Voici pour les particularités techniques et fonctionnelles de cette petite Street Twin. Prenons place sur la nouvelle selle, plus épaisse de 10mm, et voyons comment se présente la moto en dynamique. Accessible, avec une hauteur de seulement 760mm, la moto est fine, très fine, et on a presque l’impression que les genoux vont se toucher lorsqu’on serre le réservoir. Les jambes sont certes plus pliées que sur sa grande sœur, mais j’ai tout de même de l’espace pour m’installer à bord.
Première impression, un rien déstabilisante pour moi, les commandes qui sont fortement inclinées vers l’avant, imposant une position de conduite nettement plus en appui qu’imaginée. Un coup de démarreur et le twin vertical prends vie, dans une sonorité déjà bien présente. Et ce n’est pas un euphémisme, tant ce moulin est vivant et plein de pêche. Un poil rustre, il relance la machine avec entrain dès 3000tr/min, ne rechignant pas à monter jusqu’aux 7500tr /min de la puissance maxi. Les vibrations sont toutefois assez présentes dans le haut du compte-tour, et on se plait à évoluer entre 3000 et 5500tr/min, zone du couple maxi. Il faut savoir que les courbes de puissance et de couple ne sont pas tout à fait les mêmes que sur le Scrambler, et c’est vrai qu’en terme de sensations, la Twin donne la sensation d’en avoir plus pour son argent. Le poids a beau être le même, la position de conduite, l’agilité et la façon dont la puissance est distillée changent la donne. A son guidon, tout semble plus facile que sur le Scrambler, et on a l’impression de gagner en efficacité. La nouvelle fourche d’un diamètre de 41mm travaille bien, et absorbe les petites aspérités de la route avec brio. Le freinage est plus que correct, offrant une puissance et un mordant qui, sans être violents, s’avèrent d’une efficacité redoutable pour parer à tout imprévu. Un banc de sable poussé par le vent en plein milieu d’un virage, par exemple.
En termes de tenue de route par contre, je suis plus circonspect. Et c’est principalement dû à la monte d’origine, les Pirelli Phantom n’étant clairement pas à leur avantage sur route mouillée. Dans des conditions de déluge telles que nous les avons vécues lors de cet essai, climat océanique oblige, le grip de ces pneus a clairement été pris en défaut, et j’ai vu certains de mes collègues faire de belles bananes avec leur pneu arrière, malgré les assistances. Sur route sèche en revanche, je n’ai pas rencontré de problème particulier et le feeling était au rendez-vous, procurant un gros plaisir de conduite sur les petites routes du Portugal. Je n’ai pas noté de différence notable entre les modes « Road » et « Rain », qui agissent principalement sur le niveau d’intervention desdites assistances ainsi que sur la progressivité de la poigné de gaz, mais je ne peux constater que je ne me suis pas fait de grosse frayeur, malgré le rythme élevé imprimé par l’ouvreur de mon groupe. La partie-cycle, quant à elle, ne fait pas preuve d’une extrême rigidité et permets de sentir l’âme de la Bonneville vivre dans les courbes. Tout cela participe grandement au charme dégagé par cette machine, digne héritière de la T120TT de 1963. Le confort de selle est excellent, et le son accompagnant les montées en régime est jouissif, sourd et ronronnant à la fois. Très franchement, à part au niveau de l’esthétique, je ne vois pas de raison de craquer pour les - néanmoins - sublimes Vance&Hines du catalogue d’accessoires. Car cette moto, chouchou des préparateurs, dispose d’un catalogue de plus de 140 pièces dédiées à sa customisation, allant de selles type café racer aux clignotants compacts à LED en passant par des têtes de fourche et des kits de suppression de garde-boue arrière. Triumph propose d’ailleurs deux kits de base (« Urban Ride » et « Café Custom »), dont les infos et photos figurent en fin d’article.
Les quelques 17500 propriétaires ayant cédé à ses avances depuis 2016 ne s’y sont pas trompé : la Twin est une charmante moto, plaisante et facile à prendre en main. Et elle se bonifie encore cette année, avec un train avant de qualité et une puissance accrue. L’électronique se fait de plus en plus présente, mais toujours de façon très discrète, et le moteur est un vrai régal, emmenant son pilote d’une épingle à l’autre dans un grondement typique de la firme anglaise. Elle distille de belles sensations et attirera immanquablement le regard sur votre passage. Une belle découverte, assurément.
Disponibilité à la mi-janvier 2019, au tarif de 10'490.- CHF (hors frais de transport et de mise en route)
Le kit Urban Ride :
Le kit Café Custom :