Aspects pratiques
De ce côté-là, c’est du tout bon. La Kawa a été d’excellent compagnie et m’a fidèlement accompagné lors de différents reportages. Agréable surprise pour une moto si haute, elle se béquille vraiment facilement sur la centrale, sans forcer. La bagagerie d’origine a confirmé sa solidité en embarquant avec courage mon sac contenant mon appareil photo et mes lourds objectifs. A noter : vous y glisserez aisément deux casques pour peu qu’ils ne soient pas, comme le mien, des modulables en taille XXL. Les valises, de par leur forme biscornue, ne sont pas très logeables, malgré la présence bienvenue de sangles pour maintenir vos affaires à l’intérieur, l’ouverture se faisant latéralement. N’essayez pas de profiter discrètement de sa capacité d’emport pour aller chercher quelques cartons de vin chez le vigneron du coin, vous ne pourrez en embarquer qu’un seul, dans le top-case. Je le sais, j’ai essayé. Et on ne rigole pas ! De nuit, sur le chemin du retour, c’est l’occasion de tester l’éclairage, sur les routes forestières étroites parsemées de feuilles mortes. Déjà efficace d’origine, le faisceau s’élargit davantage avec l’enclenchement des feux additionnels à LED, et seule la différence de chaleur (ampoule classique sur le phare) peut perturber la rétine. Mais c’est du tout bon, et l’arrivée à l’étape de nuit ne devrait pas vous effrayer. Cela risque d’ailleurs souvent d’être le cas, car avec une consommation maitrisée (5,4l/100 durant l’essai) et un réservoir de 21l, l’autonomie théorique est largement supérieure à 350km. Pourquoi s’arrêter alors qu’on est si bien assis ?
Alors ?
Cette Versys tape dans le 1000. Je sais, c’est facile. Mais c’est pourtant le cas. Elle est non seulement rassurante, mais aussi sacrément plaisante. Une sorte de compagnon idéal, qui ne rechignera jamais à vous emmener à son bord, que ce soit pour vous rendre au boulot comme pour vous lancer dans un tour du monde. Et finalement, force est de constater qu’elle se pliera donc vraiment en quatre pour son pilote, ce qui n’est donc pas qu’une simple allusion à son moteur. Kawasaki rend une copie proche de la perfection. Une ligne agréable et flatteuse, un petit air racing, un moteur souple et puissant, une boite douce et un équipement très complet pour un prix ultra compétitif. Voilà un ensemble diablement efficace sur petite route sinueuse comme en voyage au long cours. Seulement… il manque quelque chose. Si je n’ai rien à lui reprocher de précis, je n’ai pas retrouvé ce petit truc en plus qui me fait tant aimer une moto. Un peu plus de passion, un peu plus de folie, juste pour déclencher un coup de cœur. A force de vouloir faire le grand écart pour satisfaire tout le monde, j’ai l’impression que la Versys y a perdu une partie de son âme. Mais justement, m’sieur Kawa ! C’est une sacrée bonne moto que vous avez là, et le fait d’y avoir mis un quatre cylindres est une vraie bonne idée. Alors pourquoi ne pas aller encore plus loin et mettre le moteur de la H2 là-dedans ? Une sorte d’hyper-trail avec un de ces designs tranchés dont vous avez le secret. Bien sûr, la simplicité passerait à la trappe… mais imaginez seulement quelle petite bombe ce serait !