Le président de l’association de soutien aux enfants de Roumanie Aide pour enfants (Ape) compte repartir auprès des 150 orphelins d’Odorheiu, en Transylvanie roumaine. Mais en moto. Et pas tout seul... «Mon souhait est de réunir une soixantaine de motards pour réaliser à nouveau ce périple de 3000 km», indique le garagiste de Colombier (NE). Ce chiffre de 60 ne tombe pas du ciel. Le 6 est presque une constante dans le projet qu’il a lancé cet été. «Tout va par six... Des premiers 6000 euros que j’espérais récolter, j’en suis passé à 60'000; la route pour la Roumanie, c’est la E60. Et je traverse certainement... ma crise des 60 ans! Alors pourquoi pas 60 motards ?», rigole Michel Corradini.
C’est que l’homme n’est pas taillé pour les demi-mesures. «J’ai été tellement touché par ce que j’ai vu là-bas que je ne peux pas faire les choses à moitié. Maintenant que les liens sont créés avec ces enfants, je dois les aider au maximum.» Grâce aux dons qu’il récolte, le comité de l’Ape a récemment pu offrir 700 ampoules LED à l’orphelinat et payer quelques factures d’électricité et de gaz. Pour la suite, ce sont des travaux d’isolation de l’imposante bâtisse et la pose de panneaux solaires qui figurent au programme. D’où la volonté d’Ape de sensibiliser un maximum de personnes à ce projet et d’en faire participer tout autant pour le prochain voyage estival à Odorheiu.
Ce voyage entre motards est déjà programmé: «Nous partirons le 15 juillet prochain, date de la Saint-Bonaventure. Le retour est prévu pour le 24 juillet.» Au programme, le même tracé qu’avait emprunté Michel Corradini l’été dernier au guidon de son Piaggio Callessino à trois roues. En longeant le Danube, dès sa naissance, le plus loin possible. Pour le généreux garagiste colombin, ce sera aussi l’occasionde revivre son premier périple en solitaire. «Et de revoir, sur ce parcours, les gens que j’ai rencontrés et qui m’ont soutenu dans ma démarche, sans même me connaître avant cela.»
Plus de sept mois avant le départ, une quinzaine de motards – sa garde rapprochée – ont d’ores et déjà assuré Michel Corradini de leur participation. Ils ont également accepté les conditions: trouver chacun un millier de francs pour lancer les travaux de mise à niveau du bâtiment administré par une poignée de sœurs. «Personnellement, j’ai promis de m’engager pour les cinq prochaines années en faveur des petits orphelins d’Odorheiu. Et j’espère que quelqu’un reprendra le flambeau lorsque je partirai à la retraite, car l’Ape, avec ses quelque 200 membres, bénéficie d’un énorme capital de sympathie», conclut Michel Corradini.
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«Je me suis engagé pour les cinq prochaines années.» Michel Devaud est connu comme le loup blanc au Val-de-Travers (NE). Sa spécialité, c’est de donner des coups de mains aux sociétés sportives et autres œuvres humanitaires de la région. Que ce soit pour le CP ou le FC Fleurier, le club de volleyball de Val-de-Travers, Pro Infirmis, l’Armée du Salut ou l’association pour gamins victimes du cancer «Un P’tit Plus», le Vallonier n’a jamais eu de cesse de lancer des récoltes de fonds pour soutenir les causes qui lui tiennent à cœur. Humble serviteur à mi-temps de la conciergerie de l’Etat de Neuchâtel, Michel Devaud s’est aussi joint au groupe de généreux donateurs qui soutiennent l’orphelinat d’Odorheiu et l’association Aide pour enfants (Ape). Sans rien demander à personne, Michel Devaud a réalisé un livre d’or (photo Lucas Vuitel) pour l’association et recueilli 565 francs dans une tirelire en fer, inviolable. Montant qu’il a dernièrement remis à Michel Corradini. «Quand il m’a parlé de ses intentions, j’ai été touché et j’ai commencé la collecte», explique le bénévole. Qui vit cet engagement pour les autres comme un sacerdoce. «Je suis un peu fou de faire tout cela...» répète-t-il, avec un large sourire aux lèvres, «mais j’adore, c’est mon plaisir. Je suis comme ça!» Autour de lui, plusieurs livres d’or témoignent de sa vocation philanthropique. Celui du volleyball pèse la bagatelle de 7 kilos! «Les gens me connaissent. Ils savent ce que je fais pour les autres. Et certains donnent gros pour les clubs: 500 ou mille francs parfois.» Michel Devaud se dit sensible, mais il a supporté sans rien dire les gags qui le visaient dans le journal du Carnavalon. Il avoue avoir pleuré, une fois. «Pour me remercier de mon engagement, on m’a offert un vélo», raconte-t-il, des étoiles plein les yeux. Et il poursuivra sur ce chemin durant les cinq prochaines années pour soutenir l’Ape.