Une étape qui s’annonce dantesque, que du sable et surtout des dunes immenses. Elle sera longue et difficile, surtout pour les motos pros. A nouveau, un départ type Le Mans, tout le monde sur une ligne. Il faut bien choisir sa trace et éviter de rouler dans celles des autres, le sable est plus mou qu’en surface. La journée commence à nouveau bien, je roule avec mon coéquipier Reto, qui a des problèmes de roadbook. Du coup on fait équipe.
Les dunes sont impressionnantes ! Le sable est plus dur et les dunes plus hautes qu’en Tunisie et dès qu’on a une bonne trajectoire, on peut enchaîner plusieurs dunes avant de s’arrêter soit pour reprendre son souffle, soit parce qu’on s’est planté… C’est très physique.
Au premier CP je tombe sur Reto, qui avait pris de l’avance sur moi. Je repars avant lui, et quelques centaines de mètres après je roule sur de l’herbe à chameau. C’est un petit monticule dur comme de la pierre dans le sable. Ma moto est stoppée net et je vole par-dessus le guidon.
J’atterris sur la tête et elle tape fort contre mon épaule. Wow, je crois pas que j’ai souvenir d’avoir pris une volée aussi violente ! Je suis incapable de bouger pendant quelques secondes et tout à coup je vois Reto qui arrive et me demande si ça va. J’essaie de me lever et lui dit que je crois que c’est ok, jusqu’au moment où je veux bouger mon bras! Ahhhgghh, non ça va pas du tout. Reto fait demi-tour pour aller chercher les secours au CP et en attendant le médecin je sais déjà que la course est terminée… La frustration est énorme… Tous ces mois de préparation, les weekends passés à travailler sur moto, tous les projets à moto que j’avais après le rallye, tout ça défile dans ma tête. Je suis tellement en colère de n’avoir pas su éviter cet accident alors que j’ai roulé sans prendre de risques depuis le début du rallye.
Je suis pris en charge par la Jeep médicale. Après m’avoir enlevé le casque et la veste, on constate que mon épaule est descendue de 2cm…. Ligaments déchirés et probablement clavicule cassée… Le médecin me dit avec un gros sourire : « T’es le 3ème depuis hier »… ça me fait une belle jambe, même si pour être honnête ça m’a fait me sentir un peu moins nul sur le moment. C’est la première fois que je porte un Leatt Brace et je m’interroge sur son utilité. Le médecin me dit qu’on ne peut rien prouver, mais qu’il m’a probablement épargné une blessure aux cervicales. J’aime mieux penser ça !
Ils me transportent en Jeep jusqu’au CP de ravitaillement et Reto nous suit avec un pilote italien qui a décidé d’abandonner. Le médecin me dit que l’hôpital de Merzouga n’a plus d’appareil de radiographie et que le prochain hôpital est à plus de 4h de piste et que ça ne vaut pas la peine d’aller si loin, ça peut attendre que je sois de retour. On me donne des médocs et on me dit encore gentiment que je recevrai une facture à la maison pour ma prise en charge… Sympa, je pensais que c’était compris dans l’inscription du rallye !
Je passe le reste de la journée avec notre assistance au CP de ravitaillement. Nos pilotes arrivent très tard, ils sont épuisés, tout le monde a écopé de pénalités de temps, la journée a été très dure. Seul 17 pilotes sur plus de 100 en moto pros parviennent à boucler tout le tracé dans les temps et 13 amateurs sur 35.
La malchance des uns fait le bonheur des autres on dit non ? Puisque le rallye est terminé pour moi, je prête ma moto à Jori, un pote Finlandais qui n’a pu rouler que le premier jour, son Aprilia 450 Factory ayant des problèmes électriques impossible à résoudre sur place… Probablement le boîtier électronique qui est défectueux…
Pour 3 nuits nous sommes dans un tout petit hôtel tenu par une française. Entre les pannes d’électricité ou la douche qui déborde c’est pas le grand luxe, mais leur repas du soir est tellement bon, qu’on pardonne tout le reste. Les nuits sont glaciales à Merzouga et je suis obligé de dormir avec mes sous-vêtements thermiques.
La course des dunes, 2 tours pour les amateurs et 4 pour les pros. Reto n’ayant pas envie de rouler, on s’en va avec notre service team, Daniel et Michael, voir la course. C’est épique. Le CP final se trouve sur la plus haute dune et la majorité des concurrents n’arrivent pas jusqu’au sommet, ils doivent donc gravir les quelques centaines de mètres restant à pieds pour donner leur carte de temps.
Les 2-3 tops pilotes dans les pros terminent les 4 tours alors que la plupart n’en sont encore qu’à leur premier ou second tour. Le tout avec une telle facilité que s’en est presque insolent !
C’est une journée courte, en début d’après-midi nos pilotes arrivent exténués, aucun n’ayant été assez rapide pour avoir le droit de commencer le 3ème tour. On a vu les top pilotes dans la catégorie pro terminer les 4 tours une bonne heure avant que les nôtres reviennent de leur second tour. La différence de niveau entre le top 5 (tous des hollandais) et le reste des pilotes est énorme.