Photos de Scott et Aurélie Junod ; Source Scott : https://www.scott-sports.com/ch/fr/product/scott-softcon-junior-jacket-protector?article=2784670001004 ; Source D3O : https://www.d3o.com/
Publié le: 10 avril 2023 par Adeline Junod
Protections Scott Softcon Junior – Équipement également adapté aux femmes ?

Les équipements femmes en moto, c’est toujours un calvaire. En termes de protection enduro/motocross, c’est encore pire. Si vous souhaitez un équipement complet (bras, épaule, coude, torse et dos) ça va prendre du temps.

Soit on y renonce, soit on accepte d’avoir un équipement parfois un peu grand sur certaines zones, soit on va chercher chez les enfants, si notre physique nous le permet.

SCOTT propose un gilet de protection pour enfant, regroupant une protection complète des épaules aux bras, ainsi qu’un plastron avec dorsale. Est-ce qu’il serait accessible aux femmes ou adaptables ? Découvrons-le ensemble.

ESSAI

Historique de Scott

La marque SCOTT est un équipementier dont la réputation n’est plus à faire. Reconnu dans le monde entier, la marque s’est développée initialement aux USA en développant des bâtons de ski novateurs.

L’innovation technique deviendra le leitmotiv de cette marque qui développe ses connaissances et innove dans la majorité des sports outdoors, dont le motocyclisme. Faire les choses à moitié n’est visiblement pas envisageable avec cette marque.

Dès 1970, SCOTT entre sur le marché du motocross et proposera des équipements spécialement conçus pour la discipline, alors que ses concurrents ne s’intéressent que peu à ce secteur du sport. Au fil des années et de son évolution, SCOTT proposera des équipements de protection toujours plus poussés techniquement aux pratiquants de cette discipline.

Dans la ligne directrice de l’innovation, SCOTT commence à intégrer la technologie D3O à ses équipements de protection permettant flexibilité des mouvements, tout en alliant une rigidité en cas de choc.

Technologie de base

La technologie D3O est avant tout une matière crée par Richard Palmer en 2007, de la classe des polymères. De couleur orange, ce gel déformable se rigidifie en cas de choc ce qui en fait une protection d’impact idéale très utilisée dans le ski, l’équitation, les sports motorisés, etc.

Lors d’un impact, le composé va se contracter immédiatement pour absorber l’énergie générée par le choc. Ensuite, l’énergie sera dispersée par les molécules de la matière sur la totalité de l’élément en D3O. Une fois l’énergie du choc dispersée dans le matériau, ce dernier revient à son état initial souple et malléable.

Matériau D3O
Fonctionnement du matériau D3O

Cette réaction de contraction est quasi instantanée et retrouve un état souple très rapidement.

Cette performance permet d’avoir des éléments de protection souples, légers et surtout qui ne craignent pas l’humidité : donc lavables.

SCOTT a depuis plusieurs années conçu des protections de motocross et d’enduro qui intègrent le matériau D3O.

Cet usage, bien que courant dans plusieurs marques, est devenu caractéristique chez SCOTT, qui l’a mis en avant par l’utilisation de filet laissant voir la matière au travers. Ceci permet aussi de conserver la légèreté et la respirabilité de ce dernier en évitant l’ajout d’un matériau opaque sans propriété bénéfique au système.

Démarche

Lorsque l’on fait du cross et/ou de l’enduro, la question de l’équipement de protection coule de source.

Néanmoins, au début, ce sont majoritairement des équipements rigides qui sont proposés. En s’intéressant plus à la discipline on commence à rechercher des équipements plus performants, pour plus de flexibilité. L’investissement financier devenant plus facile à accepter lorsque l’on prend la décision de continuer une discipline.

C’est toutefois là que ça commence à devenir compliqué en tant que femme. Le panel d’équipements féminins est faible sur le marché et, en éléments de protection, il est rarement admis qu’une adaptation soit nécessaire. Une dorsale est une dorsale après tout, quel que soit notre sexe, nous avons tous un dos, des côtes, etc. Et pourtant…

À la recherche d’un équipement plus flexible et adapté pour partir faire de l’enduro, je me suis tournée vers la marque SCOTT. Réputée, j’en avais entendu du bien et ses qualités semblaient répondre à mes besoins.

En toute transparence, je chute encore beaucoup en offroad et pour partir faire de l’enduro un équipement plus performant et complet était nécessaire.

Malheureusement, la tâche va se révéler plus complexe que j’aurais pu le penser. Aucun équipement complet ne correspondait à mon gabarit. De plus, ces derniers sont majoritairement fait d’une seule pièce. Soit le plastron était trop petit, soit les épaules flottaient littéralement dans l’équipement et lui enlevait donc toute son utilité. D’ailleurs, même la taille adulte (pour ne pas dire homme) la plus petite, se révélait trop grande.

C’est alors que l’on m’a proposé de me tourner vers la version enfant de l’équipement haut du corps de SCOTT.

La marque SCOTT m’a donc permis d’effectuer des essais avec sa veste de protection SCOTT SOFTCON JUNIOR.

Cette protection se compose de deux parties :

  • Un gilet avec les protections de coudes et d’épaules qui se ferment sur le haut du torse par une fermeture éclair. Les bras profitent d’un réglage pour serrer les protections de coudes correctement, ainsi qu’un réglage sur le côté pour resserrer la protection autour du torse.
  • Un plastron avec dorsale qui se scratch sur les côtés : du standard.
Protection SCOTT Softcon junior annoté
Protection SCOTT Softcon junior, straps de réglages
Protection SCOTT Softcon junior de face
Protection SCOTT Softcon junior de face, plastron et gilet
SCOTT SOFTCON JUNIOR Flexibilité 1
SCOTT SOFTCON JUNIOR Flexibilité du matériel 1
Protection SCOTT Softcon junior dos
Protection SCOTT Softcon junior de dos, dorsale et gilet
SCOTT SOFTCON JUNIOR Flexibilité 2
SCOTT SOFTCON JUNIOR Flexibilité du matériel 2

SCOTT associe dans ce produit le matériau D3O à un design AIRFLEX ajouré, permettant une aération optimale. Reliée et associée par un tissu en maille stretch, la protection SCOTT se révèle une des plus légère et souple du marché avec une performance certifiée de Niveau 1, soit le meilleure des exigences.

Ce modèle se décline du XXS au M enfant, évidemment. SCOTT fournit néanmoins un guide des tailles très pratique, puisque la correspondance peut varier entre les pays. Au moins ici plus de doute possible

Protection SCOTT Softcon junior guide des tailles

Résultats

Pour commencer, je tiens à vous rendre attentif que je teste un équipement pour enfant en connaissance de cause. Celui-ci est construit en deux pièces, ce qui est un énorme avantage si on le compare au modèle adulte, pour homme, en une pièce. Le sizing et le fitting que je critique plus bas, s’explique par le fait que, dans mon cas particulier, je fais un usage détourné d’un produit qui peut parfaitement convenir au public cible : les enfants.

Afin d’initier l’expérience, il faut bien entendu enfiler l’équipement. Le passage des bras nécessite un petit échauffement, la matière élastique générant un effet de succion. Comme si vous essayiez d’enfiler un vêtement mouillé, un peu laborieux. La difficulté s’arrête là et s’applique tout autant aux hommes de toute manière.

Le plastron allié à la dorsale ne nécessite aucun effort de mise en place et la souplesse du matériau utilisé s’adapte à un petite poitrine grâce à la souplesse du matériau. Il reste toutefois un peu inconfortable. Géométriquement, cela signifie de faire correspondre une courbe avec une ligne et une pression désagréable se forme tout de même contre la cage thoracique, mais rien d’invivable (on est bien loin du corset ne vous en faites pas).

Une fois la protection enfilée, tout est en place comme il doit l’être, les coudières sont ajustées, les épaules se fondent dans le creux de la coque flexible et la dorsale ne se positionne ni trop haut, ni trop bas. Parfait ou presque, la zone du torse du gilet n’est pas adaptée à une poitrine et ne se maintient forcément pas en dessous, remontant dessus, desserrant la sangle de maintien. Ceci n’arriverait pas à un enfant évidemment et ne me pose pas plus de problème sur le moment, le tissu du gilet étant suffisant au maintien des protections. Toutefois, il ne faudrait pas que la sangle se détache complètement car elle s’enlèverait du dos et créerait trop de mou sur le maintien des protections d’épaules.

Le plastron me laissait plus dubitative, semblant s’arrêter un peu haut, protégeant tout juste le diaphragme. Après consultation, il s’avère que la protection de face et de dos était bien placée, mais qu’elle ne devrait pas être plus courte.

Le maillot est positionné par-dessus la protection, sans souci pour l’enfiler. Alors, évidement il ne faut pas avoir un maillot trop près du corps, sous peine de voir votre nouvelle carrure ne pas y entrer.

Une fois complètement équipée, c’est parti pour les roulages. Et il faut bien admettre que dès les premières minutes, on oublie facilement la présence de cette seconde peau protectrice. Les mouvements ne sont pas limités dans la conduite et dès que l’on chauffe un peu, on ne s’y sent pas à l’étroit, une vraie seconde peau, il n’y a pas à dire.

En avant pour la première chute en enduro, une volée plus tard, en pleine montée dans les cailloux. Et la protection effectue réellement son travail. Aucune douleur ciblée sur le dos, ni les côtes, une secouée tout au plus. Malgré tout, un de mes coudes se fait largement sentir, la protection étant moins étalée. Trouve-t-elle ici ses limites ?

La suite des parcours en enduro confirme l’effet seconde peau de cet équipement, mais une fois la température plus haute, la pulsation du sang dans les bras se retrouve comprimée au niveau des sangles de réglage. Elles sont juste mal placées, presque au niveau de l’articulation. De plus, la protection du coude se révèle peu flexible en comparaison avec l’articulation : elle épouse peu la forme et le mouvement de cette dernière. Néanmoins, ce bémol est discutable, l’équipement étant initialement prévu pour des enfants, il est difficile de juger.

Chute après chute, relevés de moto après relevés de moto, l’équipement prouve sa polyvalence. Il résistera tant aux pierres, qu’aux arbres, qu’aux ronces.

La chute dans une flaque de boue, on était à la limite de l’étang puisque je me suis retrouvée trempée de la tête aux pieds, révèlera un aspect négatif de l’effet ajouré des protections et du maillage : enlever la terre et la boue accumulées qui sont passées au travers du maillot. Le lavage nécessitera de tout retirer des filets une fois à la maison suivi d’un lavage en machine pour le maillage. Mais on est bien loin d’un gros point négatif.

En cross, malgré une dynamique de mouvements différente, l’équipement se fait peu sentir et amortit parfaitement les chocs. Moins d’obstacles de type pierres ou branches, mais les chocs sont clairement répartis sur toute la surface de la protection et évite un point d’impact ciblé.

En été, la couche supplémentaire sera évidemment un élément de chauffe supplémentaire, mais au vu des températures avec ou sans, au final c’est pareil.

Pour finir, le SCOTT SOFTCON JUNIOR est un beau produit, flexible, réglable et bien pensé, accompagné d’une technologie qui fait ses preuves dans de nombreuses circonstances. Il est difficilement critiquable pour son but : protection et souplesse de mouvement. SCOTT remplit les cases.

Avis

Pour avoir roulé en motocross avec un plastron basique en plastique, le passage à l’équipement SCOTT est un vrai bonheur. Il ne se sent quasiment pas et limite son apport de chaleur en étant respirant avec des matières ajourées.

Si en tant que femme vous cherchez un équipement « seconde peau », qui ne se ballade pas à chaque mouvement et qui protège d’une multitude de choc, SCOTT SOFTCON JUNIOR est idéal. Sous réserve de correspondre à une taille enfant, selon le guide des tailles fournit.

A noter toutefois que toutes les femmes pratiquant le motocross ou l’enduro ne pourraient pas se permettre un équipement enfant, sous risque de se voir mal protégée.

Si SCOTT a développé un produit de qualité et souple, à la longue on voit bien que ce dernier n’est pas parfaitement adapté aux femmes surtout au niveau du torse et des bras. La sangle de réglage du haut du corps se démonte complètement rendant inutile la liaison en tissus du torse, car le dos se retrouve ouvert. Si la partie du gilet ne se maintenait pas bien en place dès les premiers mouvements (la partie du torse remonte), elle n’est plus maintenue que par les bras lorsque la sangle se détache. Cela a pour conséquence de faire remonter le fermeture éclair sur la gorge et de diminuer le maintien des protections d’épaules en cas de chute. Au niveau du plastron, toujours la même problématique de pression sur la poitrine, désagréable mais néanmoins supportable.

Ce qui est plaisant c’est d’avoir les épaules, les avant-bras et les bras protégés en plus du plastron allié à la dorsale. Le tout en aillant des potentiels de réglages différents et en sentant peu l’équipement.

Le SCOTT SOFTCON JUNIOR par sa flexibilité et sa technologie présente de nets avantages, en comparaison des équipements rigides, souvent trop grands, où l’on ressemble à un enfant qui a emprunté l’équipement de ses parents. De plus, les équipements rigides (et avec une taille non adaptée) peuvent souvent générer des problèmes en bougeant lors de la chute et en créant des points de pression là où il ne faudrait pas. En effet, si les protections d’épaules rigides sont trop larges, elles peuvent bouger lors d’un impact, exposant l’épaule et/ou créant un point de pression sur le bras, le dos ou le torse par effet de levier.

SCOTT semble l’avoir compris et y avoir remédié. Néanmoins, pour les femmes, il y a encore du travail. Mais la marque semble sur la bonne voie et je m’en réjouis.

Effectivement, sa protection SOFTCON JUNIOR est bien aboutie et est une très bonne base de travail pour créer un équipement femme sans trop de coûts :

  1. en modifiant un peu la forme de son plastron, proposant ainsi un plastron femme. La dorsale ne change pas.
  2. en modifiant le système d’attache à l’avant pour le gilet et en proposant plus de tailles.

SCOTT détient déjà une protection femme, sans le savoir.

Pour aller plus loin

De manière générale, s’il y a peu d’équipements féminins, c’est parce que les marques ne semblent pas y trouver leur compte.

Toutefois, en ne proposant pas d’équipement adapté et performant, c’est prendre le parti de pousser les femmes à acquérir des protections non adaptées à leur morphologie et spécificités, pouvant conduire à des déficits de sécurité.

Peut-être que la FIM devrait obliger le port de protections adaptées pour les femmes et les enfants afin de convaincre les constructeurs d’enfin réfléchir à la question ?

Actuellement, les règlements n’obligent pas le port d’équipements adaptés, mais simplement répondant à la norme EN 1621 – 1 niveau 1 ou 2. Est-ce que la norme doit changer pour que les fédérations, par leurs règlements, et les constructeurs/marques commencent à s’attarder à cette problématique ? J’espère sincèrement une évolution de bon sens et non de dernière minute.

Remerciements

Remerciements à SCOTT d’avoir permis cet essai un peu particulier.

GALERIE

BILAN

ON A AIMÉ :

Souple, respirant, ne limite pas les mouvements, différents réglages possible, effet seconde peau, bonne protection contre les chocs et résistant à l'eau et la terre

ON A MOINS AIMÉ :

réglage des sangles (relâchement), partiellement adapté aux femmes, manque de taille, boue fastidieuse à nettoyer dans le filet et les protections ajourées