Depuis quelques semaines, avec le retour des beaux jours, les motards sont toujours plus nombreux sur les routes. Comme chaque année, qui dit retour de la belle saison, dit également recrudescence des accidents mortels.
Auparavant, jusqu'en 2003, il fallait conduire au moins deux ans une petite cylindrée (125 cc) avant de pouvoir prétendre changer de catégorie. Depuis, il est possible, à condition d'avoir 25 ans et le permis de catégorie B, d'immédiatement se lancer avec une grosse moto. L'OFROU propose que seule la catégorie intermédiaire (limitée à 25 et maintenant à 35kW) soit accessible aux conducteurs inexpérimentés.
Selon les chiffres de l'OFROU, l'inexpérience est souvent en cause. En effet, un tiers des victimes d'accidents sur des motos de plus de 125cc ont leur permis depuis moins de trois ans. Si le nombre d'accidents impliquant des pilotes expérimentés reste stable, ce n'est toutefois pas le cas de ceux qui concernent les élèves-conducteurs (13% en 2011, 16% l'année passée). De plus, sur les 49 pilotes qui ont perdu la vie, 13, soit environ un quart, avaient encore le "L" d'élève conducteur.
Le président de l'organisation faîtière des instructeurs, Jürg Stalder, est bien conscient de la problématique : "Toute personne ayant un permis de voiture et 25 ans au moins peut aller chez un vendeur et repartir avec une grosse cylindrée, explique son président Jürg Stalder. Et plus les connaissances techniques et de conduite sont limitées, plus le risque d'accident est grand." Il termine par insister sur le fait qu'il est important, pour chaque motard débutant, de suivre un cours d'initiation et de se faire conseiller justement sur le choix de sa monture.
Autre son de cloche du côté de l'Office suisse de conseil pour deux-roues, Roland Fuchs décrit la conduite d'une moto comme bien plus difficile que celle d'une voiture : "Une bonne condition physique et une maîtrise totale du véhicule sont indispensables. Et ce n'est qu'avec beaucoup de pratique qu'on devient un 'bon guidon'." Et il relève aussi que le principal problème réside dans les conducteurs "du dimanche" : "Peu de gens vont travailler à moto. Mais beaucoup la sortent le week-end pour se balader."
Les deux protagonistes Roland Fuchs et Jürg Stalder se concertent contre un durcissement des règles : "Ça ne sert à rien, ça agace les gens et n'améliore pas l'apprentissage", explique le second, en ajoutant que les conditions d'examen devraient être encore plus strictes.
A Berne, le Bureau de prévention des accidents (BPA) a déjà pris la chose au sérieux en présentant, conjointement avec l'OFROU, toute une liste de mesures visant à améliorer la formation des motards. "La grande nouveauté serait surtout d'empêcher l'accès direct aux grosses motos", déclare Marco Cavegn, porte-parole du BPA. Selon ce dernier, une procédure de consultation pourrait être lancée cette année encore.