Les étriers radiaux Nissin à quatre pistons semblent pouvoir stopper un immeuble en chute libre et se chargent de coller les parties sensibles de votre anatomie au réservoir, très fin au demeurant. Le feeling au levier frise la perfection et l’on dose facilement la puissance, pendant que l’ABS déconnectable veille au grain. Les suspensions entièrement réglables assurent une stabilité ahurissante dans les phases de freinage et n’auront nécessité aucun tour de clé durant l’essai.
Mais ce serait quand-même nettement moins drôle de devoir prendre ses virages droit comme un « i » avec un tel châssis. C’est pourquoi le feeling parfait du train avant et l’agilité de la Triumph permettent la plupart du temps de conserver une vitesse stratosphérique en virage. La moto plonge littéralement dans les courbes et profite d’une garde au sol insondable pour conserver son élan. On ouvre en grand pour s’extraire de ladite courbe comme on y est entré, en profitant de l’excellente motricité de la machine. Sur simple demande, la roue avant va même titiller le ciel avant le prochain virage.
Les Pirelli Diablo Rosso Corsa encaissent sans broncher tout ce qu’on leur inflige et la Street’Rx aussi. Un véritable effet Axxe : plus on en met, plus on en a ! Seules les températures encore fraîches ont permis à l’ABS de parfois se manifester au freinage. La machine semble pouvoir changer d’angle toujours plus facilement, accélérer toujours plus tôt et aller toujours plus vite. Il faudra aller chercher une quelconque limite sur circuit, où certaines sportives pourraient en prendre pour leur grade…
Le plus dur sera de s’arrêter de s’amuser au guidon de ce méchant jouet. Le confort dû à la position relativement droite invite à prolonger les sorties alors que le séant se voit plutôt bien loti sur long trajet. Seuls les genoux, bien pliés, pourront demander grâce. L’éventuel passager sera sans doute parti en courant à la vue du ridicule strapontin qui lui est dévolu. Heureusement, un joli dosseret de selle est livré d’origine et les cale-pieds arrière se démontent en un rien de temps. Une vraie machine d’égoïste !
La Triumph Street Triple Rx pousse encore plus loin ses orientations sportives. D’un comportement à la fois sans faille et terriblement fun, elle est un vrai outil pour tailler la route, au sens géométrique du terme. Plus orientées trajectoires et arsouille saignante que métro-boulot-dodo, elle s’avère pourtant exploitable au quotidien et (presque) adaptée aux novices.
Triumph signe avec cette édition spéciale une machine vraiment aboutie et désirable (on l'achèterait rien que pour sa nouvelle coque arrière). Une certaine quadrature du cercle, avec un penchant résolument sportif. Très, très sportif. On vous laisse, les pneus refroidissent…