Un gros câble métallique d’un diamètre d’environ 30 mm s’est apparemment enroulé dans ma jante arrière et a bloqué la roue. Je dois couper un à un les fils qui le constitue, pour réussir à l’extirper des rayons.
On arrive finalement assez tard à Yuktali, pour apprendre que non seulement il n’y a ni hôtel ni café, mais qu’en plus la seule station service est à sec… Le genre de nouvelles qui plombent un peu le moral après une dure journée sur la route…
S’il y a une chose que j’ai appris lors de mes voyages en Russie, c’est qu’ici, il y a toujours une solution à tout. Il s’agit juste de trouver la bonne personne. On tourne un peu en rond dans cette ville aussi déprimante que toutes les précédentes, jusqu’à ce que qu’on tombe sur deux gamins à vélo qui nous amènent chez un mec qui, après quelque coups de téléphone, nous promet 40 litres d’essence pour le lendemain matin à 9h au bord de la rivière.
J’en profite pour leur demander si par hasard ils ne connaissent pas quelqu’un qui voudrait nous éberger ou nous louer une chambre… Il appelle son père et cinq minutes plus tard on a un deal. 3’000 roubles pour la nuit. C’est le triple de hier, mais on est tous super content de pouvoir dormir dedans et de pouvoir enfin prendre une douche chaude.
Une fois les motos à l’abris des regards dans l’usine où travaille notre hôte, Victor son père débarque torse nu avec une bouteille de vodka et des énormes concombres de sa datcha. Après les quelques shots de vodka cul sec de rigueur, lui et son fils commencent à nous montrer leurs photos de chasse et pêche, toujours une grande fierté en Russie. Et bien évidemment, les trucs standard que font les Russes par -40°C comme prendre des bains dans des lacs gelés ou encore rouler sur la neige avec des espèce de véhicules blindés à chenilles…
La nuit fut courte et à huit heure, Victor nous amène dans son van à l’usine où on a laissé les motos pour la nuit. C’est une immense centrale de chauffage au charbon qui alimente en eau chaude toute la ville. En hiver, elle tourne à plein régime pour chauffer tous les immeubles, reliés à d’énormes tuyaux apparents au bord des routes. En effet, à cause du permafrost, ceux-ci ne peuvent être enterrés. La majorité des villes russes de l’époque soviétique sont bâties sur ce principe. Dans les immeubles, il n’y a pas de thermostate ni de possibilité de couper le chauffage. On régule la température en ouvrant les fenêtres.
Une petite barque à moteur arrive pile à neuf heure, comme promis à l’endroit indiqué. Une longue journée nous attend pour cette étape de 380 km qui va nous amener à Tynda, ville d’où nous quitterons la BAM pour partir vers le nord, en direction de Yakoutsk.
On progesse bien et le soleil est de la partie, enfin ! Les pieds, eux, sont toujours mouillés, malheureusement. Après un premier pont ferroviaire, on arrive face à une rivière infranchissable. Un Ural 6x6, le plus gros des camions Russes, arrive en face et on négocie avec le chauffeur pour qu’il nous transporte sur l’autre berge. Rien à faire, même pour 5'000 roubles il refuse catégoriquement, prétextant qu’il est trop tard… Du jamais vu, on pense qu’il a peur de retenter le coup. Ian va scruter la profondeur, mais quand il se retrouve avec de l’eau jusqu’au cuisses, il renonce. On doit faire un bon détour afin de prendre un énième pont ferroviaire.
A 16h, on s’arrête pour une pause dans un bled qui possède un petit magasin d’alimentation. Fromage, saucisse, pain, glace, on se fait plaisir ! On attire rapidement l’attention des locaux et des gars qui nous invitent à visiter leur atelier. Il nous offre gracieusement 15 litres d’essence et après un shot de cognac on reprend la route.
Il est 20h30 quand nous arrivons à Tynda, exténués, sales mais soulagés. On vient de terminer la BAM Ouest, le premier de nos deux objectifs. Demain on s’accorde un jour de repos bien mérité.
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