Essai publié le 24 novembre 2018

Essai Triumph Street Scrambler – Le flegme britannique à l’assaut des chemins [page 2]

Texte de Mathias / Photo(s) de Mathias Deshusses / Triumph Motorcycles

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Bien installé sur la nouvelle selle avec le buste assez droit, j’actionne le démarreur. Départ sous un ciel (encore) dégagé. Et la balade commence fort ! Nous sommes à Cascais, à l’ouest de Lisbonne, et en un petit kilomètre, nous arrivons sur l’océan. Woaw ! Attaquer d’entrée de jeu par la N247, une route côtière de 7km qui serpente le long des côtes de l’Atlantique, cela en dit long sur le programme concocté par notre ouvreur. La moto est assez menue et donne une sensation de légèreté. Cette impression est très nettement renforcée par la finesse du réservoir et la rends facilement accessible. J’imaginais pour ce Street Scrambler un son bien rauque, assez sourd, avec quelques retours à la décélération. Et c’est exactement ça. Les montées en régime produisent une sonorité ronde et caverneuse qui participe grandement aux sensations de conduite. Le grondement presque ronronnant du bicylindre vertical est jouissif. Assez rugueux, il s’avère très agréable à l’utilisation, procurant de belles accélérations avec un côté presque rageur si l’on s’aventure jusqu’en zone rouge. Mais pas la peine d’aller jusque-là pour se faire plaisir. D’un part car au-delà de 5500 tr/min, les vibrations se font très présentes, et d’autres part car si les 65cv annoncés sont disponible à 7500 tr/min, 55 de ceux-ci sont déjà disponibles à 5750tr/min. De fait, on se retrouve à naviguer entre 3000 et 5000tr/min et le twin est vraiment plaisant. Celui-ci distille son couple assez bas dans les tours, à 3200tr/min, et rends le moteur vraiment vivant. Il colle parfaitement à la philosophie de la moto et la propulse d’un virage à l’autre avec juste ce qu’il faut de caractère. Si pour vous, les chiffres sont importants, ne vous arrêtez pas à ce simple « 65cv » et allez l’essayer. Je vous garantis que vous serez surpris.

Durant cet essai, nous avons eu de tout. Ded sublissimes routes sinueuses traversant des pinèdes aux grands axes rapides en passant par des centres-villes historiques pavés. Au niveau météo aussi, c’était varié. Nous avons alterné entre routes sèches, grand soleil, orages et pluies diluviennes. Vive le climat océanique ! De quoi être copieusement aspergé, des jambes au dos, par les projections. Même lorsqu’il ne pleut plus, le simple fait de rouler sur la chaussée humide vous repeindra de la tête au pieds. Entre un look délicieusement vintage et une bonne protection, il faut choisir !

L’avantage, c’est que j’ai pu jauger au mieux de la tenue de route du Scrambler. Ma première impression a été qu’elle bougeait en courbe. Rien de grave, mais la sensation que la roue arrière a légèrement glissé dans le virage. Au fil de la journée, cette impression a fait place à une certitude. Le comportement de la moto est très sain, et ce sont en fait les pneus qui manquent un peu de grip sur sol humide. Il faut dire que les petites routes empruntées n’étaient pas toujours en parfait état. Alors bien sûr, ce n’est pas une sportive ni même un roadster, et la partie-cycle n’est pas un modèle de rigueur. Mais je ne me suis jamais senti en danger, et les différentes assistances ont parfaitement su contribuer à ce sentiment de sécurité. L’embrayage antidribble est parfait d’onctuosité et permets de tomber deux rapports si nécessaire sans la moindre appréhension. Les suspensions travaillent de manière efficace, dans un confort tout à fait convenable, et seules les grosses compressions peuvent vraiment les prendre en défaut. Le freinage, quant à lui, est en adéquation avec le style de la moto. Désormais signé Brembo, le simple disque de 310mm est pincé par un étrier 4 pistions et ralentit la moto avec progressivité et mordant. Seul un léger sifflement s’est fait entendre lors des phases de freinage, probablement à mettre sur le compte d’un manque de rodage (ma machine avait 750 kilomètres au compteur).

La nouveauté principale, ce sont les deux modes moteurs (Rain et Road), ainsi qu’un 3ème (non présent sur la Street Twin) dédié au off-road et qui désactive l’ABS et l’antipatnage. Très franchement, je n’ai pas senti de différences au niveau de la puissance (les courbes sont légèrement différentes) mais il semblerait que le niveau d’intervention sur les assistances soit logiquement plus élevé en mode pluie. Je n’ai pas tenté de pousser l’antipatinage à la faute mais aucune frayeur n’a été à déplorer malgré une bonne centaine de kilomètres sur des routes détrempées. Le Street Scramber est une moto très saine, qui prendra plaisir à vous emmener aux 4 coins du pays et ne rechignera pas à vous faire prendre quelques chemins de traverse non goudronnés. Pas de piste au programme de cet essai, je me suis donc aventuré au retour en contrebas de cette fameuse route côtière, afin de m’amuser un peu. Et là, je pèse mes mots, car la moto est vraiment fun sur ce type de terrain. L’avant se place facilement, le grip des pneus est tout à fait correct, et même si vous n’êtes pas un habitué du hors-piste et que vous laissez l’ABS et l’antipatinage travailler à votre place, vous vous en sortirez sans le moindre problème ! Seul bémol, en position debout, la double sortie d’échappement proéminente gêne la jambe droite, l’obligeant à trop s’écarter du réservoir. Seule solution, fléchir les genoux vers l’avant, mais la position devient alors bien plus fatigante. D’ailleurs, en parlant de l’échappement, je n’ai pas trouvé qu’il chauffait démesurément. Bien sûr, cela reste pondérer car les températures étaient de l’ordre de 15° en ce mois de novembre, mais en tous les cas, on lui pardonne d’avance les éventuels désagréments que cela pourrait représenter, tant ce double silencieux en position haute fait partie intégrante de son identité, signature visuelle par excellence des scramblers de la marque de Hinckley.

Au rayon des reproches, j’ai simplement été déçu de l’accueil réservé par la nouvelle selle. Bien que plus épaisse, elle m’a rapidement tanné le cuir de l’arrière-train, par ailleurs plutôt épais. Mais c’est vraiment histoire de lui trouver un défaut car le caractère joueur du scrambler amène bien du plaisir.

Au final, j’ai découvert une moto pétillante, hyper adaptée au quotidien, bien entendu parfaite pour les débutants, du fait de sa faible hauteur de selle et de ses assistances bienveillantes, mais aussi et surtout pour vous emmener du point A au point B avec une énorme dose de plaisir. Et si possible avec le maximum de détours. Le slogan “Triumph, for the ride” n’aura jamais aussi bien porté son nom. Quelque soit la destination, vous aurez le sourire aux lèvres en arrivant.

Prix 12'140.- CHF (+ 360.- CHF pour la peinture bicolore)

Disponibilité mi-janvier 2019

Le kit Urban Tracker :

  • Une sacoche résistante de 25 L et son kit de montage
  • Des silencieux Vance & Hines
  • Un bouchon de réservoir d'huile noir usiné sur machine CNC
  • Un renfort de guidon noir
  • Un kit de plaque porte-numéro
  • Une selle côtelée noire typée café racer
  • Un kit de barre de protection noire
  • Une grille et un cuvelage de phare
  • Un garde-boue avant surélevé
  • Un kit de sabot moteur

Mathias

Au final...

On a aimé :
+
Moteur vivant
+
Sonorité flatteuse
+
Facilité de prise en main
+
Look soigné
On a moins aimé :
-
Selle toujours dure
-
Position debout sur le terrain
-
Projections sur route humide
AcidTracks 2019 - Organisation de sorties pistes

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Au final...

On a aimé :
+
Moteur vivant
+
Sonorité flatteuse
+
Facilité de prise en main
+
Look soigné
On a moins aimé :
-
Selle toujours dure
-
Position debout sur le terrain
-
Projections sur route humide

Fiche technique

Véhicule
Marque :
Triumph
Modèle :
Street Scrambler
Année :
2019
Catégorie :
Routière
Moteur
Type :
Bicylindre parallèle, angle de vilebrequin de 270°, ACT simple, 8 soupapes
Cylindrée :
900 cm3
Refroidissement :
Liquide
Alimentation :
Injection électronique multipoint séquentielle
Performances
Puissance max. :
65 ch à 7500 tr/min
Couple max. :
80 Nm à 3200 tr/min
Transmission
Finale :
Chaîne à joint torique
Boîte :
5 rapports
Embrayage :
Embrayage assisté multidisque à bain d'huile contrôlé par câble
Partie cycle
Châssis :
Double berceau tubulaire acier
Suspension AV :
Fourche KYB de 41 mm avec cartouche d'amortisseur
Course AV :
120 mm
Suspension AR :
Double amortisseur KYB à précharge réglable
Débattement AR :
120 mm
Pneu AV :
100/90 R19
Pneu AR :
150/70 R17
Freinage
ABS :
Oui
Frein AV :
Simple disque de 310 mm, étrier fixe 4 pistons Brembo
Frein AR :
Simple disque de 255 mm, étrier flottant 2 pistons Nissin
Dimensions
Longueur :
2125 mm
Empattement :
1445 mm
Largeur :
835 mm
Hauteur de selle :
790 mm
Poids à sec :
198 kg
Réservoir :
12 litres
Coloris disponibles
Coloris :
Fusion White
 
Cranberry Red
 
Khaki Green et Matt Aluminium avec liserés Jet Black
Catalogue
Prix de vente :
CHF 12140.-
+360.- pour l'option peinture bicolore
En ligne :

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