Un impulsion sur le démarreur et le bicylindre 745cc prend vie. Fort de ses 55cv, mais essentiellement par ses valeurs de couple jusqu’aux mi-régimes, on s’attend à ce qu’il n’ait aucune peine à tracter les 238kg (en ordre de marche) du X-ADV. Il suffit de presser sur le bouton D du commodo de droite pour que la boîte passe du neutre au premier rapport. Naturellement, au préalable, il faut penser à desserrer le frein de parking discrètement intégré dans le carénage sous la tête de fourche.
L’évolution à basse vitesse se déroule agréablement, la boîte de vitesses DCT passant les rapports sans même qu’on le remarque. Il n’y a qu’en redonnant un filet de gaz que la chaîne de transmission claque, comme pour nous rappeler qu’elle est bien présente. En ville, jusqu’60km/h, le X-ADV fait preuve d’une facilité remarquable à tel point qu’on se sent de suite à l’aise à son guidon. Ce n’est ni son poids, somme toute conséquent, ni sa taille qui jouent en sa défaveur. La commande de gaz répond à la moindre des sollicitations et la boîte de vitesses s’adapte à votre rythme de conduite sans manquer de répondant. En ville, et principalement en mode D, la DCT privilégie une conduite sur le couple, en douceur, pour favoriser l’efficience énergétique. D’ailleurs, à ce sujet, la consommation moyenne est donnée à 3.6 litres pour 100 kilomètres parcourus. Un vrai chameau !
Haut perché, on peut aisément observer ce qu’il se passe devant le véhicule qui nous précède. C’est une aubaine dans le trafic urbain pour une conduite en sécurité.
Bien que le X-ADV soit à son aise parmi les caisseux, il n’a fallu qu’un tour de poignée de gaz pour voir que le 750cc avait du coffre… Ses performances ne pouvant être exploitées dans le dense trafic des périphéries urbaines et d’un carrefour à l’autre, quand bien même on a pu constater que le X-ADV excelle dans l’exercice du départ arrêté. En essorant la poignée d’un coup, il bondit à 50km/h ! A ce jeu-là, gaffe à la motricité sur chaussée mouillée, le véhicule étant étonnamment dépourvu de contrôle de traction.
La Sardaigne bénéficie d’un réseau routier magnifique, avec un asphalte accrocheur et des successions de virages à perte de vue, le long de la côte comme au coeur des terres. Après quelques kilomètres parcourus à allure soutenue, on peut d’ores et déjà déclarer que le X-ADV n’a pas à rougir face aux roadsters de moyenne cylindrée et autres trails de même tail. De longues courbes prises à des vitesses largement supérieures à celles autorisées ont révélé un châssis sain et parfaitement équilibré entre confort et sportivité. Son empattement conséquent lui confère une grande stabilité à haute vitesse et ses éléments de suspension travaillant de concert assurent un parfait amortissement sans louvoiement désagréable. Pour ceux, moqueurs, qui pointaient du doigt le X-ADV en le qualifiant de vulgaire scooter, qu’ils se ravisent, le X-ADV a, dynamiquement, tout d’une moto. Equilibre, précision, confort, stabilité, ce sont quelques-uns des qualificatifs que l’on retiendra.
Quand les virages se resserrent, on adapte la configuration de la boîte de vitesses DCT. En mode S, elle est plus réactive, rétrograde plus rapidement et, en pleine accélération, passe le rapport supérieur plus tardivement. Réglable sur trois niveaux, chaque niveau déterminant une réactivité plus dynamique que le précédent, le mode S suffit à la plupart des arsouilles. La DCT fonctionne intelligemment en anticipe les rétrogradages lors de gros freinage, de même que gère la notion de frein-moteur en descente. Il est toujours possible de changer de rapport à la demande en utilisant les gâchettes de sélection sur le commodo de gauche, pour anticiper le dépassement d’un véhicule par exemple.
Si cela ne devait pas convenir au pilote exigeant, il y a encore le mode manuel. Là, vous êtes le chef d’orchestre. Les rapports se passent à la volée à l’aide des gâchettes prévues à cet effet. Toujours sans aucune secousse, les rapports s’enchaînent dans une fluidité typique des boîtes à double embrayage. On adore, tant c’est efficace ! D’ailleurs, on est déjà en train de s’imaginer pourrir des roadsters et autres sportives de moyenne cylindrée de nos cols alpins.
Et s’il y a encore une chose dans laquelle cet X-ADV étonne en bien, c’est dans son système de freinage. Hérité de l’Africa Twin, le freinage avant sied parfaitement aux performances de la machine. Progressif, il ne piégera pas les débutants. Et à force que l’on tire sur le levier, la puissance de freinage se montre toujours plus forte. Une sorte de force tranquille. Certains préféreront plus de réactivité, d’autres apprécieront sa progressivité. Aussi, chose appréciable, l’absence d’effet de bascule : aidé par son grand empattement, le X-ADV freine à plat, sans que sa fourche s’enfonce délibérément comme sur la plupart des trails.
A ce jeu-là, auquel nous avons pris goût, on salue le travail effectué sur le bicylindre 745cc, notamment cette force jusqu’à mi-régime, mais on regrette le manque de puissance au-delà. En effet, le moteur manque de gnaque au-delà de 4’000tr/min. Dommage, car le châssis pourrait sans autre avaler 30-40cv supplémentaires ! D’ailleurs, on se plaie à rêver que les ingénieurs Honda lui greffe le véloce bicylindre 1’000cc de l’Africa Twin. Peut-être un jour sera-t-on exaucer, qui sait !
Plus haut, nous parlions de l’allure off-road du X-ADV. Comme on se demandait si le plumage vaut le ramage, il a bien fallu que nous emmenions la machine hors des sentiers battus. Du sable, des cailloux, des chemins parsemés de trous et d’ornières, ce n’est pas ce qui manque ici en Sardaigne. Bénéficiant d’une garde au sol généreuse, le X-ADV fera fi des cailloux et autres branchages. La suspension absorbant avec brio les irrégularités du chemin forestier accidenté, on évolue en toute quiétude, les pneus de type enduro routier s’occupant de la motricité.
Curieux de prendre son guidon, c’est convaincus que nous le cédons. Le X-ADV est un nouveau genre de véhicules à deux-roues, mélangeant les genres avec finesse. Réussi, il l’est ! Il saura convaincre le motard vacciné comme le scootériste réticent à passer à la moto. Conjuguant le meilleur des deux mondes, le X-ADV fait un quasi sans faute, pour autant qu’on ne lui tienne pas rigueur de son absence de contrôle de traction et de son relatif manque de puissance à l’approche de la zone rouge.
Intriguant par son design, il invite à l’essai, essai qui se soldera par une révélation : des motards s’accordent à dire que le X-ADV est une vraie réussite !
On attend qu’une seule chose, que Honda, titillé par un concept similaire à trois-cylindres de Yamaha, propose son X-ADV en une motorisation plus velu.