Alors que jusqu’à présent, le trajet s’est essentiellement déroulé à vitesse constante, sur autoroute notamment, c’est enfin l’occasion de tomber quelques rapports et de rouler plus agressivement. Chargée à bloc, la Caponord Rally fait fi de son surpoids et maintient son assiette horizontale et haut perchée. On notera toutefois que le coup de rein à donner pour la mettre sur l’angle est à peine plus énergique qu'en configuration "solo sans bagage".
Une fois l’aiguille du compte-tours affichant les mi-régimes, le bicylindre italien se fait entendre. Clapet de la ligne d'échappement ouvert, il distille de belles vocalises caverneuses. A ce moment, je ne peux résister à l’idée d’essorer la poignée des gaz. Broooooooap ! Vigoureusement, le moteur tracte dans une ambiance sonore rythmée par un staccato typiquement latin. J'adore et ne m'en lasse pas.
Je me plais à rouler à bas régime en profitant de sa douceur comme à mi-régime en jouant du gros couple disponible à la moindre rotation de la poignée des gaz. Contrairement aux settings-moteur lors de la commercialisation de la Caponord en 2013, le bicylindre est maintenant plein à tous les régimes et les accélérations sont franches et sans trou (ndlr : baisse momentanée de l'accélération). Un vrai régal ! Les 125cv annoncés sur la fiche technique sont bien présents et, en termes de sensations, on pourrait s'imaginer qu'il y en a bien une vingtaine de plus.
Quand on augmente le rythme et que l'on brusque la partie-cycle, je constate aisément le travail de la suspension semi-active. Que ce soit en accélération, à vitesse constante en roulant sur des surfaces dégradées ou encore en freinage appuyé, la fourche et l'amortisseur arrière travaillent de concert pour stabiliser un maximum l'assiette longitudinale de la moto. En permanence, l'amortissement est corrigé, tantôt dur, tantôt ferme, pour un ressenti identique. En selle, ceci se traduit par un gain de confort pour les deux occupants mais surtout par un gain de performances en conduite dynamique.
J'ai également apprécié son freinage Brembo très puissant. Ne manquant de mordant en aucune situation, le freinage s'est également distingué par un excellent feeling. Que la moto soit chargée ou que je roule en solo, les doubles disques de 320mm de diamètre à l'avant suppléés par le simple disque de 240mm à l'arrière n'ont pas failli à leur mission et ont fait preuve de constante grâce à l'adoption de durites aviation. Lors de gros freinages, sur des routes en descente notamment, j'ai apprécié la suspension semi-dynamique ; là encore, la fourche compense l'effet de bascule pour une meilleure stabilité et plus de précision. Confier le freinage à Brembo est la garantie de prestations de premier ordre, peu importe la vocation de la moto.
En usage sportif, la route entre Tortoli et Cala Gonone s'y prêtant particulièrement, la Caponord Rally démontre ses capacités dynamiques. Les trails concurrents auront fort à faire face à l'Italienne. Ne manquant jamais de patate pour s'extraire des virages serrés, elle saura aussi tenir la dragée à bon nombre de sportives anémiques à bas régime. Sans parler des puissantes vocalises du twin qui contribuent aux sensations, j'éprouve un plaisir intense au guidon de la Caponord Rally. Ma passagère, elle, suit le mouvement sans gémir ; hormis lors des freinages de trappeur et les réaccélérations musclées, elle n'est pas trop transbahutée. Une fois de plus, la suspension semi-active montre tout son intérêt, bien que très discrète dans ses interventions.
Et lorsque le temps de la balade est venu, le long de la côte ouest de la Sardaigne, entre Fontanamare et Buggerru ou entre Alghero et Bosa par exemple, je profite de la rondeur du bicylindre pour emmener ma passagère (et ses nombreux bagages!) dans un confort quasi-royal. La selle présente le "juste" moelleux, ni trop souple ni trop ferme ; sa largeur est également généreuse afin d'éviter tout cisaillement sous les cuisses. Il est possible de rouler près de deux heures non-stop sans ressentir des douleurs. Et, sans mettre en charge le moteur, à vitesse constante, l'échappement se montre très discret, la valve étant fermée ; sur de longues distances, on apprécie. Naturellement, nous n'avons pas le confort d'une Honda GoldWing (suprême dans son domaine!), mais la Caponord Rally offre un confort généreux au vu de ses aptitudes sportives.
Le retour sur le continent s'est déroulé dans les mêmes conditions que lors du trajet aller, départ du port d'Olbia en soirée pour arriver le lendemain matin à Gênes.
Comme il nous restait un peu de temps avant l'heure du check-in, nous en avons profité pour faire un détour sur la Costa Smeralda (Côte d'Emeraude en français). L'eau de la mer est cristalline et le sable presque blanc. On observe de superbes jeux de couleurs...
Au port, le contrôle douanier m'a coûté quelque € 20.- car la plaque d'immatriculation du véhicule ne correspondait à celle indiquée sur le ticket de transport de la moto... Eh oui, au moment de la réservation du ferry (en février), je ne pouvais pas connaître l'immatriculation de la moto que j'aurais pour le voyage... Les douaniers sardes seraient-ils alors plus rigoureux que leurs homologues italiens ?
Enfin, après cet instant d'énervement, nous embarquons à bord du ferry. Rapidement, les amarres sont larguées et nous prenons le large en contemplant un magnifique couché de soleil.
Depuis Gênes, nous avons traversé la Ligurie d'est en ouest pour rejoindre Nice. Nous avons pris le repas de midi sur la Place Garibaldi... l'ambiance respire le Sud ! Aucun doute !
Puis, notre prochaine étape nous a menés à Castellane, nous y connaissons une excellente adresse pour les fins gourmets que nous sommes (Auberge du Teillon à La Garde).
Le lendemain, nous mettons le cap sur Annecy. Comme nous sommes encore tôt dans la saison (début avril), nous devons renoncer à la Route des Grandes Alpes au profit de la Route Napoléon, sans omettre une incartade par les Gorges du Verdon, rive gauche et droite.
Nous passons la dernière nuit de notre voyage à Annecy. Nous n'avions jamais visité cette ville qui ne manque pas d'attrait, pourtant pas très éloignée de notre région de domicile.
Le chemin du retour emprunte le col des Aravis, le Cormet de Roselend, le Petit et le Grand Saint-Bernard... De somptueux paysages défilent à chaque kilomètre parcouru.
L'Aprilia Caponord Rally m'a vraiment convaincu. Dotée d'un grand charisme, je ne me suis pas lassé de flâner par monts et vaux avec mon sac de sable préféré ou d'arsouiller égoïstement sur les routes sardes. Elle n'a pas à rougir de ses capacités dynamiques, ni de son fougueux moteur, face à la concurrence. Le constructeur de Noale a fait fort et lance un pavé dans la mare des maxi-trails.
Tenté par une course d'essai et peut-être plus si affinités ? Ne tardez pas à vous rendre chez le concessionnaire Aprilia le plus proche !