Il m'a fallu que quelques minutes pour à nouveau me sentir à l'aise sur un deux-roues grâce à cette MT-07. Je me rappelle de l'ancien guidon qui semblait vraiment étroit, là les 32mm font une différence notable. On s'approche de la position d'une MT-09, mais sans le basculement vers l'avant. À basse vitesse l'agilité est toujours au rendez-vous, un régal de se faufiler dans les rues de Marseille au guidon de cette moto.
Le caractère toujours aussi joueur et coupleux du bicylindre CP2 est également un énorme atout pour la MT-07. La courbe de couple culmine à 6'500 tr/min, mais une bonne partie est déjà disponible bien avant. On lâche tout juste l'embrayage qu'elle s'élance joyeusement en avant. Ensuite vient le moment d'engager la deuxième, tout en douceur et en précision grâce à la boite de vitesse. On joue facilement du sélecteur, d'un petit mouvement la vitesse passe sans encombre.
Et l'accélération pour ce petit roadster est remarquable, ces quelques 73 chevaux sont volontaires et bien présents. Grâce à un poids contenu, la prise de vitesse est prompte, et la réponse de la poignée de gaz est au diapason (!). A l'aveugle, dire qu'elle est moins puissante en Euro 5 est, selon moi, impossible. Si on regarde mes homologues français, elle lève toujours aussi facilement...
A faible vitesse, quand on prend les freins on sent bien la partie souple de la fourche qui se tasse avant de rencontrer la partie plus ferme. On y perd le mordant des freins, pour un feeling très progressif et adapté à l'usage qu'un néophyte en aura. Et lorsqu'on prend un ralentisseur, le rebond un peu trop important de l'amortisseur fait remonter l'arrière de façon inattendue. Reste que la hauteur de selle réduite ne sacrifie rien à la garde au sol, ce qui autorise de descendre de trottoirs relativement hauts.
On quitte la cité phocéenne, direction Cassis, sur des longues courbes rapides que la MT-07 avale sereinement et à bon rythme. Une fois mise sur l'angle, elle garde la trajectoire qu'on lui donne sans réelle intervention. Un peu plus loin une bifurcation donne l'accès à la Route des Crêtes, avec une vue à couper le souffle, mais celle-ci est fermée pour cause de Mistral. On repassera.
Les virages se rapprochent les uns des autres, la vitesse moyenne diminue mais le rythme reste soutenu. Même avec les deux points relevés sur la suspension, je sens bien la moto et m'amuse beaucoup avec. Lors de quelques rétrogradages trop enthousiastes, j'ai mis en difficulté la roue arrière car l'embrayage n'est pas anti-dribble pour des raisons économiques.
Sur le flanc Nord du Col de l'Espigoulier, la température chute brusquement, autant dans l'air qu'au sol. La moindre partie humide soulève le doute. Glissant ? Pas glissant ? J'aurai déclenché deux/trois fois l'ABS en utilisant le frein arrière, mais en suivant le groupe de journalistes je n'aurai pas eu de déclenchement intempestif.
En une journée d'utilisation soutenue, avec énormément de virages et pas mal de changements d'altitude, on aura parcouru 180 km. Au terme de quoi la réserve n'était pas encore allumée, mais proche. Selon mon calcul, on se situerait autour d'une consommation de 5.5 L/100 km.
Pour une utilisation quotidienne, le roadster s'accommode très bien d'un petit trajet sur autoroute. A 120/130 km/h, le moteur reste disponible en 6ème tandis que la prise au vent reste supportable. Le pack Urban (CHF 599.- hors installation) complètera avantageusement (au sens pratique) la MT-07 avec un grande saute-vent, une double prise USB, une protection de réservoir, le porte-paquet et son top-case.
Plutôt envie de pièces sports ? Le kit Sport (CHF 529.- hors montage) comprend un saute-vent teinté, des grips de réservoir latéraux, des clignotants LED et un support de plaque un peu plus fin, mais pas vraiment plus court.
Dans le comportement de la MT-07, la nouvelle monte pneumatique y est surement pour beaucoup. Les Michelin Road 5 sont en monte d'origine sur de plus en plus de motos semblables (dont la Triumph Trident), ce n'est pas un hasard ! Avec le guidon redessiné, je pense que ce sont les deux améliorations qui permettent à la MT-07 2021 de faire un pas en avant pour un prix qui reste inchangé en Suisse (alors qu'en France par exemple, le prix a légèrement augmenté).
Avec cette progression douce mais assurée, Yamaha ne prend pas de risque avec sa MT-07, son best-seller. Il fallait qu'elle garde son prix très compétitif et c'est mission accomplie. Les suspensions, déjà décriées en 2018, sont toujours là, mais il faut savoir garder en tête le public à qui cette moto s'adresse. Ce sont des avis de conducteurs très habitués au monde du deux-roues qui critiquent, le motard lambda s'en aperçoit car il le lit çà et là.
Grâce aux pneus la moto gagne en agilité et en précision, le guidon plus large offre du confort aux grands ainsi qu'une meilleure prise en main pour tous. Restera pour tous à accepter ce look. La finition progresse, la nouvelle couleur Storm Fluo est prometteuse et la question maintenant sans réponse est : les clients passeront-ils outre ce phare qui laisse dubitatif ?
Pour le reste, elle a tout pour plaire et ravir à nouveau le titre de moto la plus vendue du marché, mais il faudra pour cela que le nombre de gens détournés de l'achat par l'optique ne soient pas trop nombreux.