Quel pied on prend au guidon de ces brêles ! On en a pour tous les goûts et chacune a son caractère et ses points forts, comme ses points faibles. Ou presque.
Rayon moteur, ça dépote carrément. On ne présente plus le trois cylindres 1050cm3 de la Speed Triple RS, qui est un régal d’onctuosité, d’allonge et de caractère bien rond. Avec désormais 150 chevaux, il peut rivaliser avec les roadsters les plus énervés. La MT-10 n’a guère plus besoin d’introduction non plus. Magie du calage crossplane, le 4 en ligne propose un couple gargantuesque qui arrache l’avant au sol jusqu’en 3e, en vous propulsant à des vitesses stratosphériques. Un truc bien sale !
De la saleté, la Monster 1200 S en propose aussi : le twin italien râcle et cogne à bas régimes, avant de partir dans un grondement vraiment bandant vers la zone rouge. Débordant comme une calzone bien garnie, le 1200cm3 envoie toute la sauce et il faut blinder ses tripes pour résister à l’expérience. La Z1000R est un vrai quatre-pattes à l’ancienne : très lisse à bas et mi-régimes, avec un couple satisfaisant, il change de visage et de sonorité haut dans les tours, sans apeurer son pilote. Sans bride électronique, on profite à fond d’un moteur très, très exploitable à défaut d’être aussi sensationnel que la concurrence.
Les aides électroniques paramétrables en tout sens, c’est désormais un must et nos machines, à part la Kawa’, ne s’en privent pas. Problème : on se perd carrément dans les menus peu intuitifs de la Ducati, dont l’ABS est d’ailleurs bien trop intrusif malgré un freinage et un train avant de feu. On hésite à tout couper sur la MT-10, en sachant qu’on aura alors affaire à une vraie bête sauvage qui gigote dans tous les sens à cause de suspensions très, voire trop souples. Un petit réglage sera le bienvenu. Sur la Speed, on se régale, avec un paramétrage plutôt aisé des assistances et on regrettera simplement que le shifter soit en option, tellement il parachève la sportivité du bestiau.
Des bestiaux qu’on se plaît à malmener et qui permettent de rouler vite… très vite. Première à débouler, la Triumph met pour moi tout le monde d’accord. Extraordinairement homogène et très, très performante, la Speed Triple RS ne fait qu’un avec vous et assure en toutes circonstances. Mention spéciale à la motricité, excellente, qui permet d’envoyer très tôt les watts. Derrière, la Monster se défend bien, grâce à une bonne agilité et une vivacité vraiment appréciable. Dommage qu’on ait l’impression d’avoir les mains sur l’axe de roue avant : le ressenti est presque trop immédiat et on cherche parfois ses marques. Derrière, c’est chaud entre la MT-10 et la Z1000. La première se bat avec des suspensions et un freinage, au feeling spongieux, pas à la hauteur. La seconde reste la machine la plus âgée du comparo et ne peut dissimuler son poids aussi facilement que ses concurrentes. Intuitive et stable, elle reste toutefois un bel outil qu’on aime emmener à l’attaque.
Personnellement, je lui ai tout pardonné au moment d’aller taper un ou deux wheelings, bien droits et bieeeeeen longs, sans forcer, pendant que les collègues en étaient encore à débrancher leurs TCS et autres anti-wheelings… L’ancienne les salue donc bien… haut, et prend sa petite revanche dans l’exercice. A noter que la Speed n’est pas en reste et qu’elle profite surtout de la moindre bosse pour vous proposer un petit numéro d’équilibre… hmmm ! Si la Ducati n’est pas la plus évidente, surtout le temps de supprimer les castratrices assistances, elle se plie à l’exercice sans trop broncher. Quant à la MT-10, il faut simplement se faire à l’idée que quasi tous vos dépassement se feront sur une roue, tant l’avant aime aller se promener au-dessus des rétroviseurs des collègues. Sale bête !
Vous l’aurez compris, nos quatre roadsters nous ont filé la banane et ont réveillé les imbéciles heureux qui sommeillent en nous. Du fun, du gros gaz et encore du fun, c’est le menu proposé par ces bolides. Mention spéciale à la Speed Triple RS pour son efficacité globale, au-dessus du lot ; ainsi qu’à la Z 1000 R, pour m’avoir offert le plus beau wheeling de ma courte expérience sur une roue.