Mercredi, c’est sous un ciel gris plombé que nous allons jusqu’à Saint-Sébastien, au Pays Basque espagnol, pour couvrir la course de flat track, créée sous l’impulsion de El Solitario, préparateur galicien connu pour des machines improbables telles que El Impostor, l’une de leurs premières préparations complètement barrées. C’est dans l’Hippodrome que cela se déroule, et la poussière de la terre battue commence déjà à envahir les gradins.
Pour information, le flat track est une discipline qui nous vient des Etats-Unis. De quatre à huit compétiteurs se disputent la première place sur un ovale de terre battue garantissant un spectacle de glisse contrôlée permanent.
Nous y croisons Lolo Cochet, ancien journaliste à Moto Journal aux vidéos à l’humour incisif qui vous donnent envie de tracer la route (je vous conseille sa chaîne Youtube), venu concourir sur une BMW Nine T préparée par SW Motech. C’est à notre sens, un univers qui ne lui est pas familier - la custom culture - et nous aimerions avoir son point de vue sur le sujet, jeu auquel il se prête volontiers. Lolo est définitivement dans la vie, comme à l’écran, disponible, passionné et d’une incroyable gentillesse.
Davolo : Ma question est simple, quel es ton point de vue sur ce genre d’évènements par la fenêtre "Lolo" ?
Lolo : Je n’ai pas d’a priori, c’est surtout cela qui est important, j’ai publié une photo sur mon Facebook comme quoi je venais ici, il y a plein de gens qui m’ont dit – "Tu vas voir c’est cher, c’est surfait, c’est à chier..." - Je viens pour découvrir, pour rencontrer, pour participer et ne serait-ce que juste cela suffit à mon bonheur. Après ici tu sens globalement, quand tu viens sur la course de flat c’est un univers où les gens se connaissent très bien entre eux et ce n’est pas évident de faire partie de la petite bulle. Malgré tout, on ne se fait pas jeter, je suis là avec une Nine T Scrambler pas du tout adaptée pour ça. On est au milieu de tout le monde et j’aime ça.
Honnêtement, quand tu es un peu passionné d’images, de mécanique et de l’univers moto et que tu viens ici, tu as un concentré de motos magnifiques, de préparations, de style juste exceptionnel. C’est vraiment un truc à voir.
Davolo : Comment vois-tu l’évolution de cette tendance et la mouvance néo-retro dans le monde motard ?
Lolo : Quand tu vois le mélange des genres ici, les jeunes, les vieux, la passion pour ces motos anciennes ou préparées, c’est une belle façon d’aimer la moto et tu vois, il n’y a pas cette obligation, comme il y a vingt ans, d’être motard. On s’en fout, tu peux t’acheter une moto, la mettre dans ton salon ou venir ici juste tourner sur la flat track, t’exhiber avec un univers hyper cohérent et une machine magnifique. Bah, tant mieux ! C’est aussi une façon d’être motard. Ce qui est pour moi hyper important c’est que c’est l’ensemble de la bulle moto qui progresse et qui s’ouvre et aussi ce qui m’intéresse ici c’est que je trouve que cela interpelle beaucoup plus les gens qui ne sont pas de l’univers de la moto, que cela interpelle et qui se disent – Mais en fait la moto, c’est sympa, je m’y mettrai bien aussi – Que l’on sorte de l’image du blouson noir, sauvage sur la route, et si cela devient un accessoire de mode pour certains et bien tant mieux, moi je n’ai pas de soucis avec cela.
Nous n’en attendions pas moins de quelqu’un comme Lolo Cochet. Il a ce côté ambassadeur de la moto, écouté et respecté qui permet de passer ce genre de message. Lolo, merci à toi !
Un peu plus loin, en nous rapprochant de la piste de flat track, nous croisons également Franck Chatokhine, dont l’écurie va engager trois motos, qui ont quasi monopolisé le podium avec la première et la troisième place. L’un des pilotes de l’atelier Chatokhine n’est autre que Zoë David, qui a elle-même préparé une BSA Thunderbolt, sur laquelle elle va se mesurer aux autres flat trackers.
La journée se termine dans l’un des lieux emblématiques de Biarritz durant le Wheels and Waves, le Miguel Café, célèbre pour son rhum arrangé, le "Pête Braguette" où se retrouvent, sur une place à peine plus grande que mon deux pièces, tous les pilotes et toutes les motos du festival. L’ambiance est assurée !