Le mot de la fin
Après avoir laissé la parole à mes compagnons de route que je remercie d’ailleurs chaleureusement au passage, j’en profite pour revenir sur certaines remarques et critiques que j’ai formulées lors de mon premier test.
Les suspensions
La moto que j’avais utilisé lors du Alps Tourist Trophy était rabaissée (-18 mm). J’ai tapé le sabot dans les ornières à de nombreuses reprises, même à basse vitesse. Je n’avais alors pas touché aux réglages de l’amortisseur, ce qui était une erreur de ma part.
Au premier jour de ce test avec la Rally, avec l’aide de Jean-Michel, nous avons donc directement durci l’amortisseur de la Rally (3 clics pour la précharge, 5 clics pour la compression et 5 clics pour la détente). La différence est immédiatement perceptible. L’arrière de la moto pompe beaucoup moins. Elle devient certes plus dure, mais surtout plus stable. Je n’ai pas tapé le sabot une seule fois durant ce tour.
Je pense pouvoir dire sans trop prendre de risques qu’avec une moto non rabaissée, sans bagages et particulièrement avec des réglages d’amortisseur plus durs, je n’aurais pas eu de problèmes sur le Alps Tourist Trophy et cela devrait être valable pour la majorité des utilisateurs.
Pour les pilotes plus exigeants ou pour ceux qui voyagent chargés ou même en duo, il va falloir se pencher sur la question. Ce ne sont pas les alternatives qui manquent et il y en a pour tous les budgets. D'après des gens beaucoup plus compétents que moi, la raideur du ressort de l'amortisseur d'origine (70N/mm) convient idéalement à un utilisateur de 75 kg sans bagagerie.
La boîte de vitesse
Lors de mon premier essai, la boîte de vitesse dure et très bruyante m’avait carrément dérangé. Rien de tel à signaler sur la Rally que j’ai utilisé pour ce tour ni même sur la moto d’Anatole que j’ai également essayée afin d’en avoir le cœur net. Aucun de mes compagnons n’a émis la moindre remarque concernant cette boîte de vitesse. J’en conclu que le problème n’est pas lié au modèle lui-même, mais plutôt à certains exemplaires ou du moins à celui que j’ai eu entre les mains.
La selle : haute et dure
J’ai mis un short de cycliste sous mes pantalons de moto pour survivre les 400 km du trajet Fribourg-Cuneo, surtout qu’on partait encore pour une boucle de 130 km l’après-midi même. Si la selle d’origine n’est pas un modèle de confort, la selle Rally est une punition. Il n’y a guère que la selle de la KTM 690 Enduro qui fait pire à ma connaissance.
Sa finesse et ses 30 mm supplémentaires sont certes des avantages pour une utilisation tout-terrain intensive, car les changements de positions sont facilités, mais seul une infime partie des clients aura réellement ce genre de besoins. Pour les autres, la selle Rally est plutôt limitative par sa hauteur supplémentaire et par son inconfort pour une conduite routière.
La bande son
Le magnifique échappement Akrapovic n’a que… la gueule. Niveau sonorité, il est tout aussi discret que l’original, je n’ai pas pu remarquer la moindre différence.
Si plusieurs de mes compagnons de routes ont apprécié le silence de la Ténéré, pour ma part, j’aurais espéré une bande-son un peu plus sexy avec l’Akra. Apparemment, il va falloir s’y habituer en raison des nouvelles normes EURO 5, les motos ne doivent pas faire plus de bruit qu’un aspirateur…
La conso
Niveau consommation, sur 1’600 km, j’ai obtenu une moyenne de 4.8 L/100km, un peu mieux que lors du Alps Tourist Trophy (5.1 L/100km). La jauge à essence est toujours assez fantaisiste et il ne faut pas trop stresser une fois que la réserve s’allume, il reste bien 100 km d’autonomie (pour un total d’environ 300km).
Le verdict
La Ténéré 700 m’avait déjà convaincu lors de mon premier essai et je ne vais pas me répéter ici. C’était pourtant pour des raisons purement objectives ; son efficacité, sa facilité de prise en main, sa simplicité, sa polyvalence et son prix plancher.
La Ténéré 700 Rally devient carrément désirable pour des raisons cette fois toutes subjectives; son nouveau coloris « Gauloise », ses jantes dorées et ses quelques accessoires qui booste un peu le niveau des finitions pas folichon de la version standard, tout ça uniquement pour le plaisir des yeux.
Il ne fait aucun doute que la Ténéré 700 standard reste le meilleur rapport qualité-prix si le coloris et les options purement esthétiques vous importent peu. Dans ce cas, vous aurez bien meilleur temps d’investir les CHF 1'000.- économisés par rapport à la Rally dans de l’équipement fonctionnel comme un porte-bagage, une béquille centrale, un sabot moteur plus costaud ou encore des protections.
Si, comme moi, vous vous êtes fait envouter par cette Ténéré 700 Rally, soyez prêt à vous délester de quelques billets supplémentaires car il faudra songer à l’équiper d’une selle utilisable sur des longues distances (donc probablement d’acheter les selles conducteur et passager), d’un guide-chaine inférieur et au minimum d’un porte-bagages pour ne pas avoir à trimbaler toutes vos affaires dans un sac à dos comme je l’ai fait lors de ce trip. Moi, j'ai jamais acheté une moto purement pour des raisons objectives, donc ça sera la bleue ou rien. Bon, je signe où Monsieur Yamaha ?