Trois blocs plus tard, je suis déjà passé en mode Touring. Les 112 chevaux sont là mais encore un peu endormis. Le DTC est réglé sur la valeur médiane de 4 sur 8 et n'interfère pas trop dans la conduite. C'est une très bonne base de réglage pour commencer à se faire plaisir sur une route tortueuse et empruntée à vitesse moyenne. C'est alors que nous arrivons justement sur un premier col.
Dompté par le Ride-by-wire, le moteur laisse tout juste de quoi s'extraire rapidement d'une épingle, à moins que le contrôle de motricité n'y mette son veto. Au freinage, on peut s'y prendre de façon assez maladroite. Le deuxième degré du réglage d'ABS interdit le blocage des deux roues mais permet de délester raisonnablement l'arrière pour diminuer la distance de freinage uniquement.
Le rythme imposé par le guide de l'usine augmente et la distance entre les courbes devient trop courte pour que les 112 poneys permettent de combler l'écart. Ne reste plus qu'à sélectionner le mode sport !
La poignée de gaz reportant sans filtre l'information à l'injection, le Testrastreta va enfin tout donner à la roue arrière. Le DTC est réglé bas, c'est selon moi tout juste ce qu'il faut pour avoir à doser son extraction de courbe mais s'en sortir avec une courte coupure de gaz si on était trop optimiste. Toujours en maintenant un filet de gaz sur l'angle, avec un régime d'environ 4'500-5'000tr/min, la Monster bondit littéralement en avant dans un brouhaha digne d'un supermotard. A l'usage, cet échappement est une réussite, seuls ceux qui ne sont pas convaincus par le look ou recherchant la performance se tourneront vers Termignoni.
Le freinage demande lui un peu plus de finesse pour être fait de façon optimale. Il n'y a plus surveillance de soulèvement de la roue arrière mais on ne peut toujours pas bloquer ses disques. A l'attaque depuis le départ, les freins n'ont montré aucune faiblesse. Autant la poignée que la pédale ont gardé la même progressivité et le même feeling. Au fur et à mesure que je découvre la route, la progression à un rythme poussé me semble éprouvante. Pour ne pas ralentir le groupe, je profite d'un arrêt photo pour paramétrer la 821 à ma sauce.
Uniquement à l'arrêt, on peut entrer dans un sous-menu et faire un réglage plus fin de chaque mode de conduite. L'explosivité du mode Sport est enivrante, je ne peux plus m'en passer. Le DTC qui intervient très tard me plaît aussi beaucoup. Ne reste que l'ABS que je préférais en Touring. Bien qu'il émette un bruit bizarre quand il fonctionne, ce n'est pas désagréable pour la conduite. Engine High, ABS 2, DTC 2, GAZ en grand.
Si vous faites votre propre réglage, celui-ci sera mémorisé même si vous coupez le contact. Tout est mémorisé, même si vous désactivez les deux aides dans un des trois modes. Mieux que la SMC-R qui vous remet une couche d'ABS à chaque occasion.
Nous refaisons route vers Bologne en empruntant une section plutôt rapide où s'enchaînent les très grandes courbes ponctuées de quelques virages lents. La situation idéale pour prendre conscience de l'étagement de la boîte de vitesses. Avec les courbes de puissance et de couple déplacées plus loin dans la plage de régime moteur, on est bien moins à la chasse au rapport suivant qu'avec l'ancienne version.
En effet, le moteur ne s'essoufflant qu'au-delà de 7'000tr/min, la conduite est plus coulée sur Monster 821. La commande mécanique de l'embrayage est relativement légère, sans toutefois égaler une commande hydraulique. Le levier peut être utilisé à deux doigts mais doit être réglé pour atteindre le point de friction au bon moment. Une fois dans le rythme, on enchaînera les rapports sans embrayer et en accompagnant le sélecteur du bon geste.
La fin de l'itinéraire emprunte une route bosselée de bout en bout. Maintenir le rythme devient difficile lorsque la moto saute de bosse en bosse et qu'un léger guidonnage apparaît. La limite des suspensions d'entrée de gamme semble atteinte, mais il aura fallu s'engager plutôt vite sur cette route en mauvais état pour en sentir l'effet.
La monte pneumatique d'usine est un Pirelli Diablo Rosso II déjà connu, mais dans une nouvelle dimension arrière : le 180/60 R17, au lieu de 180/55. Ce pneu est né du développement de la marque transalpine en superbike. Ce flanc légèrement plus large conjugue souplesse d'amortissement avec la sportivité d'un pneu de 190 de large. La différence n'est pour moi pas flagrante, cependant le ressenti est en tout point au moins équivalent à un 55.
De retour à notre point de départ, ni mon fondement, ni mes poignets ne peuvent témoigner d'avoir fait une petite journée de roulage. La position relativement haute d'origine semble être naturelle pour moi. La selle de la 821 a pas mal gagné en largeur ainsi qu'en épaisseur, autant pour le conducteur que le passager. Le guidon a lui aussi été déplacé plus près du pilote mais aussi plus haut. On ne se retrouve pas perché au-dessus de la roue avant comme avec la 796.
Point de vue maniabilité, cette nouvelle Monster fait aussi très fort. Avec son guidon droit et large, on commande la direction sans effort autant en manoeuvre qu'à l'attaque. Se balancer d'un angle à l'autre est un jeu d'enfant et on y prend très vite goût.
Avec ce roadster, Ducati place un produit d'entrée de gamme très complet. Pour environ CHF 12'000.-, aucune concurrente ne propose de Riding Mode couplé à un ABS et un contrôle de traction aussi fin. La Monster a de nombreux atout comme le freinage très puissant, le bruit enivrant ou la rage d'avancer du moteur.
Les ventes de cette moto se joueront selon plutôt sur le coup de coeur, la meilleure façon de faire dépenser plus à un motard. Ce coup de coeur, je l'aurais presque eu, si j'ignorais ce dont est capable une plus grosse moto, mais aussi plus cher. Comprenez que dans ce segment de marché, je serai cet ami qui essaye de vous faire prendre la plus chère lorsque vous hésiterez à commander votre monture. Surtout en espérant pouvoir vous la prendre à l'occasion...