Le Rallye des Pionniers: Une histoire de famille
Je constate rapidement qu’ici toute le monde se connait. La majorité des participants sont des habitués qui reviennent chaque année. L’esprit de famille qui caractérise le Rallye des Pionniers, on le retrouve dans l’organisation également, puisque le boss, Pascal, est aidé par ses parents et sa sœur, qui sont bien évidemment entourés d’une équipe de bénévoles dévoués.
A l’époque où il était encore possible d’organiser un tel évènement en France, on trouvait plus de cent voitures et une quarantaine de motos sur la ligne de départ. Depuis qu’il se dispute au Maroc, le Rallye des Pionniers a repris une taille plus modeste. Pour cette 7ème édition, on compte une quarantaine de voitures, un camion, un quad et dix motos.
Des inondations ayant rendu de nombreuses pistes impraticables et même causé la mort de plusieurs personnes dans la région quelques jours avant notre arrivée vont sévèrement corser la tâche de l’organisation. Obligé à revoir les itinéraires jour après jour en envoyant des équipes de reconnaissance chaque nuit pour valider le tracé, trouver des alternatives ou improviser des solutions de dernière minute pour qu’on puisse prendre le départ chaque matin tout en devant négocier avec les autorités locales, l’orga n’a pas eu la vie facile pendant ce rallye.
Départ !
Le dimanche, après moultes rebondissements (négociations avec la police, modification d’itinéraire, équipes médicales arrivées au dernier moment après avoir roulé toute la nuit à cause de routes fermées), le départ du prologue est prévu pour 16 heure.
C’était sans compter sur une tempête de sable accompagnée d’un déluge biblique qui s’invitent à peine une heure avant le départ, histoire de jouer les troubles fêtes. On doit se mettre à plusieurs pour empêcher les tentes des paddocks de s’envoler. D’un œil inquiet je surveille ma mini tente de trek à peine fixée au sol par quatre sardines rachitiques plantées négligemment à coup de savates en plastique. Heureusement, elle tient bon.
A peine l’orage terminé, 4x4 et motos se précipitent vers la ligne de départ alors que je suis encore en shorts en train de m’affairer à récupérer une partie des affaires dans ma tente et le reste dans le bus des belges que je squatte également... Pff, dire que j’ai eu toute la journée pour me préparer et que je me retrouve aussi stressé qu’à ma première audition de flute !
J’ai de la chance, il y a Manu et Brice, deux gars en Ténéré 660 et 600 qui sont devant moi et que j’arrive à suivre sans problème. Avec toute la flotte qui est tombée, c’est sûr qu’on ne bouffe pas de la poussière, mais en contrepartie, on aura quelques jolis gués à traverser.
Niveau navigation, durant le prologue je suis totalement largué et je me contente de suivre Brice qui suit Manu qui lui… tombe en panne sèche à mi-parcours ! Son démarreur électrique choisissant ce moment peu opportun pour faire grève, Brice et moi-même devons mouiller le maillot pour démarrer la moto de Manu à la poussette. On arrive au camping les derniers, mais ça ce n’est pas très important. Cette petite mise en bouche me rassure quand à la difficulté, à mon niveau de confiance et au bon fonctionnement de ma moto.
Le lendemain, premier vrai jour du rallye, on commence bien, mais on se perd et je me retrouve seul avec Brice dont le support du dérouleur de Road Book a cassé à cause des vibrations. Du coup, c’est à moi que revient la tâche de la navigation et je me n’en sors finalement pas si mal parce que je nous ramène à bon port ce qui n’est pas mal sachant que je suis capable de perdre ma voiture dans un parking.
On retrouve les autres motards au camping et ce soir il y a du travail. Manu a chuté et percé son réservoir en alu, Brice doit trouver un moyen de fixer tout son système de navigation différemment et régler un problème de batterie, son démarreur ayant également joué des siennes. Heureusement, on peut compter sur Yann, le beau-frère de Brice. Il l’a accompagné comme mécano pour s’occupe de sa moto, mais au final il donne des coups de main bienvenus à tout le monde.