Dès que l'on donne un coup de gaz, toute la moto vibre de partout et transmet l'inertie du boxer. On verrouille le premier rapport en une légère impulsion du pied gauche. Bien que la NineT se donne des airs de moto virile, il n'en est rien lorsque l'on décrit ses commandes. Tout est doux et assisté, de l'embrayage hydraulique au levier de vitesse.
Puis, il suffira de relâcher l'embrayage pour s'en aller. Des vibrations, il y en a et il en faut ! Le boxer cogne bas dans les tours mais ne rechigne pas à tracter de tout son souffle. Cependant, il préférera être exploité au-delà de 2'000tr/min. Aux régimes d'utilisation politiquement convenable et dans le respect de l'environnement, la balade est agréable et l'ambiance à bord est bon enfant. On vit au rythme du twin qui répond aux moindres sollicitations de la poignée de gaz. On se baladerait des heures durant avec pour seule préoccupation le niveau du réservoir d'essence, qui, à ce rythme, se vide en moins de cinq litres pour cent kilomètres parcourus.
Et s'il faut que le rythme augmente, on peut compter sur le très rigide cadre en tubes d'acier ainsi que sur l'excellente partie-cycle. Pour rappel, la fourche est une version simplifiée de celle équipant la supersportive S1000 RR. Quant à l'amortisseur arrière, c'est un Paralever dont la détente et la précontraite sont réglables, cette dernière l'étant grâce à une molette. La direction bénéficie aussi d'un amortisseur ; indispensable avec une telle largeur de guidon. Et pour freiner les 222 kilos (tous pleins faits) de la Bavaroise, on retrouve de puissants freins Brembo à fixation radiale. Il s'agit des freins de la tonitruante S1000 RR, autant dire qu'ils n'ont rien de rétro ! Feeling et puissance extrême sont au rendez-vous. Gaffe aux premiers freinages, même si l'ABS veille au grain !
La maniabilité est de haut niveau. La position de conduite, le large guidon, l'empattement court ainsi que l'architecture-moteur contribue largement à la maniabilité de la machine. Peu importe la situation, à haute vitesse, en courbe, dans les enfilades, la R NineT fait preuve d'une grande stabilité et d'un comportement dynamique sportif.
Le moteur est un monument à lui seul. Peu jouissif sur d'autres montures, il faut avouer qu'il se révèle pleinement avec la R NineT ! Il ne se distingue pas spécialement par sa puissance, mais plutôt par son couple. Sa courbe de couple présente deux creux, l'un à 4'500 et l'autre à 5'500 tr/min. A partir de ces régimes, il gratifie de belles envolées et ne s'essouffle qu'à l'arriver de la zone rouge vers 8'000tr/min. Coupleux, vivant par ses vibrations, sonore grâce à l'échappement, le boxer à refroidissement air/huile sied parfaitement à la R NineT et forme le couple idéal.
Et comme il est dépourvu de toute assistance, il faudra se montrer prudent à la réaccélération. Durant notre essai, la roue arrière s'est dérobée plus d'une fois en sortie (musclée!) de courbe... Amusant, certes, mais il faut garder à l'esprit que l'accélérateur sera à doser avec minutie lorsque le revêtement se dégrade ou lorsque l'humidité s'invite. Aussi, en l'absence d'embrayage anti-dribble et lors des freinages de trappeur, il était fréquent que la roue arrière laisse de belles traces de gomme sur la chaussée... On a aimé sentir l'arrière se dandiner !