Mille-trois-cents participants concourant rien que pour le plaisir de redonner vie à des mécaniques parfois centenaires ou pour se replonger dans l’ambiance des Grands-Prix des années soixante à quatre-vingt. Pour un voyage dans le temps, suivez l’association Gentlemen GVA (Geneva) !
De légende, il y a d’abord le circuit. Dijon-Prenois c’est 3,801 km qui ont accueilli des GP de F1 : le dernier vainqueur est Niki Lauda, en 1984 et c’est là que le dernier GP de Suisse a été organisé en 1982.
Le départ des Motobécane dont on fête les 40 ans de leur Coupe en 2016.
Bertrand Chennaz sur le circuit de Dijon-Prenois. A l’époque il roulait en Yamaha 250 TZ.
Et la moto a suivi : Bertrand Chennaz y a gagné trois fois, dont une fois en 1980, l’année où il est devenu Champion suisse en 250 cm3. Aujourd’hui reconverti dans la préparation, il nous reparle avec émotion de son expérience bourguignonne. "J’y ai couru de 1977 à 1986 en 250cm3 et 350 cm3. Ce qui est plaisant, ce sont les longs virages avec de grands rayons, je m’y sentais très à l’aise. Pour une moto ancienne, c’est sans doute plus compliqué d’y rouler.
C’est bien la preuve que lors des Coupes Moto Légende, la rencontre est plus importante que le circuit. L’ambiance est restée très "motarde" sans trop de compétiteurs et plus accessible à tous, également aux spectateurs qui ont l’occasion de s’approcher très près de la piste."
C’est donc là que commence l’aventure, bâtie par des milliers de passionnés, campant dans les virages du circuit, près de leurs bécanes. Le public se presse à la pré-grille pour observer les pilotes faisant chauffer les moteurs. La plupart ne peuvent pas se permettre de le couper, voire de cesser de rouler avant le départ, sous peine de le manquer. Quand il n’y a pas de démarreur, c’est à la poussette que ça fonctionne ! Ces vieilles demoiselles sont capricieuses.
On y rencontre Christian et Raphaël Dillier, père et fils, sur leur side-car, une BMW 500 R51/3 de 1954, venus de Suisse pour la troisième fois : "Ici, on a la chance de pouvoir rouler six fois durant quinze minutes, alors qu’en championnats suisses on roule trois ou quatre fois sur deux kilomètres de côte seulement" nous confie Raphaël, vingt-deux ans, le singe du duo. "Mais on ne vient pas que pour rouler, enchaîne le père, cinquante-neuf ans, on se donne rendez-vous avec les copains, on retrouve des Belges, on bricole à la lampe de poche, on partage une grillade à minuit et le matin on saute sur la moto."
Dans la foule de visiteurs, il y a également les plus intéressés, qui profitent de l’événement pour assister à la première vente aux enchères organisée dans le cadre des Coupes Moto Légende. Jean-François Buzon et Jean-Yves Lefevre, venus du sud de la France en font partie, "mais on vient un peu aussi pour le spectacle" précisent-ils. "Mis au courant par les magazines de ce qu’on y trouverait, on fera peut-être une bonne affaire mais il y est certain qu’on n’a pas les moyens de s’offrir la moto de nos rêves, telles que ces deux Mondial" nous livre Jean-François. "De toute façon, toutes les personnes ici présentes sont des passionnés et des bricoleurs, on a déjà tous des jouets à la maison."
Les deux compères qui possèdent des Ducati, des Norton et des modèles un peu plus rares comme des AGF, ont donc vu s’envoler la première Ducati Paul Smart fabriquée en 2005 pour 30'000 euros et les Mondial 125 et 250 Bialbero de 1955 et 1957 pour 80'000, respectivement 70'000 euros.
Retour sur le circuit, flâner le long de la piste offre son lot de surprise. Près des paddocks, on découvre Nicolas Sonina, organisateur de Classic Machines et Jean-Luc Vinet, installés confortablement devant la caravane occupée par une Honda CX500 de 1978 et une Suzuki GSX400 de 1981. "On retape en solo et on look à notre goût."
Et derrière le "S" des Sablières, on est surpris par Xavier et sa Motobécane 125 Z57C de 1956, pleine de rouille, laissée dans son jus "parce que c’est plus joli".
Aux Coupes Moto Légende, les pilotes sont des amateurs éclairés ou anciens champions du monde ; mais jamais sectaires, toujours prêts à faire découvrir leur passion aux curieux qui se font de plus en plus nombreux. Ils étaient trente-milles ce week-end.