Quatre frontières, 2000 kilomètres de cols et de routes diverses et beaucoup de plaisir : voilà ce qui constitue mon essai au guidon de la dernière MT-09 SP.

ESSAI

L’année 2022 a vu naître la nouvelle version du roadster Yamaha MT-09 SP. En allant chercher la machine à Genève, chez le concessionnaire Badan-motos, je me réjouissais déjà de voir ce que les suspensions allaient m’offrir et je me demandais si elles allaient enfin être à la hauteur du moteur sensationnel annoncé par la marque. J’ai eu la réponse lors des quelques jours de mon essai riche en kilomètres, qui allait me conduire à travers les Alpes suisses, autrichiennes et italiennes.

Mais gardons un peu de suspense et commençons par parler de l’aspect visuel en disant que c’est une réussite. L’allure typiquement sportive frappe au premier regard, et le coloris ( le même que sur la R1-M) va de pair avec ce tempérament. Le bras oscillant détonne, avec sa finition aluminium brossé, non peint, donc. L’arrière de la moto est très effilé et léger et impossible de ne pas remarquer le nouveau phare qui fait déjà parler de lui : il me fait penser à l’œil unique d’un cyclope, intriguant et original donc, mais pas choquant pour autant.

Forcément, la version SP se caractérise aussi par la fourche KYB de 41 mm, entièrement réglable, et son amortisseur arrière Ohlins cette-fois ci, réglable lui aussi, qui devrait permettre à la Yamaha de gagner en rigueur. A noter que la précharge de l’amortisseur arrière est vite et facilement ajustée grâce à une molette aisée d’accès. Et petit détail d’importance que j’aime bien : le bleu des jantes SpinForged (ndlr : méthode de fabrication exclusive de Yamaha permettant d’avoir des jantes coulées plus légères sans être 100% forgées pour autant) qui confère un cachet supplémentaire à la moto.

En selle !

Installé, je vois d’emblée le nouvel écran TFT couleur, simple et efficace, et je ne tarde pas à constater qu’il est lisible en toute circonstances, y compris au plein soleil. Le commodo permet de contrôler quant à lui les infos de l’écran. Il est bien conçu et d’une simplicité intuitive. Dès le démarrage, la sonorité du 3 cylindres, le cp3 de 890 cm3, chante très bien et l’échappement est un régal malgré les normes Euro 5. Voilà c’est parti pour un grand tour. Mon but ? Sillonner les paysages alpins autrichiens et pourquoi pas pousser jusqu’aller en Slovénie, si mon humeur et la machine y sont favorables, afin de réaliser un essai sur tous types de routes et de revêtements en me faisant plaisir avec des paysages de rêve.

Je prends l’autoroute jusqu’au lac de Constance, n’ayant que peu de jours à disposition, et atteins la frontière autrichienne. J’apprécie bien le régulateur de vitesse basique, présent uniquement sur cette version SP, et absent sur la version standard. Le confort global de la moto me surprend et ma grande taille n’y fait pas obstacle, car le guidon haut me permet de garder le dos droit. Je ne suis nullement gêné par le réservoir au niveau de mes jambes. Ces points de confort me font dire que cette moto est dans la moyenne haute qu’un roadster peut apporter. Mais il ne faut pas se leurrer, sur voie rapide et en cas de vent, vous le prendrez de plein fouet, comme vous le savez sûrement déjà.

J’arrive au bout du trajet sur l’autoroute, et déjà le bilan est positif. La capacité de ce 3 cylindres à répondre au quart de tour est extrêmement satisfaisante. Nul besoin de faire tomber le rapport pour avoir plus de reprise, le couple est suffisant même en 6e pour dépasser rapidement et en toute sécurité. Après de longues heures d’autoroute, je ne vous cache pas que mon postérieur est content de quitter la selle, celle-ci offre quand même un confort d’une heure et demi sans problème. Je passe une première nuit à l’hôtel.

Une réussite totale !

Je roule et suis épaté par l’ensemble châssis-moteur, qui selon moi reprend toutes les qualités de l’ancienne génération de MT-09 en gommant les défauts principaux qu’on lui trouvait, entre autres le comportement un peu aléatoire dans les virages. Le freinage, comme sur la super sportive R1M de la même marque, est le meilleur qu’on puisse attendre. Aucun souci donc. Je l’avoue généreusement, je n’ai jamais eu autant de plaisir encore sur un col alpin qu’au guidon de cette moto. Une rigueur fabuleuse, que le bruit du moteur accompagne, et une moto qui obéit au doigt et à l’œil, bref un vrai régal !

Les jantes bleues SpinForged ne sont pas seulement élégantes à voir, mais lui confèrent une agilité supplémentaire dans sa maniabilité, puisqu’elles font perdre 700 grammes aux roues par rapport aux anciennes générations. Ces roues sont également montées sur la MT-09 et les Tracer 9.

Le cocktail offert par les 119 CV du moteur pour les 93 Nm de couple est pour moi ce qui se fait de mieux jusqu’ici pour une moto routière. Je suis un fervent défenseur des 3 cylindres et c’est franchement le meilleur avec lequel j’aie roulé. Plus incisif qu’un 4 cylindres, plus souple qu’un bicylindre, et ici sur un moteur exploitable sur toute la plage de régimes, on peut dire que c’est mon idéal.

Après une nuit à Birnbaum, je décide de rejoindre Ljubljana, capitale slovène. De l’autoroute, de la pluie, du froid, mais aussi de la chaleur et du beau temps, j’ai tout eu. Même un tunnel entre l’Autriche et la Slovénie, long de 8 kilomètres, parcours obligé si on ne veut pas faire un détour géant. Un mauvais moment à passer, mais bon, c’est fait et bien fait. Une fois la frontière passée, je m’arrête d’abord un instant dans le village du nom amusant de Bled, si si, très réputé en Slovénie, avec son ilot et sa chapelle, très pittoresques. Et enfin Ljubljana, agréable, avec un petit côté italien où il fait bon vivre.

Au retour, je reprends la route en décidant de passer cette fois par Lienz et remonter sur l’Italie par Vipiteno, village charmant dans le Tyrol italien. En ce qui concerne l’autonomie, point important lors de tout voyage, j’ai fait le plein environ tous les 180 à 200 kilomètres, ne voulant pas prendre trop de risques au vu des zones assez reculés que j’ai traversées. Durant mon essai la consommation moyenne a été de 6 litres au 100 kilomètres.

Conclusion

Retour au pays natal et voilà l’heure du bilan final. J’ai pu essayer cette moto sur toutes sortes de routes et de revêtements mais je n’ai pas vécu un seul endroit où j’aie pu percevoir une quelconque difficulté. En toutes circonstances, vous aurez donc une moto fiable et efficace. Autre avantage certain, la Yamaha MT-09 SP 2022 propose un des meilleurs rapports qualité-prix qu’on puisse trouver sur le marché actuel, avec ses 13’190 CHF.

Un tarif qui la hisse ainsi dans les meilleurs choix possibles pour sa catégorie. Si vous optez pour elle, je dirais que vous avez tout intérêt à upgrader votre choix jusqu’à la version SP. Car les suspensions sont nettement supérieures à la version standard et aujourd’hui c’est un détail qui compte, car c’est ce qui fait le lien direct entre la route, la machine et nos mensurations. La conclusion qui s’impose : la Yamaha MT-09 SP 2022 est l’une des plus belles réussites de ces dernières années dans le monde du deux-roues.

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