Frein avant
Simple disque ø320 mm, étrier flottant double piston J.Juan
Frein arrière
Simple disque ø255 mm, étrier flottant simple piston J.Juan
Moteur
Type
Bicylindre en ligne, DOHC, 8 soupapes, 4 temps
Cylindrée
693 cm3
Refroidissement
liquide
Alimentation
Injection électronique Bosch EFI
Partie cycle
Châssis
Double poutre en acier
Suspension avant
Fourche ø41 mm, non réglable
Course av.
120 mm.
Suspension arrière
Double amortisseur, réglable en précharge
Course ar.
100 mm.
Pneu avant
130/70-18 ou 130/70-R18
Pneu arrière
180/65-16 ou 180/70-R16
Performances
Puissance
69 ch.
Régime puissance max
8'500 tr/min.
Couple Max
68 Nm.
Régime couple max
6'500 tr/min.
Transmission
Boîte
6 vitesses
Embrayage
Multidisque à bain d'huile
Finale
Courroie
Véhicule
Marque
Moto Morini
Modèle
Calibro
Année
2024
Catégorie
Cruiser
Compatible A2
Oui
Couleur
Fire red, Shark grey, Quartz black (bagger)
Prix
7'190 .- CHF
Complément du prix
Bagger dès CHF 8'190.-
Lien site officiel
un triangle aux trois côtés égaux
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