Publié le: 26 avril 2018 par Patrick Schneuwly
Essai Pirelli Diablo Rosso Corsa II – Il vous faut un dessin ?

La marque italienne, omniprésente en Formule 1 mais surtout en Superbike, renouvelle un modèle à succès sorti en 2010. Après le Diablo Rosso Corsa, place au Diablo Rosso Corsa II. Je répète Diablo Rosso car il ne faut pas confondre avec le Diablo Corsa III qui existait en 2006 ! Pour l’origine de ce nom, il faut remonter jusqu’au Typo Corsa, tout premier pneu de course moto sorti par Pirelli en 1913.

Attention, ce pneu n’est plus au catalogue. Il a été remplacé par le Diablo Rosso IV Corsa.

ESSAI

Commençons par un tour d’horizon de la gamme sportive de Pirelli. Le Diablo Rosso III est une valeur sûre pour les roadster qui équipent des références comme la Ducati Monster en première monte. Vient ensuite le Rosso Corsa II qui nous intéresse, puis le Supercrosa et son dessin reconnaissable entre mille qui se décline en version SP pour la route et SC pour la piste. A mi-chemin de l’usage routier et du pneu pour pistard, le Corsa 2 profite de 8 ans de développement pour assurer la relève.

En 10 ans, les motos ont bien changées. En 2008 arrivaient les premiers contrôle de traction avec commande de gaz électronique suivi de l’apparition des riding mode. Les sportives dépassent aujourd’hui les 200 ch. pour 1 litre de cylindrée. Les contraintes subies par les pneus ont considérablement évoluées, c’est là que les avancées technique de la marque en Superbike prennent tout leur sens.

Le but affiché du Rosso Corsa 2 est de regrouper dans un seul pneu la maniabilité d’un pneu de route, l’endurance d’un pneu tourisme, le grip et le sentiment de sécurité d’un pneu chaud. Pour y parvenir, Pirelli a puisé dans ses dernières innovations telles que le mélange continu de composé, des matériaux à très haute teneur en silice, de nouveaux polymères et le profil à rayon multiple.

Le rayons multiples, qu’est-ce que ça apporte ? Très simplement, sur la zone centrale mise à contribution au quotidien, la courbure du Corsa II est à petit rayon. La moto est plus vive, plus agile. Sur les épaules, le rayon de la courbe est bien plus grand pour offrir une bonne assise au pneu dans les prises d’angle plus importantes rencontrées sur circuit.

Le pneu avant est un bi-gomme : 100% Silice sur la bande centrale et dès 35° d’angle la gomme bascule d’un coup sur du 100% Carbon Black. Le pneu arrière est un tri-gomme, la bande extérieur et les épaules sont comme le pneu avant mais de la verticale à 15° une 3ème zone 70% améliore la longévité du pneu en usage routier.

Parlons un peu du dessin de ce Rosso Corsa II. Il se séparent en 3 types de dessins, ou plutôt 2. Pour un grip maximum, Pirelli a pris le pari de faire la zone extérieure en slick, complètement lisse à l’exception des témoins d’usure. Dans cette zone, la gomme Carbon Black est plus tendre que celle d’un Supercorsa SP. Le composé est celui d’un Supercrosa SC3, pneu piste à usage endurance.

Les entailles de mise sur l’angle assurent la transition entre la zone slick et la zone centrale. Reste les entailles plus profondes pour évacuer l’eau et permettre à la gomme de chauffer plus vite. Sur toute la bande de roulement, les sculptures ne représentent que 6% de la surface. Notez qu’un Supercorsa SP descend ce ratio à 4%.

Pour faire les choses bien, Pirelli nous a promis la plus belle route de la région du Parc Kruger en Afrique du Sud. Surnommée la 22, c’est un lacet de plus de 70 virages sur 22 km que les motards de la région et les grands voyageurs empruntent quotidiennement. Pour faire les choses bien, nous avons roulé jusqu’à la fin de cette route et retour à l’hôtel sous une pluie intense. 140 km pas très agréables mais qui ont le mérite de nous montrer ce dont ce pneu est capable en conditions humides.

On prend la route en comme sur des oeufs, avec pour la plupart le mode pluie. Le revêtement des routes locales n’aide pas à se mettre en confiance. Souvent bosselé, avec de gros trous à éviter parfois en plein virage, et par endroit des coulées de boue provoquées par les averses qui ont duré toute la nuit.

Après quelques évitements et plusieurs virages, je suis rapidement séduit par le Corsa 2. En étant raisonnable et mesuré, je n’ai déclenché le contrôle de traction qu’une fois et pas l’ABS. En poussant un peu le rythme, le constat est le même, le grip est suffisant, l’eau bien évacuée et je me vois prendre des virages sereinement. Pas certain qu’un Supercorsa SP fasse aussi bien.

Passé cet épisode très humide, difficile de donner un avis sur le pneu dans son ensemble. Heureusement l’essai se poursuit le lendemain sur circuit tout près de Johannesburg. Là nous attend une journée de roulage sous un ciel gris mais pas menaçant et un confortable 17° dans l’air. Faisant fi des couvertures chauffantes pour un pneu route, nous partons pneus froids en piste. Un demi-tour plus tard, la gomme est déjà chaude et prête à se déposer sur l’asphalte à grand coup de gaz sur la sélection de motos à disposition.

La piste est difficile à mémoriser avec de nombreux virages aveugles, deux courbes très rapides et pas mal de relief. Les montées ne sont pas aussi impressionnantes qu’au Lédenon, mais ça ne m’étonnerait pas que l’amplitude soit la même. Après une première séance de courte durée pour se familiariser, il est évident que la piste est très abrasive. La S1000RR m’indique avoir pris 45° d’angle à gauche et 43° à droite. Pas glorieux mais le Corsa 2 m’inspire déjà confiance.

Les séances suivantes, tous les pneus sont déjà chauds à l’entrée en piste. De quoi attaquer d’entrée et mieux vous détailler ce dont le Corsa 2 est capable. Cette fois j’ai la piste bien en tête et m’engage plus vite dans les virages qu’au tour précédent. J’aime la progressivité de la mise sur l’angle, la transition entre chaque type de gomme est imperceptible et une fois sur l’angle le grip est phénoménal.

L’agilité décrite sur route se retrouve sur piste, mais au détriment de la précision. Le profil très rond se traduit par un train avant moins incisif qu’un authentique pneu piste. Rien de dramatique pour un usage circuit occasionnel. Mes homologues me confient avoir trouvé la limite du nouveau Pirelli. Armé d’une sportive sans ABS ni contrôle de traction, ils m’indiquent déceler les premiers mouvement indésirables. Mais avant d’en arriver là il faut un bon niveau de pilotage.

Pour l’avant, le Diablo Rosso Corsa II est en taille unique 120/70ZR17 58W. A l’arrière, une gamme de 7 tailles est au catalogue avec un premier 160/60 et chaque fois une paire de 180, 190 et 200. Pirelli propose notamment le 200/60 ZR 17 78W de la nouvelle Panigale V4s.

Verdict

Avec de telles performance sur piste et un comportement rassurant sur route notamment sous la pluie, le Rosso Corsa II rempli on ne peut mieux son cahier des charges. Il pourrait convenir à une bonne majorité des clients Supercorsa SP, cependant ceux qui regardent l’esthétique du pneu resteront attachés aux fines sculptures de ce dernier. J’estime la durée de vie d’un pneu arrière à une journée de piste sur un asphalte abrasif. Sur route il faudra attendre des avis d’essai plus longue durée.

La lutte est rude dans cette catégorie, je compte pas moins de cinq concurrents: Racetec RR K3, Power RS, Sportsmart TT, ContiRace Attack et RS11. Face au Michelin, seul pneu que j’ai essayé dans la liste, le Pirelli durera probablement moins longtemps, mais son grip sur l’angle n’est pas négligeable. Aussi, la rondeur typique du Michelin pourrait ne pas plaire à tout le monde.

Disponible dès maintenant, le Pirelli Diablo Rosso Corsa II devrait convaincre les pistards occasionnels mais avant tout les conducteur de gros roadster et de sportive exigeant du grip et de l’agilité sur route même s’ils devaient être surpris par la pluie.

GALERIE

BILAN

ON A AIMÉ :

Le grip sur l'angle

L'agilité sur route

L'utilisation sûre sous la pluie

ON A MOINS AIMÉ :

L'avant trop rond sur circuit

Il n'a pas le dessin du Supercorsa, peur ceux qui se soucient de l'apparence

FICHE PRODUIT

Appareil électronique
Bagagerie
Casque
Général
Marque
Pirelli
Modèle
Diablo Rosso Corsa 2 (plus disponible)
Tailles disponibles
Av. 120/70 ZR 17 M/C 58W; Ar. 160/60 ZR 17 M/C 69W - 180/55 ZR 17 M/C 73W - 180/60 ZR 17 M/C 75W - 190/50 ZR 17 M/C 73W - 190/55 ZR 17 M/C 75W - 200/55 ZR 17 M/C 78W - 200/60 ZR 17
Vêtement