Quelques kilomètres plus tard, la sortie d'autoroute. Il suffit de tomber les rapports un à un pour que la moto ralentisse accompagnée du "ronron" agréable du twin. Le frein-moteur est important et permet de freiner la moto sans devoir systématiquement user la commande de freins.
Il est temps de s'attaquer aux virages, terrain de prédilection de la belle Italienne. Bien qu’elle soit conçue pour tailler de longues distances, il ne faut pas oublier que les gênes de la Dorsoduro l’habitent. Tirer sur l’embrayage, tomber deux à trois rapports, se trouver dans la fourchette de régime optimal, ouvrir les gaz en grand, … sous le casque, c’est un grand sourire assuré !
Il suffit d’approcher le premier virage pour constater que le freinage est à l’italienne, puissant et d’une précision chirurgicale. L’attaque est excellente, tout comme la progressivité et donc le feeling. C’est sans surprise que les étriers de freins Brembo assurent leur prestation avec brio !
Au moment de la jeter dans le virage, on se rend compte que la Caponord n’est pas une sportive ultra vive. Tout en rondeur et en douceur, c’est le large guidon qui impose les trajectoires. Elle n’apprécie pas les brutalités. Au contraire, elle préfère les belles trajectoires. Une légère pression sur le guidon et le regard fait le reste. Les Dunlop Qualifer II lui confèrent une belle stabilité sur l’angle. Et le moment venu, leur excellent grip assure la relance et gère sans broncher l’avalanche de couple du twin. Les motards les plus téméraires s’amuseront à dessiner des bananes de gomme à chaque sortie de virage… Entre l’efficacité du contrôle de traction et le grip des gommes, même les novices prendront leur pied sans appréhension !
Ce n’est qu’en duo et chargée que la Caponord digère mal les imperfections de la route, et pourtant la suspension était bien réglée en fonction de l’utilisation souhaitée de la moto. Le système de suspension, bien que bardé de technologie et d’électronique, peine à lire la route. En conduite sportive, les courbes au revêtement dégradé ont provoqué le frottement des cale-pieds et surtout des louvoiements guère agréables. Cent vingt kilos de charge sont déjà trop pour les suspensions… Il faut être en solitaire pour apprécier la Caponord !
Sur les longues distances, l’Aprilia est une bonne partenaire. Confortable, performante, facile à rouler, user de la gomme durant tout un week-end, même prolongé, est un exercice agréable que l’on réitérerait plusieurs fois dans l’année. Hormis une consommation en carburant un poil élevée en regard des concurrentes (plus de 6 litres pour 100 kilomètres parcourus), le moteur s’est montré très plaisant à régime stabilisé comme en conduite sportive. Quant au confort général, la Caponord soigne ses occupants sans exagérer. Elle ne renie pas ses origines sportives, ne l’oublions pas !
Dans le cadre d'une utilisation en duo, le passager pourrait regretter l'absence d'un top-case au catalogue des accessoires d'origine. Par contre, la position de conduite, le confort de la selle et la présence de larges poignées de maintien ont largement contribué au plaisir du passager. Aussi, vous remarquerez que le champ de vision est excellent grâce au positionnement surélevé de la selle ; idéal pour anticiper les freinages et autres évènements rencontrés durant le voyage.
Dans tous les cas, cette Aprilia est une moto à essayer si vous cherchez un trail routier de caractère. La Caponord est une Italienne à vocation sportive, c’est sa force !