Pour découvrir cette nouveauté, et non des moindres, Ducati a convié la presse sur le circuit de Jerez. Mi-novembre, les températures sont encore clémentes et la météo généralement sèche. C’est le cas.
Dans le box, les Panigale V2 sont alignées sur leurs béquilles d'atelier, couvertures chauffantes installées. Chaussée d’origine en Pirelli Diablo Rosso Corsa 2, des pneus conçus pour la route et d’occasionnelles sorties sur circuit, elle opte pour des Pirelli Supercorsa SC1 à l’avant et SC2 à l’arrière, de sorte à ce que nous puissions tirer toute la quintessence de la moto dans ces conditions.
Hier soir, en arrivant à l’aéroport de Jerez, je découvre que mon bagage, et donc mon équipement, n’a pas suivi. Je me retrouve à poil. Par chance, le team Ducati me prête une combinaison qui me va comme un gant. Seuls le casque et les gants sont un peu trop grands. Peu importe, ça ne m’empêchera pas de rouler !
Les moteurs tournent déjà, générant un bourdonnement mettant les sens en éveil. Ce ronron s’accentue au fur et à mesure que je m’approche de ma monture. Une fois en selle, la position est engagée mais pas exagérée. Les commandes tombent sous les doigts de sorte à ce que je puisse sans peine configurer les différents paramètres de l’électronique. Pour la première session, je choisirai le mode Sport, histoire de me familiariser avec la machine et à son comportement ; ensuite, ce sera le mode Race jusqu'en fin de journée (voir tableau dans la galerie de photos).
Je donne quelques coups de gaz. Le moteur prend les tours dans un rage typique des twins. J’adore, c’est grisant, excitant. Nous quittons la pit-lane un à un à intervalle régulier. A peine engagé sur la piste que je tape dans le rupteur à plusieurs reprises. Le moteur est creux sous les 7’000tr/min et les rapports sont courts… la zone rouge vers 10’000tr/min est alors vite atteinte. Ce n’est qu’une question d’habitude. Comme sur une 600cc quatre-cylindres, je dois le malmener la boîte de vitesses, sauf que le twin n’en a pas l’allonge. Ce n’est qu’une question d’habitude, habitude qui viendra après quelques tours de ce magnifique tracé de Jerez. Aidé par le quickshifter, les rapports passent à la volée, sans à-coup. Ce n’est qu’à la décélération, en rétrogradant que je peste contre le quickshifter ; comme s’il imposait de garder un filet de gaz durant une fraction de seconde une fois que le rapport inférieur est verrouillé, donnant alors l’impression que la distance de freinage s’allonge.
Les tours défilent. Je prends mes aises au guidon de cette Panigale. Elle se laisse emmener à allure soutenue et semble imperturbable, répondant au doigt et à l’oeil. En entrée de courbe, la moto s’inscrit sans flou, alors que la fourche se déleste après le freinage. Puis, en appui campée sur ses Supercorsa, la Ducat’ ne bronche pas. Son poids contenu, son châssis monobloc très rigide et sa suspension de circonstance n’y sont pas pour rien non plus. Dans l’un des virages rapides du circuit se trouve une succession de petites bosses mettant à rude épreuve la partie-cycle. Les suspensions font leur travail sans mettre à mal la stabilité de la machine.
Le train avant est d’une précision redoutable et confère à la moto un comportement exemplaire en toute situation. Les remontées d’informations sont précises, même fourche enfoncée lors de gros freinages. En bout de ligne droite, à fond sur les freins, la moto reste dans l’axe sans louvoiement, profitant de son empattement confortable (1’436mm). A ce propos, la puissance de freinage offerte par les étriers Brembo est impressionnante. Au levier, un doigt suffit pour trouver le juste dosage. Quant à l’ABS, ses interventions sont autant discrètes qu’efficaces, peu importe l’angle de la moto.
Et si je reviens sur le moteur. Ah, ce V2 Superquadro ! Il y a de quoi tomber amoureux des bicylindres après quelques tours sur circuit. On serait presque à dire que seuls quelques coups de gaz à l’arrêt suffisent à succomber au charme... Bien que qualifiée de "petite Panigale", force est de constater que son moteur tabasse dans le dernier tiers du compte-tours et allonge les bras à l’approche de la zone rouge. Sans être avare en sensations, il est toutefois assez linéaire et ne surprend pas par un pic de couple. Ducati assure qu’il délivre 60% de la valeur de couple maximale dès 5’500tr/min et 90% dès 8’000tr/min, des valeurs alléchantes en utilisation circuit.
En début d’après-midi, on me livre mon équipement. Mieux vaut tard que jamais ! Le temps de m’équiper et je me remets en piste. La moto ne me fatigue pas, tant elle est agile. Egalement, la position de pilotage (je mesure 174cm) ainsi que l’ergonomie contribue à ce confort ressenti. Les tours s’enchaînent et j’en redemande. Je dois avouer que je prends mon pied. La fougue du twin, la précision donnée par la partie-cycle et la légèreté perçue de l’ensemble procurent à la moto un comportement fun et très excitant.
La Panigale V2 n’est pas une baby Panigale "au rabais", contrairement à ce qu’on pourrait penser à prime abord. Les performances de premier ordre de son turbulent bicylindre offrant un rapport poids/puissance intéressant, les technologies dernier cri, le design aussi racé que sexy, la recette du cocktail a de quoi séduire. D’ailleurs, Ducati ne badine pas sur le tarif et fait payer son joyau au prix fort ; il faudra débourser pas moins de CHF 19’390.- pour s’offrir la belle. A ce tarif, elle est directement en concurrence avec les Japonaises 1000cc développant 50cv de plus… Si dans les ateliers mécaniques c’est ainsi, en cuisine c’est l’inverse : les spaghetti all'arrabbiata sont plus abordables que les sushis.