Avec une moto comme la SCR950, on cible une clientèle qui cherche à se démarquer. Ils recherchent une image que les autres ne proposent pas mais aussi une grande liberté. Ainsi, ce Scrambler accepte volontiers de s’aventurer hors des routes, équipé de pneus mixtes, on est très sérieusement allé essayer ça !
L’asphalte tout juste quitté, il faut commencer par traverser une rivière. Une formalité, debout sur les cales pieds et le regard vers l’horizon l’obstacle est franchi en un rien de temps. Là, commence un bon tronçon mêlant graviers, cailloux plus gros et terre légèrement compactée. Alors que les jours précédents c'était la poussière qui rendait la conduite plus délicate, pour nous ce sont des pluies anglo-saxonnes qui se sont invitées.
Le guide a l’air plus qu’à l’aise, mes collègues bien moins. À la première opportunité je passe en seconde position pour suivre la trace slalomant entre les trous remplis d’eau et notre ouvreur. Pour une moto de 250 kg, je suis très surpris de me déplacer aussi facilement dans ces conditions. Sur un filet de gaz en 3ème, il y a déjà tout le couple nécessaire mais aussi le frein moteur.
La garde au sol n’est pas optimale, la SCR950 est dérivée d’un cruiser et non d’une enduro comme la XT500 de 1975. La suspension demande grâce à son tour, les 135 et 110 mm de course ne suffisent tout simplement pas. Cependant j’ai vraiment pris un plaisir fou à mettre de la boue partout durant la matinée. Je me sentais surtout en confiance de le faire depuis mon initiation au tout-terrain.
Pour aller faire le zouave dans la terre, je prendrais plutôt une WRF si vous me demandez, là n’est pas le sujet. Le reste de l’essai s’est déroulé sur route, en partie détrempée mais aussi pratiquement sèche. Les pneus Bridgestone ont alors pu montrer leur polyvalence. Sur le sec, ils atteignent une première limite dans les changements rapide de direction. Dans ce cas là ils commencent à chercher l’adhérence à la remise des gaz.
Sur le tracé sinueux, les cale-pieds ont fait les frais de leur position ne permettant pas une grande prise d’angle. Limés, poncés, voir même absents à la fin de la journée sur certaines motos… A essayer de tenir le rythme, j’ai plusieurs fois pesté contre ces mêmes cale-pieds qui m’ont semblé extrêment glissant. Plus tard, j’ai réalisé que le freinage était un peu léger en terme d’équipement. En effet j’avais fais la remarque sur le Bobber, un simple disque à l’avant fait petit bras. D’autant plus que l’anglaise est plus légère et ne peut pas accueillir de passager. Reste qu’hors des sentiers battus j’étais content de ne pas avoir un maître cylindre en mode freinage de trappeur.
Tout le long de l’essai, la sonorité caverneuse du V-twin nous accompagnait joyeusement. Inutile de chercher les hauts régime, le son s’étouffe aussi vite qu’il n’y a plus de couple. Même si la boîte n’a que 5 vitesses, l’allonge est suffisante pour un raccourci autoroutier. Au terme de l’itinéraire, aucune douleur à signaler : poignets à mi-hauteur, selle confortable, repose pied bien placés. Reste la prise au vent, bien qu’elle s’inscrive dans la norme de tout roadster.
C’est le mot qui revient le plus souvent à la sortie d’un modèle de nos jours. Parfois c’est un adjectif, parfois une déclinaison d’un modèle, voir carrément le nom du modèle. Avec les lettres SCR Yamaha ne peut pas nier s’en approcher, en pratique c’est même exactement ça : une moto de route adaptée pour offrir la plus grande polyvalence et dont le look s’inspire de ce qui se faisait dans les années soixantes.
Cette SCR950 a de nombreux atouts, comme le moteur V-twin gavé de couple, la position de conduite adaptée et son magnifique réservoir très bien fini. Ayant eu la chance d’essayer, elle se débrouille aussi bien sur des routes de terre malgré ses 250 kg. Son poids n’est d’ailleurs pas non plus un handicape sur la route, une fois lancée elle est assez agile. C’est pour la manoeuvrer à l’arrêt que le bas blesse.
Mais est-ce vraiment un défaut ? Non, un scrambler n’est jamais une moto parfaite, c’est plutôt celle qui aura su séduire son propriétaire pour devenir la base de son projet de personnalisation. Et pour ça, cette Yamaha a de l’avenir.