Même si ce n'est pas sa vocation ni son terrain de jeu idéal, je me lance parmi la faune urbaine. Le passage du premier rapport demande une forte pression sur le sélecteur. Virile, la boîte de vitesses ! Les premiers mètres se font toujours avec une certaine appréhension en regard du gabarit et du poids de l'engin. Elle en impose !
Une fois dans le flot de circulation, la moto se conduit avec aisance pour autant que vous restiez à votre place.
Bien que la Switchback se manie assez facilement une fois les 20km/h dépassés, sa largeur pénalise l'épreuve du gymkhana. Il est ainsi préférable d'attendre sagement dans la file, entre les boîtes à roues. De plus, comme tout moteur à refroidissement air/huile, les remontées de chaleur sont importantes et peu agréables par météo estivale. Aussi, il m'a été difficile de trouver le neutre de la boîte de vitesses... peut-être dû à la jeunesse de la machine (seulement 900km) ?
Plutôt que de perdre du temps à traverser Genève pour rejoindre un bout de campagne, je décide d'emprunter le long ruban pour m'extraire rapidement de la jungle urbaine. Une fois lancé, le 1'690cc équipé d'une boîte à six rapports, se montre très volontaire et offre de bonnes accélérations pour autant que vous puissiez aller de bout en bout de la poignée des gaz.. La course est exagérément longue, ce qui à l'usage est rapidement fatiguant. Heureusement, Harley-Davidson a équipé la poignée d'un stabilisateur de vitesse manuel, réglable via une simple mais efficace molette. Cruiser à 120km/h ne posera donc aucun problème pour autant que vous ayez installé le pare-brise. Le poids de la moto assure une stabilité exemplaire dans cet exercice autoroutier. La large et épaisse selle filtre parfaitement les vibrations du moteur.
Les trajets autoroutiers sont pratiques pour les déplacements rapides et "utilitaires" d'un point A à un point B. C'est tout ! Les motards eux, ils aiment les routes sinueuses des cols, les routes de campagne, là où ça bouge à gauche, à droite.
Le trajet choisi m'aura fait partir du côté de Bellegarde, puis Lélex, les Rousses, pour redescendre par le célèbre col de la Faucille. La boucle mesure environ 120km et se compose de routes en plus ou moins bon état et de courbes qui mettront sans aucun doute les suspensions de cette Switchback à rude épreuve.
Position de conduite plutôt décontractée, pieds en avant, guidon relevé, le trajet est agréable. Le moteur offre toujours une excellente louche de couple (126Nm) très bas dans les tours, ce qui permet d'enrouler et de rester sur les derniers rapports. Les premiers virages serrés approchent, je tombe deux rapports, empoigne le levier de frein avant et là je me rends compte que je suis un poil optimiste. La fourche s'enfonce et montre son côté grand confort, alors que le simple disque avant a bien du mal à freiner les 330kg de la bête et mes 85kg. Heureusement, le frein arrière ralentit l'ensemble avec bien plus d'efficacité que son frangin de devant.
Le premier virage passé, s'en suivent de nombreux enchaînements de virages. Je resterai donc sur le second rapport. Chaque virage serré me rappellera que la garde au sol est insuffisante pour espérer suivre la concurrence japonaise, et c'est bien dommage, car la moto est très bien équilibrée, alliant agilité et légèreté dans cet exercice.
Que ce soit à gauche ou à droite, les repose-pieds en prennent pour leur grade en hurlant telle une crécelle. Si vous envisagez de longs voyages, il vous faudra prévoir des boulons de rechange afin de ne pas voir vos repose-pieds chromés fondre comme neige au soleil, usés par l'asphalte bien rugueux des cols de montagne.
De retour sur route rectiligne, la moto se trouve à nouveau dans son élément de prédilection et permet à nouveau de cruiser et de rêver aux routes du pays de l'Oncle Sam, larges, longues et bien droites...
Un arrêt dans la station du coin me fera constater que ce nouveau bloc offre de bonnes performances pour une consommation raisonnable avec un peu moins de 6.5 litres pour 100km parcourus, le tout sur nationales et routes de montagne. Un autre arrêt me rappellera également que le chrome, c'est beau, mais qu'il faut être sacrément maniaque si l'on souhaite le garder rutilant comme au premier jour. Heureusement, de nos jours de bons produits existent !