La course commence sur la surface d’exposition de Kawasaki où ça joue déjà des coudes pour s’extraire le premier de l’univers des Verts vers celui des Oranges vers chez KTM. Avec une courte avance, on prend le couloir à côté de Michelin direction Ducati. Sorti de nulle part, on se retrouve armés de journaux pour s’assener des coups en pleine ligne droite.
On quitte enfin la moquette qui échauffe inutilement les cinq roues jumelées en plastique de nos destriers pour le sol dur du grand hall central de Messe Zurich. Les vitesses atteinte sont bien plus élevées, le grip devient lui catastrophique. Prochain obstacle, la descente à l’étage inférieur. Après une pince sournoise, je m’engouffre dans l’ascenseur pensant laisser mon adversaire sur place. Daniele ricane, personne n’ayant jamais attendu un ascenseur au salon de Zurich. Lui a préféré se jeter dans l’escalier pendant que sa chaise de bureau finit dans les conteneurs poubelle du couloir.
Arrivé en bas, qui vois-je en sortant de mon ascenseur ? Ce paltoquet de Daniele sautant sur une autre chaise apportée par son collègue. Dans un départ de style “Le Mans”, cette équipe de tricheurs me met plusieurs mètres dans la vue. Heureusement pour moi, mon opposant file dans le stand Honda et se perd parmi les motos, je peux tranquillement le contourner à toute vitesse. Bien m’en a pris, celui qui pensait prendre un raccourci avait totalement oublié la marche de 2cm qu’il doit descendre arrivé à la limite du stand Honda. Pris dans son élan, ce dernier fait un magnifique vol plané sous mes yeux, me laissant le loisir de l’enjamber et de continuer mon chemin vers une victoire presque garantie.
C’était sans compter sur l’irascible Schiffmann, totalement dévoué à son rédacteur en chef chéri. Alors que je file dans une coursive derrière BMW pour rejoindre le stand AcidMoto.ch en Halle 2, je vois au loin que les Suisse-allemands avaient un plan B aussi sournois qu’illégal de mon point de vue. En prenant le virage, Patrick Schiffmann s’élance juste devant moi vers la ligne d’arrivée. Faisant maintenant face à un athlète de ligue suisse de football américain, je ne fais physiquement pas le poids pour le reprendre sur la vitesse. Dans un dernier espoir de souffler la victoire sur la ligne, je tente de jeter ma chaise en avant pour gratter les quelques centimètres de différence. En vain.
Honte et déception, face à deux tricheurs éhontés je dois m’avouer vaincu sur la photo-finish. A moi le goudron et les plumes, les moqueries insistantes et lâches de ceux qui se prétendent être de meilleurs suisses. Promis, au match retour ce sera sur nos terres et ils vont le regretter.