Dans son ensemble, la Ténéré 700 garde des dimensions raisonnables avec une longueur totale de 2’365mm et un empattement court de 1’590mm. Visuellement, elle apparaît ainsi très compacte et légère. Mais surtout, elle ressemble à une moto… (ne voyez là aucun tacle à la concurrence) !
Et si l’on s’affaire sur les détails « bien pensés ». La Ténéré dispose d’une barrette au-dessus du tableau de bord pour fixer le support GPS, d’une boîte à air logée très haut pour des passages à gué aisés, d’un garde-boue avant réglable en hauteur, d’une mollette de réglage de l’amortisseur déportée, d’une prise 12V intégrée au cockpit, ainsi que d’une multitude d’accessoires Yamaha comme une caisse à outils à fixer au sabot, des crash-bars efficaces (!), des supports de valises latérales (modèle Givi Outback Trekker), des feux additionnels à LED, un support de plaque court, des clignotants LED compactes, … Quant aux accessoiristes, il ne fait aucun doute qu’ils enrichiront leur catalogue à cet effet.
La présentation de la Ténéré 700 à la presse mondiale s’est déroulée à Tortosa, en pleine Catalogne. Pour coller au mieux à la personnalité de la moto, Yamaha ne pouvait faire mieux que de concocter un séjour placé sous le signe de l’aventure. Deux jours complets sont au programme : près de 500 kilomètres de chemins, pistes et pierriers en tout genre, des liaisons sur des routes à l’asphalte douteux, une nuitée en pleine campagne, … Et c’était sans compter un soleil de plomb (jusqu’à 29 degrés en plein après-midi) ! Yamaha a fait le pari de faire tester la Ténéré dans son élément. Mes confrères et moi avons sué, autant que les machines ont souffert. De la fine poussière il y a eu à profusion, de l’entre-dents à l’entre-jambes, comme sur les filtres à air des Ténéré. Des petits chemins de traverse séparant les parcelles d’oliveraies de la verdoyante Catalogne aux zones désertiques et rocailleuses de l’arrière-pays, sans oublier les sentiers de forêt franchement accidentés et les pistes sablonneuses, la Ténéré a vu et nous a fait voir du pays ! Mais finalement, par-dessus tout, j’ai de quoi vous livrer un avis complet sur cette nouvelle Ténéré 700. Alors, est-elle à la hauteur des prétentions que laissait déjà présager le proto’ T7 dévoilé en 2016 ?
Avant tout, je fais le tour de la machine, curieux de découvrir un détail qu’on aurait omis de nous dire lors de la conférence de presse la veille. Un premier tour, puis un deuxième. Rien. On ne nous a pas menti, la Ténéré 700 est une moto brute, sans chichi, mais pleinement efficace dans son style. Elle ressemble aux 450 engagées en Rallye Raid, et ça m’excite. D’une part car je m’attends à de belles performances, mais aussi car elle m’inspire et éveille mon envie d’aventure. Le décor est planté. Il ne reste qu’à grimper sur sa selle. Avec mon mètre septante-quatre, je n’en mène pas large avec les motos orientées tout-terrain. Leur garde au sol importante relève d’autant la hauteur de selle… Finalement, l’exercice n’était pas insurmontable puisque je touche le sol plus qu’avec la seule pointe du pied. Quand on évolue dans le terrain et que la hauteur de selle est critique, il suffit d’un arrêt en dévers pour que ce soit le drame, au mieux la panique ; dans le cas présent, je me sens rassuré, d’autant plus que la moto semble relativement légère.
Je démarre la moto, et, comme tous les autres journalistes, je joue de la poignée des gaz pour entendre roucouler le bicylindre. Amateurs de belles vocalises, passez votre chemin, ce n’est pas la Ténéré qui fera tourner les têtes, du moins avec son échappement d’origine. Enfin, il y a toujours la possibilité d’opter pour un silencieux Akrapovic au look rallye. Dans ce cas, j’admets, ça chante juste, et ce qu’il faut pour que les longs voyages ne soient pas assourdissants, de même que les accélérations en conduite sportive soient révélatrices des performances du bicylindre.
D’ailleurs, parlons de ce bicylindre. Qu’il est docile et prévisible ! Une courbe de couple quasi plate, un comportement d’une linéarité exemplaire, il est en parfaite adéquation avec la moto. Disponible très bas dans les tours, il est aussi exempt de vibrations et ne cogne en aucun cas. Pour l’anecdote, il m’est arrivé plusieurs fois de redonner des gaz alors que j’étais en sous-régime (3e rapport à moins de 30km/h et 4e à moins de 40) ; je vous assure qu’il n’a pas bronché et a relancé sans attendre. En ville, c’est agréable, mais pas seulement, c’est surtout en tout-terrain que j’ai apprécié cette docilité et cette tolérance au sous-régime. La boîte, elle, est très précise et ne souffre d’aucun point mort. Je me rappelle de la boîte accrocheuse des premières MT-07, ce temps est désormais résolu.
Mais revenons à nos moutons, j’aurais tendance à m’emporter. Nous quittons la bourgade de Tortosa. La Ténéré se faufile et joue de la douceur de son moteur et de ses commandes. Alors que certaines motos m’imposent quelques kilomètres d’adaptation, j’avoue que j’ai trouvé mes marques au premier tour de roue. J’apprécie particulièrement la position de pilotage naturelle et décontractée, les commandes d’embrayage et de frein répondant sans brutalité et en toute progressivité.
A peine sortis de Tortosa que nous rejoignons une voie rapide nous menant dans les contreforts catalans. Je dois dire que la stabilité à haute vitesse (jusqu’à 170km/h) m’a surprise. La moto, avec son guidon large et ses pneus à crampons, sa prise au vent latéral importante, s’en sort étonnamment bien et ne pêche pas par des louvoiements désagréables. Quant à la protection au vent offerte par le semblant de bulle, elle m’a pleinement satisfaite puisque je n’ai pas subi de tensions sur les cervicales, malgré le port d'un casque enduro peu aérodynamique.
L'aventure se poursuit, quand soudain notre guide met son clignotant sur la droite. C'est là que tout commence : un chemin de traverse caillouteux, histoire de se mettre en jambe, découvrir la moto dans des conditions d'adhérence précaire, prendre ses marques en position debout et s'assurer que les pneus, les Pirelli Scorpion Rally STR, tiennent la charge. La moto étant très fine, je n'ai aucune peine à l'enserrer entre mes genoux et les possibilités de mouvements sont nombreuses, tant vers l'arrière que l'avant. De même, par ma taille, la position debout est naturelle, le guidon se trouvant à la bonne hauteur et à la juste distance, et les repose-pieds ayant la bonne inclinaison.