ESSAI
Pour être honnête, j’ai d’abord demandé à BMW Suisse si un essai de la R1250 RS était possible, car je craignais que la RT ne soit pas suffisamment dynamique pour mon type d’usage habituel. Mais malgré tout, lorsqu’ils m’ont finalement proposé la RT, j’ai volontiers accepté. En effet, j’avais été plutôt convaincu par les nouvelles K1600 lors de leur présentation en Andalousie et j’ai pensé que c’était l’occasion de les comparer à cette R 1250 RT.
Avant de passer à l’essai de cette routière bavaroise, il me semble important de préciser quelques points. Je vous parlais en introduction du fait que la gamme de BMW RT était (très) souvent choisie par les différentes polices et douanes du monde entier. Et oui, rien que depuis 2020 ce ne sont pas moins de 2400 motos destinées à des fonctions “officielles” qui sont sorties de l’atelier spécialisé dans les “authority vehicle” du constructeur allemand, dont une grosse quantité de RT (chiffres pas précisés par BMW). Il est vrai que 2400 motos, ça peut paraître beaucoup. Mais c’est peu, en réalité, comparé aux plus de 160’000 motos “officielles” qui sont sorties de l’usine berlinoise depuis 50 ans. Oui oui, 160’000 motos !
Afin de réaliser cet essai dans les meilleures conditions, je me suis prévu un mini road-trip au Tessin en passant par les Centovalli et par le col du Simplon.

Visuellement, la R 1250 RT a un gabarit impressionnant. La face avant est gigantesque et semble bien offrir une protection sans égal dans la production moto actuelle. Les deux rétroviseurs me font penser à des oreilles tant ils prolongent naturellement la ligne de cette face avant ultra moderne. Cette BMW a beau être imposante, elle est également ultra compacte. Selon moi, tout est à sa place sans être disgracieux et les designers allemands ont réussi à allier rondeurs et angles à la perfection. Le train avant est monstrueux et les deux étriers Brembo inspirent la confiance. Moteur boxer oblige, les deux couvre culasse du twin prennent place de part et d’autre de la machine. Sur ceux-ci, on peut lire l’inscription « shift cam », ce qui annonce un bon agrément de conduite sur toute la plage de régime moteur. La jolie roue arrière est bien mise en valeur par la transmission par cardan qui, comme d’habitude, est montée sur la routière allemande. J’estime qu’elle serait encore plus à son avantage avec un tromblon d’échappement moins imposant que celui d’origine. Je ne suis en revanche pas un grand amateur du feu arrière qui équipe cette RT. Je le trouve inutilement gros et large et il ne respire pas la modernité avec sa forme très carrée. Les box latéraux de cette BMW sont très qualitatifs et offrent une capacité d’emport très respectable. Mention spéciale au coloris sport « racing blue metallic » qui équipait notre modèle d’essai: c’est une option payante à 730 .- CHF (comme souvent chez le constructeur bavarois) mais elle en vaut la peine.
Le tableau de bord sur lequel trône un écran TFT de 10.25 pouces est pour moi ce qui se fait de mieux dans la production moto en 2022. La résolution offerte par cet écran est parfaite, toutes conditions de luminosité confondues, et sa facilité d’utilisation est déconcertante. Le nombre de configurations différentes d’écran est infini et le système de roulette au commodo gauche servant a naviguer dans les menus est tout simplement parfait. Je reviendrai plus tard sur l’efficacité du GPS qui équipe cette RT.
Col du Simplon et Centovalli
Je pars de Nyon de bon matin pour rejoindre à Aigle mon ami et photographe de talent Balint. Déjà, je peux affirmer que l’autoroute est un terrain de jeu sur laquelle la RT est à son aise. Confort sénatorial, bonnes reprises, protection contre le vent optimale, voilà une liste de points non-négligeables pour une utilisation autoroutière d’un deux-roues motorisé auxquels la routière BMW répond parfaitement bien. De plus, si vous optez pour une version ultra équipée de la RT, vous aurez en prime un régulateur de vitesse adaptatif ultra efficace sur voies rapides. Malheureusement je n’ai pas pu l’essayer car ma moto d’essai en était dépourvue. Dans tous les cas, la RT est équipée d’un régulateur de vitesse “passif” de série qui fonctionne parfaitement bien et qui est également fort agréable. Lorsque le pare-brise est réglé au plus haut, le vent ne vient pas induire des mouvements parasites sur le casque du pilote et ce malgré ma grande taille (1m94), et c’est assez rare pour que cela mérite d’être souligné. Même les pare-brises de la grande sœur K1600 ne m’ont pas autant convaincu.
Finalement, l’heure d’autoroute que j’ai dû faire pour rejoindre Aigle est passée comme une lettre à la poste et j’aurais très bien pu enchaîner avec une deuxième sans soucis.
Une fois arrivé dans le Chablais, nous décidons d’emprunter les petites routes direction Brigue afin de profiter au mieux du paysage et des températures clémentes de 19°C environ. Manque de pot (ou plutôt mauvaise planification de notre part) le tour de Romandie passait par la région le même jour, ce qui nous a poussé à quand même prendre l’autoroute un bout plus loin. S’il faisait beau dans la vallée du Rhône, ce n’est plus la même histoire une fois arrivés à Brigue. Un gros épisode pluvieux nous accompagne jusqu’en haut d’un col du Simplon déserté des motards en cette journée à la météo changeante. Je suis tout heureux d’être équipé de poignées et selles chauffantes qui me gardent plus ou moins au chaud contrairement à mon compère qui se les gèle pendant la montée. Les accessoires chauffants sont astucieusement activables via des boutons assignables à diverses fonctions sur le carénage inférieur gauche. Le col du Simplon terminé, les qualités dynamiques de la R 1250RT se font déjà ressentir, ceci pour mon plus grand plaisir.
Quel moteur ! c’est impressionnant à quel point celui-ci est rempli à tous les régimes, et les 279 kg de la machine se font presque oublier par moments, tant les reprises sont franches et sportives. L’admission variable shift cam qui équipe le twin boxer allemand n’est pas là pour faire joli et elle procure un plaisir certain lors des accélérations. La stabilité en courbe affichée par cette routière est saisissante et l’assiette ne bouge quasiment pas lors des freinages grâce au système Telelever, équipement véritablement incontournable chez BMW et qui prend tout son sens sur des motos de ce type à vocation clairement routière. Bon, il y a tout de même un gros point noir à cette ascension: le train de pneus Michelin Road 5 GT qui équipe de série cette RT. Il me renvoie un feeling quasi inexistant, manquant de me faire perdre l’avant à plusieurs reprises. Je ne peux malheureusement qu’imaginer le bonheur d’avoir un train de pneus efficace sur cette moto. Lors de la redescente, le soleil repointe le bout de son nez pour nous réchauffer et nous sécher par la même occasion. Nous bifurquons quelques kilomètres après Domodossola pour rejoindre les Centovalli et ses petites routes absolument superbes. C’est simple, je n’ai encore jamais ressenti autant de plaisir sur route que lors de notre montée sur le Tessin. En 25 minutes nous n’avons croisé qu’une seule voiture et les enchaînements de virages sur cette petite route féerique ne me lassent jamais. L’avantage est aussi qu’il n’est absolument pas nécessaire de rouler à des vitesses démesurées pour prendre son pied sur cette route, c’est pourquoi je la recommande vivement à tout le monde. C’est bien sur cette route aussi que la RT m’a donné la pleine mesure de ses qualités, et l’agilité procurée par le centre de gravité bas est telle que les changements d’angle se font sans le moindre effort et toujours avec progressivité. Un mot sur la sonorité offerte par le boxer, ce son rauque et viril qui arrive dès les bas régime et qui ne semble jamais s’essouffler: on ne s’en lasse pas !
le freinage quant a lui est digne d’une moto nettement plus sportive tant la capacité à s’arrêter rapidement et sereinement est bluffante pour une moto de ce gabarit.
Un GPS exceptionnel
J’ai eu tout le loisir de tester le GPS BMW lors de mon road-trip et je ne vais pas tourner longtemps autour du pot, il est parfait ! Tout d’abord, il est ultra facilement paramétrable via son smartphone, grâce à l’application BMW Motorrad Connected. Votre téléphone sera d’ailleurs chouchouté grâce à une trappe de rangement dédiée dans laquelle un chargeur à induction ventilé est dissimulé: la toute grande classe, même le vaisseau amiral bavarois K1600 n’a pas eu le droit à la recharge à induction. Ainsi vous arriverez à destination avec votre téléphone chargé à 100% et sans risque de voir celui-ci surchauffer en cas de fortes chaleurs.

Bien équipée
Le bloc optique installé d’origine sur la routière n’a pas à rougir devant celui de la plupart des voitures. Les LED qui le composent permettent une clarté optimale et une portée impressionnante. Couplé aux feux anti-brouillard, la largeur du faisceau de lumière est quasi inégalée pour un deux roues. Pour tout vous dire, j’ai dépassé une voiture sur une route de campagne en pleine nuit et je peux vous assurer que son occupant voyait mieux la route lorsque je lui suis passé devant. Quand en plus BMW équipe sa RT d’un bloc optique adaptatif, vous imaginez bien que l’éclairage est efficace, peu importe le type de route pratiquée, et même dans les cols. En bref, l’équipement de cette R 1250 RT est de très très haut niveau et rendra vite accro son propriétaire à une technologie qui peut sembler de prime abord superflue.


Autonomie
Il est temps de parler d’un point primordial pour ce type de moto là, à savoir l’autonomie. La consommation moyenne de mon essai est de 5.3 l/100km en utilisation mixte (autoroute – cols – ville). J’ai remis 19.4 litres à la pompe, ce qui signifie qu’il me restait légèrement plus que 5 litres dans le réservoir (25l de capacité). J’ai effectué 368km avant de faire le plein, donc il est possible d’atteindre les 400km plutôt sereinement selon votre manière de l’utiliser.
Conclusion
Cette première expérience au guidon d’une moto de la catégorie « routière » a été pour moi une franche réussite. Je suis complètement sous le charme de cette moto « bonne à tout faire ». Si vous faites de la route, même avec une conduite sportive, c’est la moto parfaite. L’agrément de son moteur ne vous fera absolument pas passer pour le « boulet » de votre groupe de motards, bien au contraire ! Avec un confort royal, une excellente autonomie, une protection de top niveau, un freinage efficace et un équipement à la pointe de la technologie, elle a tout pour plaire. Il vous faudra néanmoins y mettre le prix pour vous offrir une de ces machines, au minimum 21’800 .- CHF pour être précis. Si en plus vous souhaitez équiper votre moto avec des accessoires techniques, le prix peut vite prendre l’ascenseur. En prenant tout cela en compte et en la comparant avec la gamme K1600 du constructeur bavarois, on réalise que la R 1250 RT n’a pas à rougir devant sa grande soeur et son moteur 6 cylindres, bien au contraire. Pour le prix d’une K1600 GT sans équipement vous pouvez vous offrir une R 1250 RT full équipée, de quoi faire réfléchir, donc. Si vous hésitez entre les deux, je vous conseille vivement de vous faire votre propre avis en vous rendant chez votre concessionnaire BMW pour les essayer toutes les deux avant de prendre une décision.
GALERIE
BILAN
ON A AIMÉ :
confort royal, équipement de top niveau, bonne autonomie, moteur sportif, protection optimale
ON A MOINS AIMÉ :
train de pneus d'origine, nombreuses options payantes, feu arrière disgracieux